Maurice Bauer: «L’audace de certains propriétaires est écœurante»
Maurice Bauer: «L’audace de certains propriétaires est écœurante»
(MKa avec David THINNES) - «Le propriétaire voulait faire des travaux dans son immeuble. Comme il ne pouvait pas faire sortir les locataires assez rapidement, il a simplement enlevé l'escalier. Les locataires habitaient au premier étage, avec un jeune enfant»: cet exemple d'incident survenu dans une chambre meublée située sur le territoire de la capitale reste gravé dans la mémoire de l'échevin social de la Ville de Luxembourg, Maurice Bauer (CSV).
La population de la capitale a augmenté de près de 30 % au cours des dix dernières années, passant de 99.852 à 128.494 habitants. Il faut de plus en plus de logements. Et rares sont ceux qui peuvent se permettre, par exemple, un prix au mètre carré de plus de 16.000 euros comme au Royal-Hamilius.
Il y a des locataires qui sont exploités.
Maurice Bauer, échevin social de la capitale
Les responsables de la commune sont toujours à la recherche de plus de logements. Actuellement, le parc immobilier de la Ville de Luxembourg compte 719 logements. Ce chiffre se décompose comme suit: 604 logements abordables - la dénomination a récemment été changée de sociale en abordable (subventionnée par le ministère du Logement) -, 40 «logements aidés» - auparavant, le terme était abordable (non subventionné) - et 75 des chambres meublées déjà mentionnées.
Chiffre noir: 2.000 chambres meublées
Le chiffre des «cafés-zimmers» révèle toutefois un autre problème. «Il s'agit ici des chambres labellisées et contrôlées par la Ville de Luxembourg. Nous estimons qu'il y a environ 2.000 chambres meublées sur le territoire de la capitale, dans 325 bâtiments. Mais pour 80 immeubles, nous ne savons pas combien de chambres s'y trouvent», explique Anouck Speltz, responsable du service logement de la Ville de Luxembourg.
Le loueur de chambres meublées devrait en principe les déclarer à la commune, mais ce n'est souvent pas le cas. La commune n'est alors souvent informée de l'existence de telles chambres que lorsque le locataire s'adresse à la Ville de Luxembourg en cas de problème. Et ce n'est pas non plus toujours le cas.
Car en effet, «il y a des locataires qui sont exploités. Ceux-ci n'ont souvent pas les moyens de se défendre ou ne savent pas qu'ils en ont le droit», explique Maurice Bauer, qui souligne toutefois que la majorité des propriétaires se comportent correctement.
Il attire néanmoins l'attention sur le fait que «la commune doit protéger les locataires. Nous ne devons pas permettre à ces personnes de glisser dans une situation de dépendance vis-à-vis de leur bailleur. C'est ce que nous observons souvent chez les femmes seules ou les mères de famille qui prennent ce qui reste sur le marché du logement. Souvent, seuls des contrats verbaux sont conclus».
Augmenter les amendes
Bauer demande que les propriétaires de chambres meublées qui ne respectent pas les règles de la loi de 2019 soient plus sévèrement sanctionnés: «Actuellement, il n'y a qu'une amende de trois mois de loyer. Parfois, les propriétaires nous donnent déjà un chèque lorsqu'un loueur de leur maison doit être relogé ailleurs. Mais cette amende doit être dix ou vingt fois plus élevée. La voie pénale devrait également être envisagée».
La Ville de Luxembourg s'efforce constamment de créer de nouveaux logements: «Comme partout au Grand-Duché, les logements sont une denrée rare. Nous voulons donc augmenter notre parc immobilier». La construction de logements est décrite comme suit dans la déclaration du Conseil échevinal: «La création de logements, surtout sociaux et abordables, est la première priorité du Conseil échevinal».
Maurice Bauer constate de manière générale que «la pression sur le marché du logement est énorme. La commune fait tout ce qui est possible pour créer des logements».
Loyer entre 400 et 450 euros par mois
C'est ainsi qu'une liste d'attente de 600 personnes se forme pour les logements sociaux dans la ville de Luxembourg. En cas de demande ou de logement libéré, le service compétent analyse certains paramètres: situation familiale et sociale, taille du logement et revenus. «En moyenne, les locataires de nos logements sociaux paient un loyer de 400 à 450 euros par mois», explique Anouck Speltz.
Dans ce domaine, tout se déroule comme prévu. La situation est plus difficile dans certains cas pour les chambres meublées. «L’audace de certains propriétaires est écœurante. Il y a des locataires qui vivent dans la cave, sans fenêtre. Parfois, le chauffage ou l'électricité sont coupés pour dégoûter les gens».
Si une personne perd son logement suite à une décision de justice, la commune doit trouver un nouveau logement pour ces personnes.
Le chauffage ou l'électricité sont parfois coupés pour faire sortir les gens.
Maurice Bauer, échevin social de la capitale
En cas d'urgence, deux foyers d'urgence sont disponibles: d'une part le foyer Obenthalt à Bonnevoie (capacité : 36 personnes) et le foyer Moulin d'Eydt au Pfaffenthal (56 personnes).
Dans ce contexte, l'échevin social du CSV rappelle toutefois que les services de la commune doivent parfois intervenir: «Nos travailleurs sociaux rendent régulièrement visite aux personnes dans les appartements. Et il arrive que les appartements soient laissés en très mauvais état. Il faut alors parfois faire un gros travail d'éducation».
Cet article a été rédigé pour l'édition allemande du Luxemburger Wort, traduit et édité pour la version française du site.
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