Paulette Lenert porteuse d'espoir pour le LSAP
Paulette Lenert porteuse d'espoir pour le LSAP
Paulette Lenert sera-t-elle la première femme Première ministre du Luxembourg? Son parti, le LSAP, l'espère et se réjouit que la femme politique ait dit «oui» vendredi, lors de sa réception du Nouvel An, après avoir longuement hésité à se porter candidate à la tête du parti. Le congrès du LSAP, qui aura lieu après les élections communales, sera l'occasion d'un vote officiel - c'est ce que prévoient les statuts.
Les moments forts de Paulette Lenert ont notamment été les nombreuses conférences de presse qu'elle a données pendant la pandémie de covid-19. Aux côtés du Premier ministre Xavier Bettel (DP), elle a toujours fait preuve de calme, de sérénité et d'objectivité. Car c'est aussi à elle qu'il incombait de faire connaître l'évolution de la situation sanitaire sur la base de laquelle le gouvernement avait pris ses décisions. Elle maîtrise la situation et n'est pas une has been, c'est ce que sa manière de faire transmettait.
Le fait que les conférences de presse aient été diffusées en direct en streaming et qu'elles aient été suivies avec assiduité, surtout durant le confinement, a sans doute aussi contribué à sa notoriété. Même après la pandémie, elle est restée à la une de l'actualité avec des dossiers comme l'IRM, la mise en place de structures ambulatoires, ou encore la fermeture de la maternité d'Ettelbruck.
Aux côtés du Premier ministre Xavier Bettel (DP), Lenert a toujours donné une impression de calme, de sérénité et d'objectivité.
Cette nouvelle venue, que Dan Kersch (LSAP) a fait entrer au gouvernement en 2013 en tant que fonctionnaire dans son ministère de la Fonction publique, aime se montrer modeste et avoue volontiers quand elle ne sait pas quelque chose. C'est précisément ce qui plaît aux électeurs, le fait qu'elle soit si rafraîchissante et apolitique suscite la sympathie - on peut s'identifier à elle.
Une ascension fulgurante
La ministre de la Santé est généralement considérée comme empathique et travailleuse. Elle décrit elle-même ses points forts comme le fait d'être déterminée, d'aborder les sujets avec une certaine objectivité et de garder son calme dans les situations difficiles, ce qu'elle a appris à faire. Elle aime travailler en équipe et ne pense pas de manière hiérarchique. Pour elle, le pouvoir n'est pas une fin en soi et elle se sent également à l'aise en deuxième ligne.
Sur le plan thématique, la simplification administrative lui tient à cœur, de nombreux problèmes découlant de procédures trop longues. Elle en ferait sa priorité en tant que Première ministre. On aurait attendu d'une socialiste qu'elle s'occupe de la justice sociale. Cela montre qu'au fond, elle considère encore la politique du point de vue d'un haut fonctionnaire. De nombreuses voix s'élèvent pour dire qu'elle n'est «pas encore entrée dans le monde politique» et qu'elle ne le connaît pas encore vraiment. En tant que Première ministre potentiel, elle aurait sans doute besoin d'un accompagnement pour surmonter les pièges et s'imposer.
Numéro 1 incontestée
Sa popularité en tant que «mère de la nation» se maintient jusqu'à aujourd'hui et lui vaut depuis près de trois ans la première place du Politmonitor, avec des valeurs de compétence et de sympathie avoisinant les 90%. Elle n'a fait que monter en flèche depuis que, trois semaines après son entrée en fonction le 4 février 2020 en tant que ministre de la Santé, elle a été confrontée à la gestion de la crise sanitaire.
À l'époque, hormis sa candidature aux élections communales de 2017 à Remich, cela faisait à peine un peu plus d'un an qu'elle était entrée dans la vie politique, puisque Paulette Lenert n'était pas candidate aux élections législatives d'octobre 2018. Elle a néanmoins obtenu une place au sein du gouvernement en tant que ministre de la Coopération au développement et ministre de la Protection des consommateurs. En tant que telle, cette grande inconnue occupait encore l'avant-dernière place en tant que 34e dans le Politmonitor d'octobre 2019. Depuis juillet 2020, elle y est le numéro 1 incontesté.
Elle est considérée comme la «ministre des occasions manquées» par tous ceux qui espéraient un vent de fraîcheur dans le secteur de la santé.
Ce sont surtout ces sondages qui jouent un rôle lorsque le LSAP salue Paulette Lenert comme une «aubaine» pour le parti, d'autant plus que celui-ci a entre-temps perdu ses chevaux de bataille Romain Schneider et Etienne Schneider, alors très populaires. La popularité de la politicienne rejaillit en outre sur le parti, ce qui ne va pas de soi: avec Paulette Lenert comme tête de liste, on peut espérer, selon les sondages, obtenir 14 sièges, alors qu'avec un candidat comme Dan Kersch, on pourrait en obtenir au mieux dix. Le calcul est donc vite fait.
Des doutes sur sa capacité à s'imposer
Les rangs des partis politiques et des groupes d'intérêts auxquels elle a affaire dans le domaine de la santé émettent également des critiques: elle répond souvent de manière évasive aux questions posées au Parlement, elle prend les questions et les remarques critiques personnellement et réagit volontiers sur un ton vexé. Lorsqu'on l'attaque durement, elle devient chancelante.
«Elle n'empoigne rien, cela fait longtemps que la commission de la santé ne s'est pas réunie», entend-on de la part des députés, y compris ceux de la coalition. «Sa politique est pour nous une boîte noire. Nous ne savons pas ce qui va arriver». On nous fait en permanence miroiter des phrases telles que «nous y travaillons», «nous étudions encore la question», «nous sommes dans la dernière ligne droite». La colère vient aussi du fait que, contrairement à d'autres ministres, elle n'écoute pas les députés et ne leur donne pas de réponses, et que, sous la pression, elle donne parfois des informations qui ne sont pas correctes.
Malgré toute la compréhension qu'elle montre pour les problèmes et les solutions possibles, elle ne peut finalement pas s'imposer face aux idéologues et aux tireurs de ficelles de son parti, dit-on dans le secteur de la santé. La confiance initiale qui était placée en elle a été détruite parce qu'elle ne s'est pas attaquée aux défis du Gesondheetsdësch, et qu'elle prend souvent des décisions hâtives sur des problèmes connus depuis longtemps dans des situations d'urgence. Elle serait trop peu sûre d'elle et incapable de se donner une méthode.
Sa politique est pour nous une boîte noire - nous ne savons pas ce qui va arriver.
Un député sur la politique de Lenert
Elle est considérée comme la «ministre des occasions manquées» par tous ceux qui espéraient un vent de fraîcheur dans le secteur de la santé. Jusqu'à présent, elle n'est que très peu apparue en tant ministre de la Protection des consommateurs et elle a laissé les dossiers de la Sécurité sociale à son collègue de parti Claude Haagen.
On se demande donc si elle a l'étoffe d'une Première ministre: elle est l'exposant, mais ne contrôle pas le parti et laisse les autres prendre les décisions. Au fond, a-t-elle suffisamment d'ambition? Est-elle assez solide pour une campagne électorale difficile, elle qui n'a pas assez d'expérience de la politique face à certains de ses concurrents?
Cet article a été initialement publié sur le site du Luxemburger Wort.
(Traduction: Laura Bannier)
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