Passage en force sur la Maison du Grand-Duc
Passage en force sur la Maison du Grand-Duc
Mercredi, c'est dans la parfaite union nationale qu'étaient salués les vingt ans de règne du grand-duc Henri. Mais deux jours plus tard, voilà que le sort réservé à la monarchie constitutionnelle attise à nouveau les tensions. En cause, la réforme du Palais que souhaite imposer le gouvernement à la suite du rapport Waringo du début d'année. Et le CSV n'y va pas de main morte, reprochant au ministre d'Etat Xavier Bettel (DP) de traiter son altesse sans respect, et d'envisager une réforme du fonctionnement de la Cour de manière inconstitutionnelle et totalement inacceptable.
Mais ces critiques, évoquées ce vendredi matin par le président du parti d'opposition Frank Engel, remonté, le gouvernement ne semble pas les entendre. Pour preuve, ce 9 octobre, le conseil de gouvernement a bel et bien «adopté le projet d'arrêté grand-ducal portant institution de la Maison du Grand-Duc». Tant pis pour les chrétiens-sociaux qui rêvaient d'une loi, et que le Conseil d'Etat soit saisi des changements attendus dans la manière d'agir du Palais : il n'en sera rien.
Voilà donc un nouvel épisode tendu qui s'annonce. Sachant que l'année a déjà été marquée par diverses escarmouches entre Xavier Bettel d'un côté et la Cour de l'autre : le rappel que la Grande-Duchesse n'avait aucune fonction officielle, la nomination d'une nouvelle maréchale de la cour, des changements dans les plus hautes fonctions de l'organigramme au service de leurs majestés... Sans oublier cette volonté de mettre au pas la gestion financière du Palais.
Ainsi, à l'avenir, le budget de la monarchie se devra d'être «transparent, clair et précis». La Cour des comptes ayant compétence à apprécier la juste exécution du budget, et la bonne gestion des fonds publics accordés pour le Grand-Duc et les siens. Via la mise en oeuvre de la Maison grand-ducale il est aussi question de revoir le statut des personnels. Ceux-ci seront désormais rattachés à la fonction publique, et non plus sous contrat privé.
Autrement dit, c'est bien l'Etat qui veillera à leur intégration, formation, promotion. De quoi éviter toute ingérence dans la gestion des ressources humaines, comme cela avait pu être reproché à la grande-duchesse Maria Teresa. Ainsi, en juin dernier par exemple, le souverain avait dû faire machine arrière sur la révocation de son chef de cabinet, suite à l'intervention du Premier ministre. A l'avenir, le maréchalat (désormais dirigé par Yuriko Backes) deviendra de fait une administration étatique, composée de hauts fonctionnaires.
Si cette mue s'appliquera pas-à-pas, au fil des années, le CSV reproche à la réforme de ne pas avoir cru bon de s'appuyer sur l'avis du Conseil d'Etat ou de passer par l'approbation du Parlement. Totalement inacceptable dans un Etat de droit, répète Frank Engel qui pourtant estime, comme son parti, que la monarchie luxembourgeois nécessite «une modernisation» de ses usages «pour plus de transparence».
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