OpenLux sur la piste de 12 profils plus que douteux
OpenLux sur la piste de 12 profils plus que douteux
L'optimisation fiscale n'est pas un délit. En tout cas, dans la mesure où elle se fait en toute transparence. Depuis lundi, et les premières révélations de l'enquête OpenLux, c'est la petite musique qui revient dans nombre des propos de politiques interrogés. Et preuve que le Luxembourg n'aurait rien à se reprocher dans l'hébergement de quelque 140.000 sociétés, c'est grâce à l'accès total aux données rentrées dans son Registre des bénéficiaires effectifs que les reporters du Monde et d'une quinzaine d'autres médias révèlent les noms des entreprises ou investisseurs ayant fait du Grand-Duché la base de leurs affaires.
Reste que les investigations menées ne visent pas seulement à pointer du doigt les relents de paradis fiscal qui collent encore aux basques de la Place. Il y est aussi question d'établissements, de holdings dont les actionnaires ont bien des choses à se reprocher. Ainsi, la ministre de la Justice a-t-elle reconnu que les échanges avec les journalistes d'OpenLux lui avaient permis de transmettre à la Cellule de renseignements financiers (CRF) une liste d'actionnaires «avec un passé plus ou moins lugubre».
Et le rôle même de la CRF suffit à comprendre dans quelles malversations peuvent baigner les douze identités transmises par Sam Tanson (Déi Gréng). En effet, les trente personnels de cette cellule n'ont d'autre but que de lutter contre le blanchiment d'argent et de financement du terrorisme. D'ailleurs, en guise de derniers articles, vendredi, Le Monde a annoncé vouloir indiquer quelles sociétés abritées au Luxembourg faisaient fructifier l'argent de mafieux italiens, de la pègre russe ou proches du pouvoir vénézuélien qui auraient détourné des sommes importantes via des marchés publics truqués. Notamment...
Pour une Place mieux régulée
Ainsi, le croisement des données du Registre des bénéficiaires et du Registre du commerce et des sociétés a-t-il révélé la présence de criminels ou délinquants de haut rang, bien loin des sages profils des 37 des 50 familles françaises les plus riches que l'on retrouve dans les montages financiers mis en cause par l'enquête. Cette fois, il est question d'organisations criminelles.
Pour Sam Tanson, la mise en alerte immédiate «la semaine dernière» des magistrats et analystes de la Cellule de renseignements financiers prouve à nouveau la volonté du Luxembourg d'agir pour une Place mieux régulée. Tout comme sa démarche de soumettre, d'ici peu, un projet de loi à la Chambre pour que CRF et section d'enquête financière et économique soient dotées de plus de moyens, humains et matériels.
Ces derniers jours, la ministre de la Justice n'a d'ailleurs cessé de vanter le rôle des gatekeepers (vigies) dans la lutte contre la délinquance financière au pays. Banques, fiduciaires, avocats mais aussi notaires ou experts-comptables se montrant de plus en plus enclins à désigner tout profil ou opération douteuse aux autorités luxembourgeoises. Ainsi, l'an passé, les seuls avocats luxembourgeois auraient ainsi été à l'origine de 120 signalements à la Cellule de renseignements.
Mais la petite entité est-elle aujourd'hui en capacité de dénouer les montages de l'ensemble des dossiers qui lui sont remontés? Rien de moins sûr au vu du peu d'affaires aboutissant par une condamnation. En 2019, la CRF avait ainsi vu affluer 51.390 déclarations de soupçon de blanchiment d'argent et 444 pour financement du terrorisme, mais pour quelle efficacité au final?
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