«Nous allons piquer là où ça fait mal»
«Nous allons piquer là où ça fait mal»
«Nous ne sommes pas là pour faire de la figuration, mais pour questionner l'action du gouvernement avec du mordant. Nous allons piquer là où ça fait mal.» Pour démontrer cette opposition active, le député Sven Clement a rappelé ce lundi lors d'un déjeuner presse quelques statistiques en soulignant que le parti Pirate avait déposé 28 motions et posé 291 questions parlementaires depuis le 12 octobre dernier. Le député Pirate a également indiqué que son parti avait déposé 21 propositions de loi depuis qu'il siège à la Chambre.
«Nous avons interpellé plus de 1.000 fois le gouvernement depuis 2018, mais nous n'avons pas toujours été satisfaits des réponses.» Sven Clement se dit déçu par la majorité qui avait promis plus de transparence, une promesse non tenue selon lui. Ce dernier note qu'aucune commission d'enquête n'a été mise en place depuis la coalition Gambia (DP-Déi gréng-LSAP) en 2013:«Je me pose la question: comment est-ce que la Chambre pourrait faire son devoir de contrôle, si le gouvernement ne bloque pas toujours.»
«Le gouvernement a menti à la Chambre!»
Parmi les affaires qui ont émaillé la législature Gambia, le député Pirate cite notamment l'affaire du satellite militaire LUXEOsys. Dans ce dernier dossier, la Cour des comptes a indiqué dans son rapport qu'Etienne Schneider avait trompé le Parlement et l'opinion publique. «Le gouvernement de l'époque savait pertinemment que le satellite militaire LUXEOSys coûterait plus cher que prévu par la loi. Pourtant, il a fait voter le Parlement à ce sujet. Le gouvernement a délibérément trompé le Parlement», a déclaré Diane Adehm, présidente de la commission de contrôle budgétaire.
Pour Sven Clement, il s'agit d'une tromperie inacceptable: «On a la preuve avec la Cour des comptes que le gouvernement a menti à la Chambre! Dans d'autres pays, c'est immédiatement une raison pour une commission d'enquête, au Luxembourg on n'en parle pas. Le gouvernement devrait être plus contrôlé par la Chambre, mais il fait tout pour l'éviter.» Le quatrième chapitre de la nouvelle Constitution voté en première lecture mercredi dernier devrait changer les choses, car une commission d'enquête pourra voir le jour, à condition d'avoir l'approbation de 20 députés. Si cette mesure va dans le bon sens pour Sven Clement, ce dernier préfère attendre sa mise en œuvre: «Souvent sur papier, on a des droits, mais ils sont bafoués à gauche et à droite.»
Une commission d'enquête aurait été aussi nécessaire dans l'affaire Superdréckskescht selon Sven Clement. Son collègue Marc Goergen a indiqué que le tribunal menait actuellement une enquête et que si le conflit d'intérêts était avéré, il fallait remettre le contrat de 112 millions d'euros entre l'Etat et la société d'exploitation Oeko-Service Luxembourg (OSL) (2018-2028) de nouveau en jeu.
Le gouvernement manque de vision commune
«Nous aurions souhaité que la nouvelle ministre de l'Environnement vérifie tout cela au lieu de bloquer tout cela à la Chambre», a regretté le coordinateur du parti. Ce dernier souhaite également un «audit externe neutre» concernant le Syndicat intercommunal de gestion informatique. «Nous considérons que la ministre de l'Intérieur est responsable si les communes doivent se tourner vers le syndicat pour avoir un outil que devrait mettre en place le ministère en question, parce ce qu'il s'agit d'un service pour les citoyens. Ce dernier doit être mis en place par l'Etat, notamment pour des questions de protection de données, et ne pas être externalisé.»
Concernant la réforme fiscale, il considère qu'il faut défiscaliser le salaire social minimum pour permettre aux personnes qui ont le moins de moyens de pouvoir vivre dignement. «Il faudra aussi voir quelles autres mesures pourraient être mises en place pour, par exemple, augmenter le taux d'imposition maximal pour ceux qui gagnent plus que 200.000 € par an pour augmenter la marge de manœuvre, afin de défiscaliser et d'individualiser aussi la situation des veuves et des personnes divorcées qui aujourd'hui sont reclassées en classes A. Ces personnes perdent aujourd'hui des centaines, voire des milliers d'euros par an.» Pour le président d'honneur du parti Pirate depuis 2019, la politique doit permettre «aux personnes de vivre et pas seulement de survivre». «C'est justement dans la crise qu'il faut agir», a ajouté Sven Clement.
Ce dernier a estimé que la coalition actuelle ne tenait plus et a parlé de «fissures» dans la majorité, à force que chaque parti de la coalition a «trop souvent dû défendre son partenaire dans les différentes affaires». «Il n'y a plus cette bonne entente entre eux qu'il y avait en 2013 et il n'y a pas de vision commune. Je reconnais que ce n'est pas simple d'avoir une position, mais il faut agir et on ne peut pas simplement dire que ce n'était pas écrit dans l'accord de coalition», a observé le député Pirate.
Dans le dernier Politmolitor qui combine sympathie et compétence, Sven Clement arrive à la cinquième place avec 63 points favorables. Pour le député, les derniers sondages favorables au parti Pirate indiquent que l'électorat a «une volonté de changement politique, de transparence et de contrôle du gouvernement». «Ces sondages montrent que le gouvernement aurait toujours une majorité, mais je pense que c'est aussi une volonté de renforcer l'opposition.» Pour les prochaines élections législatives en octobre 2023, les deux députés Pirate Sven Clement et Marc Goergen comptent défendre leur mandat. Lors du prochain scrutin, Sven Clement espère que son parti pourra gagner de nouveaux sièges sans perdre de vue qu'avec cinq députés, le parti Pirate pourrait former un groupe à la Chambre permettant davantage de moyens.
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