«On est tout le temps en train de sauver notre stock de sang»
«On est tout le temps en train de sauver notre stock de sang»
À l'instar de ses voisins français, belges et allemands, le Luxembourg n'échappe pas à la diminution de l'affluence des donneurs de sang pendant l'été. Si la tendance n'a rien de surprenant en ce début de mois d'août, elle est davantage marquée que lors des deux années précédentes, en raison des nombreux départs en vacances. Sans compter le covid-19 qui plane toujours, empêchant les donneurs de se rendre au centre de transfusion sanguine durant quatre semaines suivant leur infection.
«On a défini des limites théoriques pour notre stock. Son seuil minimum est de 462 poches de globules rouges, qui couvrent entre 8 à 9 jours des besoins des hôpitaux luxembourgeois. Ce vendredi matin, nous étions à 368 poches, soit entre 6 et 7 jours de stock», indique la docteure Anne Schumacher, directrice médicale du centre de transfusion sanguine (CTS). Une situation en flux tendu, donc, qui a poussé la Croix-Rouge luxembourgeoise à lancer un appel aux dons, afin de reconstituer ses réserves.
Ces dernières peuvent contenir 742 poches de sang au maximum, soit deux semaines de stock. De quoi éviter de gaspiller ces précieux globules rouges, qui peuvent se conserver 42 jours. «La gestion d'un stock de produits sanguins est toujours délicate, on est tout le temps en train de sauver notre stock et d'ajuster nos appels aux donneurs.»
Donner avant de partir
Ces donneurs étaient au nombre de 13.719 en 2021. Par rapport aux années précédentes, le vivier reste stable. De quoi rassurer la docteure Anne Schumacher, qui souligne tout de même qu'il existe un turnover inévitable. «Il nous faut en permanence recruter des nouveaux donneurs dans la population active. Si on y arrive, cela nous permettrait de moins solliciter les donneurs du fichier afin qu'ils restent fidèles.»
Nouveau ou anciens donneurs, tous sont ainsi appelés à se mobiliser, de préférence avant de partir en vacances. Pourquoi? «Car en partant vers le sud, on peut être exposé à des maladies infectieuses comme la dengue, qui entrainent une interdiction temporaire en retour de voyage», note la directrice du CTS.
Mais pas de panique s'il vous est impossible de donner tout de suite. «Le don du sang, c'est comme le vélo, il faut toujours pédaler, car si vous arrêtez, vous tombez. Les besoins sont constants en permanence. Oui, maintenant, c'est urgent, mais dans trois mois, ce sera toujours aussi important, utile, et ça sauvera toujours des vies», souligne Vincent Ruck, chargé de communication pour la Croix-Rouge luxembourgeoise.
Alors que les besoins en sang des hôpitaux ne ralentissent pas avec l'été, il reste primordial pour le Luxembourg d'assurer son autosuffisance en sang. En effet, s'il est possible de compter sur le soutien des pays frontaliers en cas de catastrophe nationale, comme un train qui déraille, chaque territoire doit s'assurer de ses propres besoins en sang. «Il existe une solidarité réciproque, mais chaque pays doit réussir à mobiliser ses donneurs» appuie Anne Schumacher.
Pas de contre-indications liées à la chaleur
Afin de collecter les 100 à 120 dons quotidiens nécessaires à la constitution d'un stock suffisant à couvrir les besoins des hôpitaux, la Croix-Rouge luxembourgeoise peut également compter sur les travailleurs frontaliers. Ces derniers sont effectivement éligibles au don au Grand-Duché. «Si l'on ne fera jamais la promotion du don du sang au Luxembourg en gare de Thionville ou à Arlon, le donneur donne là où c'est le plus facile pour lui, tout en gardant à l'esprit qu'il vaut mieux toujours donner dans le même pays afin d'avoir un meilleur suivi.»
La quantité prélevée ne va pas faire souffrir l'organisme.
Anne Schumacher, directrice médicale du centre de transfusion sanguine
Lancé mercredi, cet appel aux dons a déjà permis aux professionnels du CTS d'observer une mobilisation. «On ne voyait pas autre chose qui permettrait d'arrêter la tendance baissière et de reconstituer les stocks. Les gens sont solidaires et à l'écoute», se réjouit Anne Schumacher.
Et pour les personnes qui se posaient la question, les pics de chaleur ne gènent aucunement le don du sang. Alors que le mercure devrait remonter la semaine prochaine, les températures élevées ne sont donc pas une contre-indication à réaliser ce geste bénin, qui s'apparente à une prise de sang. «Le CTS est climatisé, et nous faisons toujours attention d'insister sur la réhydratation. La quantité prélevée ne va pas faire souffrir l'organisme», insiste la docteure.
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