Où l'on reparle de l'escroquerie à l'Adem
Où l'on reparle de l'escroquerie à l'Adem
(pj avec Maximilian RICHARD) - L'affaire n'a pas un an, et déjà l'heure du procès a sonné. En avril 2019, il était révélé que des fonds publics de l'ADEM avaient été détournés. Un préjudice dont le montant, au fil des inspections, n'a cessé de croître pour être désormais estimé à 95.000 euros. Désormais, trois hommes sont jugés pour cette fraude aussi rapide qu'impressionnante. Justement à l'heure où une autre enquête pour fraude avance, mais à la Caisse nationale de santé cette fois.
D'après les enquêtes, Patrick A. sera le cerveau de l'affaire. Agé de 46 ans, l'homme travaillait depuis 2013 auprès de l'ADEM. «Emprunté» au secteur privé, il était chargé de gérer une partie des demandes d'allocations de chômage reçues par l'organisme public. Pendant plusieurs mois, il aurait manipulé les dossiers de façon à ce que les paiements lui soient directement versés, ou à deux complices présumés : Davide M. et Edin A.
Aujourd'hui, l'accusation est convaincue que le trio était de mèche. Sinon, comment expliquer que les deux adultes aient transmis une partie de l'argent à Patrick A?
Les enquêteurs ont réussi à déterminer le mode opératoire mis en place pendant moins d'un trimestre. Seules les anciennes demandes - bloquées depuis longtemps en raison d'une erreur formelle - faisaient l'objet d'une manipulation. Ainsi, la probabilité que les demandeurs se plaignent de paiements manquants était très faible. Une cinquantaine de cas auraient ainsi pu être détournés.
Je ne l'ai pas fait pour m'enrichir
Si l'affaire a été découverte, c'est en raison d'une erreur idiote de l'accusé. L'un des paiements n'est pas arrivé sur son compte et a été retourné à l'ADEM. Un mécanisme de contrôle a alors révélé ce dysfonctionnement, ce qui allait aboutir à la mise au ban de Patrick A. Ce dernier admettant alors sa faute à ses supérieurs. Aveux renouvelés, jeudi, devant le tribunal de Luxembourg.
«Je ne l'ai pas fait pour m'enrichir», a cependant déclaré l'individu, appuyant sa défense sur la traversée d'une mauvaise passe, après un divorce. Edin A., qu'il connaissait en privé et dont il gérait le dossier à l'ADEM, aurait alors fait pression sur lui pendant plusieurs mois pour obtenir plus d'argent de l'Agence. Et l'homme aurait alors cédé.
Mais cette version soulève des doutes. En effet, pourquoi alors la plus grande partie de l'argent est revenue directement à Patrick A? Les deux complices ont reçu des montants relativement faibles, respectivement d'environ 14.500 et 19.000 euros. Sommes dont ils ont en plus rétrocédé une part à Patrick A...
Si Edin A. semble dédouaner son ami, Davide M. a avoué la complicité dans le dispositif. Patrick A. lui aurait donné des instructions qu'il aurait simplement suivies. Le procès de cette arnaque trouvera sa conclusion dans une prochaine audience, le 3 mars 2020 avec, entre autres, les déclarations du ministère public et des avocats de la défense.
