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Pierre Gramegna part sur un dérapage verbal
Luxembourg 3 min. 11.01.2022 Cet article est archivé
Polémique

Pierre Gramegna part sur un dérapage verbal

L'ex-ministre des Finances a toujours défendu l'honorabilité de la Place financière envers et contre tous.
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Pierre Gramegna part sur un dérapage verbal

L'ex-ministre des Finances a toujours défendu l'honorabilité de la Place financière envers et contre tous.
Photo : Guy Jallay
Luxembourg 3 min. 11.01.2022 Cet article est archivé
Polémique

Pierre Gramegna part sur un dérapage verbal

Patrick JACQUEMOT
Patrick JACQUEMOT
Tout juste retiré de ses missions gouvernementales, l'ex-ministre des Finances a eu des mots "durs" sur le travail des journalistes autour des révélations LuxLeaks.

Samedi, au micro de RTL, celui qui a tenu les cordons de la bourse du Luxembourg pendant huit ans, a-t-il bien mesuré ses mots? Toujours est-il que celui qui vient d'être remplacé par Yuriko Backes au poste de ministre des Finances n'a pas ménagé la presse dans ses commentaires. Et Pierre Gramegna (DP) d'attaquer les médias sur le traitement du scandale LuxLeaks révélé en 2014. Selon lui, le travail des journalistes dans cette affaire représentait rien moins que «probablement la plus grande, entre guillemets, attaque contre le Luxembourg depuis la Seconde Guerre mondiale». Rien que ça.


L'affaire LuxLeaks
L'optimisation fiscale génère de multiples scandales financiers. Ces montages permettent à des multinationales de payer le moins d'impôts possible. Ils ont été dénoncés par des lanceurs d'alerte.

Une pique qui n'a pas fait sourire l'Association luxembourgeoise des journalistes professionnels. Mardi, l'asbl présidée par Roger Infalt a donc réagi à ces propos, estimant que la comparaison faite relevait de «l'absurdité». N'en déplaise au politicien libéral mais mettre à jour les accords fiscaux particulièrement avantageux passés entre plusieurs centaines de clients internationaux et l'administration fiscale n'avait ainsi rien d'un acte belliqueux contre le Grand-Duché. 

D'où ce rappel adressé à celui qui a choisi de quitter ses fonctions gouvernementales en ce début d'année : «Journalistes et lanceurs d'alerte travaillent pour une démocratie transparente, ouverte et juste. Les présenter comme des ennemis dans ce contexte révèle un profond malentendu sur leurs exigences et objectifs». D'ailleurs, se rappelant ces pratiques rendues publiques notamment via le lanceur d'alerte Antoine Deltour, Pierre Gramegna lui-même reconnait que le pays était alors bien le «paradis fiscal» dénoncé. «Révéler ces problèmes était et reste d'une importance capitale pour la formation de la démocratie au Luxembourg», estime donc l'ALJP. 

Concernant d'ailleurs ce rôle d'investigation et d'alerte des médias et des particuliers, l'association des journalistes professionnels se félicite du travail entamé à la Chambre. Ainsi, les députés étudient-ils actuellement un projet de loi. Ce texte, déposé lundi par la ministre de la Justice, permettra au Grand-Duché de ratifier une directive européenne (vieille de deux ans) sur la protection des lanceurs d'alerte. Ces derniers pouvant être aussi bien, stipule le texte, des journalistes, des syndicalistes et autres hommes et femmes.


Roi, politiques et stars pointés par les «Pandora Papers»
De nouvelles révélations sur l'évasion fiscale viennent de sortir via un consortium international de journalistes. Y sont pointés certains investissements de personnalités comme Shakira, plusieurs dizaines de ministres ou présidents, Dominique Strauss-Kahn, etc.

Aux yeux des législateurs, ces derniers sont ainsi à considérer comme des «facilitateurs» de la vérité, et non des soldats attaquant telle ou telle institution. Et l'ALJP de clore son communiqué par ces deux espoirs. Primo «que la déclaration de l'ancien ministre des Finances appartienne désormais définitivement au passé». Secundo que cette reconnaissance du rôle de ceux qui relèvent des pratiques publiques douteuses soit protégée et profite notamment à Raphaël Halet qui avait participé à la révélation des faits LuxLeaks auprès d'un journaliste. 

Cet ex-employé du cabinet d'audit luxembourgeois PWC doit prochainement être entendu par la Grande Chambre de la Cour européenne de justice. Il souhaite dénoncer sa condamnation pour avoir fourni à la presse des documents internes trahissant l'ampleur du ruling fiscal organisé.

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