«Macron favorise l'opposition des communautés»
«Macron favorise l'opposition des communautés»
Après l'élection présidentielle en France se profilent désormais celles des législatives. Depuis 2012, les Français de l'étranger ont aussi leur député et c'est le cas aussi pour les Français du Benelux. Nous avons rencontré Anne-Catherine Girard, engagée dans le parti Via de Jean-Frédéric Poisson, elle se présente sous l'étiquette Reconquête pour devenir députée du Benelux. Lors du premier tour de l'élection présidentielle en avril dernier, le parti d'Eric Zemmour pointait à la troisième place au Luxembourg.
Anne-Catherine Girard, vous êtes candidate pour les législatives du Benelux. Quelles sont vos priorités pour les Français du Benelux?
Anne-Catherine Girard - «Il y a tout d'abord l'aspect civilisationnel, nous avons une histoire très très riche et nous sommes en train de la laisser s'évaporer en faisant de la repentance. Churchill disait:''Si vous voulez voir loin dans l'avenir, regardez loin dans le passé''. C'est aussi pour cette raison que j'ai décidé de me battre aux côtés d'Eric Zemmour. Je souhaite ensuite défendre les valeurs de la famille traditionnelle, soit un homme et une femme, qui sont aujourd'hui malmenées au niveau économique, moral et spirituel. Enfin, il y a l'instruction et l'école dont le niveau scolaire a complètement dégringolé qu'il faut redresser.
En quoi est-ce que ces points évoqués concernent les Français du Benelux?
«Quand je serai députée à l'Assemblée nationale, je devrai défendre une vision de la France. Je participerai donc à des lois ou à des amendements et je défendrai ce que j'ai cité. Ça impliquera aussi la vie des Français du Benelux, parce que ce qui se passe en France se passe aussi là-bas. Je souhaite aussi que le système éducatif français à l'étranger (AEFE) soit placé sous la tutelle du ministère de l'Éducation nationale pour qu'il y ait un meilleur contrôle concernant le contenu des programmes et le financement de ces structures.
Quelles sont les préoccupations des Français du Benelux et notamment du Luxembourg?
«Les Français venus au Luxembourg l'ont fait par obligation et pas de façon volontaire, notamment pour des questions fiscales et professionnelles. En France, ils sont complètement enchaînés, en raison des conditions qu'on impose et qui leur font perdre des plumes. Au Luxembourg, ils ont beaucoup plus de liberté pour développer leur entreprise. Ils avaient l'impression qu'il n'y avait pas de bénéfice à rester en France pour le faire. Ils aimeraient aussi régler la question du chaos qui jette les Français les uns contre les autres et c'est pour cette raison que beaucoup ont rejoint Reconquête.
Vous parlez de chaos, qu'est-ce que vous entendez par là?
«Ce n'est pas parce qu'ils ont réussi à l'étranger que les Français qui ont quitté le pays ferment les yeux sur les misères des autres, comme la crise des gilets jaunes par exemple. Les Luxembourgeois et les Français du Grand-Duché ont apporté leur soutien aux gilets jaunes. Ils ne se sont pas réfugiés au Luxembourg dans une bulle, ils sont conscients des difficultés des Français qui sont dans une situation économique désastreuse et qui n'arrivent plus à faire le plein.
Le chaos se joue aussi à d'autres niveaux quand Emmanuel Macron, favorise l'opposition de communautés qui se jettent ensuite l'une sur l'autre. C'est le cas quand il promeut le wokisme (un mouvement qui se dit attentif aux discriminations et aux inégalités, NDLR) en nommant des ministres comme Pap Ndiaye allant dans ce sens-là et quand il fait sa campagne sur le port du voile accordé aux musulmanes dans la rue. Ce sont deux communautés absolument opposées.
Si vous êtes élue, vous voterez des textes interdisant le port du voile ?
«Ce n'est pas tant de s'opposer que de proposer autre chose. Il y a 40 ans, certaines femmes le portaient et d'autres pas, là on voit qu'elles le portent toutes en même temps. Ce n'est pas parce qu'elles sont plus pieuses maintenant, mais parce qu'il y a un agenda politique. Je ne m'opposerai pas au voile en tant que morceau de textile, mais je ferai en sorte qu'il ne soit pas omniprésent et je m'opposerai à cet agenda politique.
Comment comptez-vous vous y prendre et comment faire la différence entre les femmes qui le portent librement et celles qui sont contraintes de le faire ?
«Si vous évitez d'opposer les communautés contraires les unes contre les autres, vous évitez aussi de les radicaliser. Si vous envoyez par exemple des subventions aux LGBT pour qu'ils fassent l'éducation de vos enfants dans les écoles, forcément les musulmans ne sont pas d'accord et envoient leurs enfants dans les écoles coraniques pour dire qu'ils s'opposent à notre identité décadente. Ce n'est donc pas de cette façon que nous pouvons les intégrer en les radicalisant à notre égard. Il faut arrêter de faire de la provocation avec les subventions qui arrosent le milieu culturel et associatif de propagande LGBT.
Dans les lycées français au Benelux, il y a de la propagande LGBT ?
«Mais absolument! Regardez la journée de la jupe, c'est quoi ? Et j'ai déjà vu des jardins d'enfants où les garçons et les filles venaient en chaussures à talon, il faut arrêter tout ça. Je ne suis pas en train de critiquer les adultes qui auraient choisi une autre orientation, je dis juste de faire attention, qu'on peut manipuler les esprits et la propagande LGBT l'a compris. C'est le cas au cinéma aussi, si vous souhaitez voir un film historique et innocent, tout à coup il y a une connotation wokiste, LGBT ou une histoire d'amitié qui se termine par une connotation sexuelle.
Je ferai en sorte que le voile ne soit pas omniprésent et je m'opposerai à cet agenda politique.
Anne-Catherine Girard, candidate Reconquête
Quelle est votre position par rapport à l'Europe?
«Nous ne remettons pas en question l'Europe, mais le pouvoir qu'ont certains alors qu'ils ne sont pas élus. Quand Madame von der Leyen prend des décisions, elle ne consulte pas nécessairement tout le monde et quand on fait pression sur un pays parce qu'il n'applique pas tout ce que demande l'Europe, c'est outrepasser ses droits. Nous ne sommes pas un clone des Etats-Unis.
Les pays doivent pouvoir choisir s'ils souhaitent fermer leur frontière. Les pays qui n'ont pas la même position concernant l'IVG comme la Pologne ont aussi été discriminés. En France, je trouve que nous sommes allés trop loin dans ce domaine et qu'il faudrait revenir à la loi Veil de 1974.
Eric Zemmour déclarait en 2018 qu'il rêvait d'un «Poutine français». Est-ce que vous partagez ce propos et quelle est votre position concernant la guerre en Ukraine ?
«Tout le monde souffre en voyant la situation des Ukrainiens et souhaite que la guerre s'arrête. Pour cela, il faut aussi écouter les attentes qu'avait Monsieur Poutine et voir les provocations mises sur sa route. Je ne donne pas raison à la guerre et à Poutine, mais dans la politique, il faut regarder le contexte dans lequel les choses se font. Je ne vois pas l'Europe s'investir dans un dialogue d'entente avec Monsieur Poutine, c'est comme si tout doit être fait pour qu'il s'obstine.
Quand Eric Zemmour parlait d'un «Poutine français», il parlait de quelqu'un qui défend les valeurs de son pays et de ses frontières, je le rejoins là-dessus. Il ne parlait pas de l'image de Poutine que nous avons aujourd'hui.
Dans votre programme, vous parlez de la sélection au mérite des étudiants étrangers pour intégrer les universités françaises, c'est-à-dire ?
«Le minimum pour les étudiants qui arrivent en France, c'est déjà d'avoir bien étudié et donc d'avoir des preuves de réussite de leur pays d'origine. La France prend aussi beaucoup en charge les frais d'étudiants étrangers pour payer leurs études, alors que ce n'est pas le cas pour les Français qui partent étudier à l'étranger.
La France est très généreuse, mais je pense qu'il y a un équilibre à trouver au niveau du paiement des étudiants étrangers. La France ne peut pas l'assumer pour tout le monde. Il faut que les pays d'où sont originaires les étudiants payent également. Je pense que des accords mutuels peuvent être passés entre les pays européens concernant le financement, mais le but n'est pas de limiter le nombre d'étudiants étrangers dans la mesure des places disponibles.
Avez-vous un lien particulier avec le Luxembourg?
«J'y ai de nombreux amis et par mon engagement politique j'ai pu rencontrer des Français vivant au Luxembourg. C'est une communauté très sympathique et très soudée. J'espère bien qu'en tant que députée, je pourrai venir de façon très équitable, entre les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg.
Au premier tour de l'élection présidentielle Eric Zemmour avait recueilli 10% des voix au Luxembourg, vous espérez en avoir au moins autant, voire plus ?
«Oui, bien plus. Je crois qu'il y a une prise de conscience de beaucoup de personnes qui ont été choquées par le nouveau gouvernement d'Emmanuel Macron. Elles sont choquées qu'à l'Education nationale il y aura quelqu'un, Pap Ndiaye, qui fera plus du lobbying que de l'instruction. Selon moi, les enfants seront lobotomisés à penser que la France est la cause de tous les maux de la planète, il n'y aura que l'aspect négatif de tout ce que les Français ont pu faire.
J'ai vraiment remarqué un véritable sursaut depuis la présidentielle. Les Français du Luxembourg iront voter massivement pour ma candidature, ils me l'ont dit. Je suis très soutenue par les militants du Luxembourg, je suis confiante et sereine. Je suis à leur écoute et une fois élue, je serais une fidèle députée au service des Français du Benelux.»
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