Malgré le covid, l'hôpital doit retrouver du souffle
Malgré le covid, l'hôpital doit retrouver du souffle
«Nous voulons avoir des marges pour la suite des événements.» D'emblée, lundi, quand il s'est agi au Premier ministre de rappeler pourquoi il allait proposer à la Chambre de voter de nouvelles mesures anti-covid, il a été question des capacités hospitalières. Car si le nombre des victimes de l'épidémie au Grand-Duché est regrettable (266), celui des infections impressionne (3.842 nouveaux cas en sept jours), que les hôpitaux aient été obligés de passer en phase 4 constitue un signe plus préoccupant encore de l'état de santé du pays.
Depuis mardi, les quatre centres hospitaliers ont pour consigne ferme de bouleverser leurs manières de faire. La priorité étant de libérer plus de lits et plus de personnels pour accueillir des patients covid en plus grand nombre qu’aujourd’hui (242). Car c'est ce qui attend inévitablement les services de santé d'ici quelque temps face à un niveau de contaminations «trop élevé». Aussi pour Xavier Bettel et Paulette Lenert était-il (plus que) temps de réagir. «Les dernières baisses ne suffisent plus à justifier le rythme de croisière des semaines passées», estime le Premier ministre.
Car à l'hôpital la situation est devenue «inacceptable à la longue», pour reprendre les mots de la ministre de la Santé. «Nous ne pouvons pas nous permettre que des soins ou des opérations normales n'aient plus lieu», complète Xavier Bettel. C'est pourtant le cas depuis une semaine, et le déclenchement de cette fameuse phase 4. Et puis, le pays ne pourrait supporter trop longtemps de se retrouver à court de lits de soins intensifs. Le risque est pourtant bien là. Car non seulement les patients covid affluent en grand nombre ces derniers jours, mais leur prise en charge (intubation notamment) implique des séjours plus longs, privant potentiellement de place et de soignants expérimentés l'arrivage suivant.
En faisant le choix de fermer cafés et restaurants, le gouvernement fait le pari de mieux contenir une possible source de contamination. En tout cas, il clôt pour trois semaines un lieu d'interactions où le port du masque n'est pas possible et où, donc, le virus peut circuler plus facilement. Jusqu'au 15 décembre, priver les résidents de sorties au bar ou pour un dîner pourrait, espère le gouvernement, faire retomber la courbe des infections. Et donc diminuer la pression sur les hôpitaux.
Un confinement sec engendre bien trop de dégâts collatéraux
Xavier Bettel
Ce que ne voudraient pas Paulette Lenert et Xavier Bettel c'est à se retrouver dans une impasse avec des capacités hospitalières débordées. A l'image de certains centres de santé en France lors de la première vague. «La situation est tendue», évoque la ministre de la Santé frissonnant à la pensée d'une multiplication toujours à craindre de clusters dans le pays.
Avec ce énième serrage de vis, le gouvernement anticipe aussi la fin décembre. D'avance, on sait qu'il faut faire au mieux pour redonner plus de capacités aux hôpitaux car avec Noël et Nouvel An, les vacances et les retrouvailles familiales, il y a bien «risque de brassage et donc d'explosion» des nouvelles infections. Il ne faudrait pas que ce nouveau remous de la seconde vague se heurte à des services de santé affichant déjà complet.
Cette fois encore, il est donc question de «tirer le frein à main» avec la douzaine de mesures qui seront proposées à la Chambre, mercredi. Un trop petit pas jugeront certains; «suffisant» plaide le Premier ministre. En politique libéral (DP), il cherche encore pour cet épisode «l'équilibre entre restrictions et libertés».
"Alors même si sanitairement le plus efficace serait le lockdown ferme comme au printemps, Xavier Bettel ne s'y résout pas. «Un confinement sec engendre beaucoup trop de dégâts collatéraux pour nos entreprises, comme pour le bien-être de notre population», argumente-t-il.
Aux hôpitaux donc de jouer aux bons petits soldats, comme depuis sept mois. Aux médecins, infirmières, aide-soignants et autres personnels de résister au jour le jour à l'effort, à la peine, aux incessants flux et reflux du virus. Ces personnels sont fatigués, en nombre restreint, mais agissent pour le bien de tous. Alors restreindre ses sorties au nécessaire, porter un masque, se laver les mains, se priver d'un dîner dehors ou accepter sans broncher de ne pas aller à la salle de fitness, ce serait un joli cadeau à leur faire. A eux d'abord, «mais cet effort collectif nous permettra ensuite une meilleure prise en charge de tous».
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