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«Nous avons un déficit de démocratie au Luxembourg»
Luxembourg 11 4 min. 05.03.2017 Cet article est archivé
Corinne Cahen

«Nous avons un déficit de démocratie au Luxembourg»

Luxembourg 11 4 min. 05.03.2017 Cet article est archivé
Corinne Cahen

«Nous avons un déficit de démocratie au Luxembourg»

Anne FOURNEY
Anne FOURNEY
La ministre de la Famille et de l'Intégration Corinne Cahen était à Luxexpo ce dimanche pour une discussion portant sur le vote des étrangers qui représentent près de la moitié de la population résidente. La question de la langue luxembourgeoise est revenue au centre du débat.

Par Anne Fourney

Une bonne centaine de personnes sont venues exposer leur point de vue,  poser des questions à la ministre de la Famille et de l'Intégration Corinne Cahen ou avancer certaines suggestions dans le cadre d'une rencontre sur le thème du vote des résidents étrangers au Luxembourg.

Cette rencontre sur le thème du vote des étrangers a été organisée dimanche à Luxexpo par l'OLAI en coopération avec le CEFIS dans le cadre du Festival des migrations et de la citoyenneté. Elle s'inscrit dans la campagne nationale «Je peux voter», coordonnées par l'OLAI, pour inciter les étrangers résidant depuis plus de cinq ans au Grand-Duché à s'inscrire sur les listes électorales avant la date limite du 13 juillet, afin d'aller aux urnes aux prochaines élections communales du 8 octobre 2017.

En allant voter, vous décidez de l'avenir de votre pays. Dans une démocratie qui va bien c'est capital. Sinon ce sont seulement ceux qui sont fâchés qui vont aux urnes et on voit ce que cela donne dans certains pays.

«Voter est un facteur d'intégration» des étrangers dans leur pays de résidence, a souligné Cordinne Cahen avant d'ouvrir le débat et de passer le micro à l'assistance. «Nous avons un déficit de démocratie au Luxembourg», où 47% de la population résidente est étrangère. On ne peut pas ne laisser la parole qu'aux 53% restants, a-t-elle asséné.

«Si nous voulons être une société, cela passe aussi par le vote. En allant voter, vous décidez de l'avenir de votre pays. Dans un démocratie qui va bien c'est capital. Sinon ce sont seulement ceux qui sont fâchés qui vont aux urnes et on voit ce que cela donne dans certains pays», a ajouté la ministre plus tard dans le débat.

Plusieurs multiplicateurs ont pris place dans l'assistance: ce sont les relais pour le vote des étrangers, leur rôle est de sensibiliser leur entourage à l'importance de voter sur leur lieu de résidence, s'ils vivent au Luxembourg depuis plus de cinq ans.

La première personne à prendre la parole fut d'ailleurs une Roumaine, multiplicateur elle aussi: «Chez nous en Roumanie, des élections ont eu lieu en décembre et les gens n'ont pas participé. Le résultat a été désastreux, car notre gouvernement est corrompu. Depuis janvier les gens sont dans la rue. Même si on a le sentiment qu'une telle situation est impossible au Luxembourg, il est très important de voter», a-t-elle témoigné.

La langue luxembourgeoise à nouveau au cœur des débats

Comment faire? De nombreux résidents étrangers ont indiqué à la ministre vouloir s'impliquer davantage dans la vie politique du Luxembourg, au niveau communal. Mais comment faire alors qu'ils ne parlent pas, voire ne comprennent pas le luxembourgeois?

Lors d'un conseil communal, il est possible de s'exprimer en allemand ou en français si on ne se sent pas à l'aise avec le luxembourgeois. La réponse et les débats se font en revanche systématiquement en luxembourgeois.

Les résidents étrangers qui ont pris la parole ont pourtant souligné, pour la plupart, les nombreuses possibilités pour apprendre les langues au Luxembourg. Mais nombreux sont ceux qui avouent avoir des difficultés avec le luxembourgeois.

Le dépliant de la campagne, tout comme le site internet jepeuxvoter.lu sont en plusieurs langues. Le dépliant est en dix langues. La rencontre de ce dimanche matin, qui s'est essentiellement déroulée en français, proposait d'ailleurs une traduction simultanée en portugais ou en anglais.

La solution de traduction simultanée n'est pas adaptable à l'échelle des communes, bien trop onéreuse à mettre en place.

La crise identitaire à prendre en compte

«La question de la langue est plus complexe car elle est liée à l'identité», a rappelé Corinne Cahen.

«Certains Luxembourgeois ont peur pour leur identité avec l'afflux d'étrangers. L'intégration ne se fait-elle qu'à travers la langue? Non! Mais cela suscite un grand débat en ce moment au Luxembourg. Nous devrons aussi discuter à nouveau de cela en dehors des élections, pour savoir comment réussir l'intégration sans faire peur à ceux qui sont là depuis plusieurs générations», a tempéré la ministre.

Ce que l'on retiendra sur le plan pratique

Sur le plan pratique, parmi les remarques des participants, une suggestion a retenu en particulier l'attention de la ministre: celle d'adresser un courrier aux étrangers susceptibles de pouvoir voter au Luxembourg, afin de les sensibiliser peut-être davantage qu'à travers la campagne «Je peux voter». Celui qui a avancé cette proposition a d'ailleurs estimé que cette campagne, réitérée depuis plusieurs années au Luxembourg, «ne servait à rien». 

Une autre personne a suggéré de pouvoir faire son inscription, ou au moins sa préinscription, en ligne sur les listes électorales afin de faciliter la démarche. Certaines communes le permettent via le site macommune.lu, mais pas toutes. Pour les autres, il faut suivre les indications du site guichet.lu pour connaître toutes les démarches à effectuer.

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