Lundi 11 mai, le jour d'après...
par Patrick JACQUEMOT/ 09.05.2020
Le Luxembourg s'apprête à sortir du confinement. Un drôle de réveil après deux mois d'un quasi-sommeil agité par le cauchemar du covid-19 et sa centaine de morts dans le pays. Lundi, place à un saut dans l'inconnu, vers «une nouvelle normalité» où tout a été bousculé.
Le 17 mars dernier, à la tribune de la Chambre, le Premier ministre Xavier Bettel plaçait le pays en état d'urgence. Economie à l'arrêt, enseignement stoppé net, boutiques fermées : un mauvais rêve qui aura duré. Si ce 11 mai, la vie va reprendre un peu de son cours, ce lundi reste extraordinaire. Certes, un nouveau (et large) pan du confinement va se relever, mais pour laisser entrevoir quel Luxembourg? Petit tour d'horizon.
En avant, masques !
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Une nouvelle vie... sans visage. Voilà à quoi va ressembler ce nouveau départ. Masques pour tout le monde à l'heure où l'épidémie a déjà fait plus de 100 morts au Grand-Duché. Pas question de badiner avec ce qui n'était qu'un accessoire bien peu utile il y a peu encore. Le gouvernement n'a pas lésiné sur les distributions: aux habitants du pays (la deuxième vague est en cours), aux artisans et à leurs employés ensuite, aux écoliers bientôt.
Même les frontaliers, justement à compter de ce 11 mai, auront droit à retrouver leur place avec 50 masques offerts par l'Etat luxembourgeois.
Plus de débat sur l'utilité du masque; il faut le porter. D'abord dans les transports en commun. Les passagers surpris dans un tram, un bus ou dans le train sans protection devant la bouche risquent une amende de 145€ (et une infection!). La police sera intraitable sur le sujet, a prévenu le ministre de la Sécurité intérieure François Bausch.
Porter aussi le masque en entrant dans un commerce, autre obligation stricte. Sans oublier de l'avoir dans la rue, au bureau, sur les chantiers quand la distanciation de deux mètres ne peut être tenue avec un passant, un collègue, etc. Ouf, pour la beauté de l'objet (donc de nos visages) où l'importance d'un sourire visible, certains ont pensé à le customiser.
Entrez, c'est (r)ouvert...
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Après le secteur de la construction le 20 avril dernier, ce 11 mai marque la réouverture des commerces. Toutes les enseignes, boutiques et magasins qui n'avaient pas été déclarés comme essentiels à la bonne marche du pays au lancement du confinement peuvent donc relever le rideau. Même les showrooms automobiles peuvent accueillir maintenant des acheteurs potentiels.
Une grande exception toutefois : bars et restaurants resteront clos. Le secteur tire la langue, tremble pour ses emplois, et gronde. Mais l'Etat reste ferme, rien à attendre d'ici juin. Alors, entre à emporter, livraison, bons de soutien, l'Horesca se réorganise pour sauver quelques miettes.
Pour les autres (coiffeurs, marchands de vêtements ou de meubles, spécialistes en électroménager, opérateurs téléphoniques, salons de beauté, etc), la réouverture s'accompagnera d'un ouf de soulagement. Même si la crise sanitaire impose aux commerces et à leurs personnels de nouvelles règles de conduite et de comportement à l'égard des clients. Gel hydroalcoolique, masques, marquage au sol, prise de rendez-vous de rigueur avant se faire couper les cheveux, interdiction de toucher aux produits ou de s'appuyer aux vitrines : il faudra s'y faire...
Eh bien, courez maintenant...
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Pas étonnant que vous ayez des fourmis dans les jambes après six semaines de confinement. Mais pour la séance de fitness, le match de rugby ou de foot avec les copains ou les longueurs dans le grand bassin, il faudra encore patienter. Ainsi, clubs de remise en forme, piscines et autres vestiaires restent bouclés à triple tour. Et pour l'heure, il est dit que ces équipements seront possiblement au repos forcé jusqu'au 1er juillet...
Par contre, le ministre des Sports, Dan Kersch, a listé 32 disciplines de plein air accessibles à tous et toutes. Grosso modo, les nouvelles consignes sportives sont : éviter les regroupements, rester à bonne distance, ne pas partager les agrès, pas de contact entre pratiquants et tout ira bien.
La culture au compte-goutte
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Pas encore question d'assister à un concert, applaudir une pièce ou visionner un film dans une salle obscure. Salles de spectacle, théâtres, cinémas et plus largement les espaces culturels clos restent fermés tant que le risque de contagion menace. Tout juste pourra-t-on s'offrir une séance au Festival de drive-in à Echternach pour une projection (confinée dans sa voiture!).
Si de nombreuses animations du printemps et de l'été sont d'ores et déjà déprogrammées, la Schueberfouer a, elle aussi, fait les frais du covid-19. Pas de manèges cet été au Glacis.
Des musées, des livres, des librairies
Pour retrouver le goût à la culture, à compter de ce 11 mai, il sera possible d'aller au musée. Ils ont la liberté de reprendre leurs expositions. Le Musée national d'histoire et d'art ou le Dräi Eechelen ont, par exemple, choisi d'accueillir le public dès le mardi 12 mai. Toujours sous réserve d'accueillir le public dans des conditions assurant sa sécurité, les bibliothèques, la nouvelle Bibliothèque nationale, le Centre national de littérature et de l’audiovisuel ou les Archives nationales rouvrent aussi leurs rayonnages au public ce 11 mai.
Et pour ceux qui auraient pris goût au virtuel, la BnL propose l’accès, via sa plateforme, à 776 audiobooks et 144.000 ebooks. Mais l'on ne saurait trop vous conseiller d'aller maintenant piocher vos lectures en librairies; elles ont retrouvé le droit de fonctionner.
Comme un parfum de rentrée
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Après les terminales le 4 mai dernier, les élèves de l'enseignement secondaire, en formation professionnelle ou du brevet de technicien supérieur (BTS) sont attendus en cours lundi 11 mai. Mais le prochain temps fort de cette année scolaire bouleversée est attendu le 25 mai. Date annoncée pour la "rentrée" des enfants du fondamental.
Ce retour à l'école n'a pas manqué de soulever de nombreuses interrogations et débats. En témoigne le succès de plusieurs pétitions réclamant un report des cours jusqu'en septembre. Mais ni le ministre de l'Education Claude Meisch, ni le gouvernement, ni les députés n'ont reculé. Estimant que l'enseignement à distance avait fait ses preuves, mais qu'il était temps de retrouver les leçons face à l'enseignant ou de réviser une dernière fois avant les examens.
Bonne nouvelle : pas question de reculer la date des congés d'été. Vivement le 16 juillet donc. Même s'il est loin d'être certain que, d'ici là, on puisse trouver une destination en dehors du Luxembourg pour passer de bonnes vacances...
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