OpenLux vient jeter le trouble sur la Place
OpenLux vient jeter le trouble sur la Place
Le gouvernement luxembourgeois «prend note» et «réfute». Voilà la réaction on ne peut plus sobre faite, lundi matin, à la parution d'une série d'articles portant sur «de prétendues lacunes dans le dispositif anti-blanchiment du Grand-Duché». La nouvelle bombe se nomme OpenLux et a été dégoupillée par le journal Le Monde côté français. Elle porte sur le fonctionnement opaque de 55.000 sociétés offshore. Les auteurs font également un certain nombre d’affirmations non fondées concernant l’économie luxembourgeoise et la Place financière.
Pour fonder leur enquête, les journalistes sont notamment allés s'appuyer sur deux fichiers : le RBE et le RCS. Autrement dit le Registre des bénéficiaires et le Registre de commerce des entreprises. De quoi se faire une ''bonne" image de la réalité des 124.000 entreprises enregistrées au Luxembourg, et plus particulièrement des holding financières qui constituent un bon tiers des sociétés référencées. Un travail de titan où l'informatique a été sollicitée pour lier identité des propriétaires déclarés (une obligation) et nature des activités.
Un exercice qui, aux dires d'OpenLux, a non seulement permis de démontrer la présence au Grand-Duché de nombreuses «coquilles vides» (un nom, une adresse mais pas d'activité réelle) mais surtout de mesurer l'ampleur des flux financiers circulant via ces sociétés offshore (le plus souvent détenues par des étrangers, y compris 15.000 Français).
Défense, transparence
Il serait ainsi question de 6.500 milliards d'euros en 2019 ayant transité via le petit paradis fiscal que constituerait toujours le Luxembourg. Et encore, ce ne serait là que la partie visible de l'iceberg, les registres étudiés n'ayant pas collecté l'ensemble des données pourtant obligatoires à fournir.
Dès parution du premier article, lundi matin, le gouvernement luxembourgeois a émis un communiqué. Insistant sur le fait qu'«il n’existe pas de régime fiscal spécifique au Luxembourg pour les entreprises multinationales, ni les sociétés numériques». Et d'ajouter que le pays respectait «pleinement» les réglementations européennes et internationales en matière de fiscalité et de transparence, «et applique toutes les mesures communautaires et internationales en matière d’échange d’informations pour lutter contre les abus et l'évasion fiscales».
Pour sa défense, le gouvernement met lui en avant certaines avancées significatives. Comme le renforcement des effectifs et des actions de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) dont le nombre d'employés a doublé en sept ans, et les personnels dédiés à la lutte contre le blanchiment ont crû de 46% ces trois dernières années. Sans parler du fait que le pays se soit ouvert à toutes les enquêtes d'autorités en charge de vérifier sa probité en matière de respect de la réglementation fiscale.
Explications en ligne
Autre signe de sa supposée ''bonne foi«, le gouvernement met en avant le fait que les registres (utilisés pour l'enquête OpenLux) sont «transparents», fait rare en Europe. Autrement dit, l'ensemble des données auxquelles ont eu accès les reporters étaient accessibles, en ligne et gratuitement, «sans aucune restriction au public». Un registre des bénéficiaires qui, fin 2020, était complet «à 90%» selon le communiqué officiel.
Ce lundi matin, les ministres des Finances et de la Justice sont attendus à la Chambre pour donner quelques explications sur ce nouveau pavé dans la mare de la Place. Le gouvernement de son côté n'a pas hésité à mettre en ligne, sur son site internet, l'ensemble des données en sa possession et les réponses fournies aux demandes de la presse. A lire sur openlux.lu.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
