Mieux mesurer les inégalités et les violences
Mieux mesurer les inégalités et les violences
Il n'en est encore qu'à ses balbutiements, pourtant l'observatoire de l'égalité est déjà perçu comme un outil essentiel par les associations. Lancé au début du mois, la nouvelle entité du ministère de l'Egalité entre les femmes et les hommes, doit collecter, uniformiser et analyser les données relatives aux disparités de genre.
Vouée à analyser aussi bien la question des revenus, de la santé ou de l'éducation, la structure était attendue «avec impatience» par les acteurs de terrain. Les associations déploraient depuis plusieurs années le manque de données fiables, uniformisées et centralisées, notamment sur la question centrale des violences conjugales. Sur ce thème, «seules les expulsions et les interventions de police sont comptées de façon systématiques», relève Andrée Birnbaum, directrice générale de l'association Femmes en détresse.
Autrement dit, des éléments qui ne livrent qu'une vision limitée d'un phénomène de société beaucoup plus complexe. «Les statistiques dont nous disposons actuellement ont besoin d'être affinées, et en tant qu'association nous n'en avons pas toujours les moyens», précise Anik Raskin.
Et la chargée de direction au sein du Conseil national des femmes du Luxembourg (CNFL) de citer l'exemple des données concernant les hommes battus, trop imprécises. «Ces faits concernent en réalité majoritairement des mineurs», assure-t-elle en se basant sur ses retours de terrain. «Et les données actuelles de la police ne précisent pas toujours si ces victimes ont un homme ou une femme comme bourreau.»
Profitant de la médiatisation liée à la journée internationale des droits des femmes, Taina Bofferding (LSAP), ambitionne surtout de «faire évoluer les mentalités». Et pour cela, la ministre de l'Egalité entre les femmes et les hommes mise sur «une prise de conscience globale via le lancement d'un large débat de société.» Une ambition politique qui laisse perplexe Anik Raskin, qui ne cache pas une certaine réserve. «J'attends de voir les actions concrètes que va mener cet observatoire et je préfère miser sur le concret».
Et la chargée de direction du CFLN de faire référence à la ratification de la convention d'Istanbul, effectuée en 2018 et toujours pas appliquée. Ou du moins pas dans sa totalité. «La convention prévoit notamment l'intégration des violences psychologiques dans la loi nationale, et ce n'est toujours pas le cas», affirme Anik Raskin.
Pour rappel, en 2018 au Luxembourg, une femme sur trois occupe un emploi partiel, un quart des résidentes seulement sont cadres supérieurs, et elles ne représentent que 31% des salariés actifs sur la Place.
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