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Nium, la start-up qui veut du bien à vos intestins
Luxembourg 4 min. 05.04.2022 Cet article est archivé
Innovation

Nium, la start-up qui veut du bien à vos intestins

Ces dernières années, les chercheurs ont pu montrer qu'il existait de nombreuses interactions entre les bactéries intestinales et la santé.
Innovation

Nium, la start-up qui veut du bien à vos intestins

Ces dernières années, les chercheurs ont pu montrer qu'il existait de nombreuses interactions entre les bactéries intestinales et la santé.
Photo: Shutterstock
Luxembourg 4 min. 05.04.2022 Cet article est archivé
Innovation

Nium, la start-up qui veut du bien à vos intestins

En utilisant des modèles informatiques de la flore intestinale, la start-up luxembourgeoise Nium entend améliorer l'alimentation, rendre les médicaments plus efficaces et aider les patients atteints de cancer.

(BaL avec Thomas KLEIN) Chaque personne transporte environ 1,5 kilogramme de microbes. Notre intestin, en particulier, abrite des centaines d'espèces de bactéries différentes. Ces minuscules auxiliaires ne sont pas seulement importants pour la digestion et le métabolisme. Ces dernières années, les chercheurs ont pu montrer qu'il existe un véritable lien entre la composition des bactéries intestinales, appelée microbiome, et de nombreuses maladies.


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Si la composition des micro-organismes est déséquilibrée, cela peut être un indicateur d'une maladie, ou l'une de ses causes. Certains scientifiques pensent même que des maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson pourraient trouver leur origine dans l'intestin. Pourtant, la composition du microbiome est très individuelle et elle évolue au cours de la vie d'une personne.

«C'est une combinaison de différents facteurs qui jouent un rôle: il peut s'agir de causes génétiques, mais il est surtout influencé par l'environnement, par notre mode de vie et notre alimentation. Ainsi, même les membres d'un même foyer peuvent présenter de grandes différences dans leur microbiome», détaille Alberto Noronha, co-fondateur et CEO de la start-up luxembourgeoise Nium.

Modèle informatique du microbiome 

L'entreprise développe des modèles informatiques du microbiome et des interactions entre les bactéries et la santé d'une personne. «Nous voulons ainsi mieux comprendre l'impact d'un aliment particulier ou d'une combinaison d'ingrédients sur la santé», poursuit Alberto Noronha. À l'aide de ces modèles, l'entreprise, qui est une spin-off de l'Université du Luxembourg, étudie des réseaux complexes de centaines de milliers de réactions métaboliques afin de trouver des combinaisons d'aliments les plus bénéfiques possible pour la santé.

Alberto Noronha (à droite) et Adam Selamnia créent des modèles complexes du métabolisme sur ordinateur.
Alberto Noronha (à droite) et Adam Selamnia créent des modèles complexes du métabolisme sur ordinateur.
Photo: Marc Wilwert

Les premiers clients de la start-up, créée en 2019, sont des groupes agroalimentaires qui veulent ainsi exploiter le marché en pleine croissance de l'alimentation dite probiotique. Des contrats ont déjà été conclus avec trois multinationales et des négociations sont en cours avec deux autres, explique Alberto Noronha, mais il ne peut pas encore donner de noms pour l'instant.


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Pour les clients industriels de Nium, il ne s'agit pas seulement de trouver des ingrédients ou des combinaisons d'aliments qui améliorent la santé de leurs clients, mais aussi de pouvoir démontrer les effets positifs supposés à l'aide des modèles de la start-up. «Il y a une convergence croissante entre le secteur de la santé et l'industrie alimentaire. De très nombreux groupes du secteur alimentaire s'intéressent au microbiome et à l'alimentation favorable à la santé», indique Adam Selamnia, co-fondateur et conseiller pour la stratégie et le business development de Nium.

Dans les hôpitaux

En revanche, il faudra encore attendre un certain temps avant de recevoir des recommandations personnalisées pour une alimentation saine dans les pharmacies ou les supermarchés, affirme Alberto Noronha. Il est beaucoup plus probable que les connaissances croissantes sur le lien entre microbiote, alimentation et santé soient d'abord utilisées dans les hôpitaux.


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En effet, certains médicaments peuvent influencer massivement la composition et le fonctionnement du microbiome. Les patients cancéreux, en particulier, souffrent donc souvent des effets secondaires des traitements, par exemple en perdant massivement du poids après une chimiothérapie. C'est pourquoi la start-up travaille en collaboration avec des hôpitaux sur une plateforme qui développe des recommandations en matière d'alimentation et de compléments alimentaires pour des groupes de patients. «L'objectif est d'aider les patients cancéreux à ne pas perdre trop de poids pendant leur traitement», avance Adam Selamnia. La start-up est actuellement à la recherche d'hôpitaux locaux comme partenaires pour ce projet.

Mais les modèles informatiques de la jeune entreprise peuvent également devenir intéressants pour les groupes pharmaceutiques. Ces derniers pourraient ainsi mieux comprendre quelles sont les interactions de leurs médicaments avec la flore intestinale d'un patient. «Si nous pouvions par exemple démontrer à l'avenir comment les bactéries influencent l'efficacité d'un médicament, on pourrait ainsi améliorer l'efficacité d'une thérapie et adapter le dosage en conséquence», conclut Adam Selamnia.

Mais dans un premier temps, la start-up se concentre sur la confirmation scientifique de la valeur prédictive de ses modèles. La validation clinique doit commencer cette année. D'ici deux à cinq ans, Noronha souhaite que son entreprise soit prête à fournir des recommandations nutritionnelles personnalisées pour certains profils de patients. Grâce à ses partenariats avec des entreprises, Nium génère aujourd'hui déjà des revenus, mais pour financer la croissance prévue, la start-up entend faire appel à du capital-risque à moyen terme.

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