«Les vaccins actuels protègent contre les variants»
«Les vaccins actuels protègent contre les variants»
(pj avec Annette WELSCH) La ''quatrième vague'' s'abattra-t-elle sur le Luxembourg avec le retour des vacances et la rentrée scolaire? Beaucoup le craignent. Pour Gérard Schockmel, infectiologue aux Hôpitaux Robert-Schuman, il faut effectivement s'attendre à une reprise des infections (pour l'instant 74.985 cas covid+), mais sans commune mesure avec celles qui ont précédé.
Docteur, à quoi doit-on s'attendre cet automne ?
Dr Schockmel : «Si vague il y a, elle va rencontrer un terrain différent. Si la pandémie s'est déclenchée à l'échelle du monde, c'est parce qu'il n'y avait aucune immunité face au virus. Il y a un an, peut-être qu'1% de la population luxembourgeoise était protégée, aujourd'hui, grâce aux vaccins, ce pourcentage se rapproche des 70%.
Néanmoins, les chiffres d'incidence risquent encore d'augmenter...
«Cela n'aura plus la même signification, car il y a maintenant cette immunité relative. Ce seront surtout encore des jeunes qui seront contaminés et ils développent généralement une forme bénigne de l'infection. Les personnes non vaccinées ou celles qui n'auraient pas reçu le nombre de doses préconisées seront elles aussi plus à risque.
Mais plus que l'augmentation du nombre de cas covid+, il faudra observer le nombre d'hospitalisations et la gravité des situations. Il ne faut pas oublier que le mot «covid» est la contraction de ''coronavirus disease'', la maladie causée par le coronavirus.
De nouveaux variants risquent-ils d’apparaître avec une possible levée des restrictions au terme de l'actuelle loi covid ?
«Les nouvelles souches apparaissent surtout quand le virus circule de manière incontrôlée, comme c'est le cas dans de nombreux pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique centrale ou du Sud, où seulement 1 à 5% des habitants ont été vaccinés. Nous ne serons donc pas en sécurité tant que tout le monde n'aura pas reçu le sérum adéquat.
Mais de nouveaux variants peuvent apparaître aussi en Occident, notamment chez les personnes immunodéprimées. C'est l'une des raisons pour lesquelles une troisième dose de vaccination est recommandée pour ces sujets plus facilement vulnérables à l'arrivée du coronavirus, notamment les seniors.
Pourquoi tout le monde ne recevrait pas une troisième dose de vaccin ?
Les États-Unis, Israël, l'Allemagne et d'autres pays font effectivement avancer cette idée de troisième dose généralisée. Cependant il n'existe actuellement aucun consensus de la part de la communauté scientifique en faveur de cette triple vaccination pour tous, et particulièrement pour les personnes ayant un système immunitaire normal. Et cela même face au variant Delta.
La question est de savoir ce que l'on attend d'un vaccin. Si l'on veut que plus personne n'ait mal à la gorge, cela devient difficile, il faudrait probablement se faire vacciner tous les six mois. Et encore... Même dans ce cas, il ne serait pas certain que cela fonctionne. À mon avis, la principale attente vis-à-vis du vaccin est qu'il protège contre une forme grave de la maladie. Et les vaccins que nous employons assurent déjà cette protection.
La recherche autour du covid doit encore s'intensifier. Quels sont ses points faibles?
«Oh, il existe encore bien des points à éclaircir! Par exemple, les personnes immunodéprimées (particulièrement à risque) n'acquièrent souvent qu'une faible protection vaccinale, comment conforter leur défense? Dans un avenir proche, il devrait être possible au Luxembourg d'administrer un cocktail d'anticorps à ces personnes en cas d'infection, de préférence dans les 96 premières heures après la découverte de leur positivité au virus. Les dérivés de la cortisone et les immunomodulateurs se sont avérés salvateurs dans les cas graves.
Les approches de recherche actuelles consistent à tester des médicaments connus pour leur efficacité contre la corona. Le grand avantage est que ces médicaments sont déjà produits et que leur profil d'effets secondaires est connu. Toutefois, il n'y aura guère de panacée mais plutôt des médicaments pouvant influencer favorablement les processus pathologiques individuels en fonction du stade et de l'évolution de la maladie.
Pour les pays en développement, il serait souhaitable de développer aussi des vaccins moins sensibles à la température (facilitant leur transport, le stockage et l'injection).
Dans ces pays, l'administration sous forme de pilule ou de spray nasal serait optimale. C'est plus facile, et la formule protectrice atteint directement les muqueuses et y génère l'immunité rapidement. La vaccination par pulvérisation nasale serait particulièrement intéressante car elle entraîne la production d'anticorps à l'endroit même où les virus pénètrent pour la première fois.
N'aurions-nous pas besoin de vaccins contre les nouveaux variants?
«D'abord, la bonne nouvelle est que les vaccins actuels (de première génération) semblent très efficaces pour prévenir la progression de la maladie. De légers symptômes de rhume peuvent apparaître mais ce n'est pas un drame. Ils entraînent également une réponse immunitaire plus large avec une protection accrue contre les variants récents lorsqu'ils sont administrés en tant que vaccin de troisième génération, même s'ils ne ciblent que la variante originale de Wuhan. Cela témoigne de l'incroyable puissance du système immunitaire humain.
Mais l'efficacité des vaccins a diminué par rapport aux variants les plus récents, n'est-ce pas ?
«La protection contre l'infection est quelque peu réduite selon la souche en circulation, mais la protection contre une infection respiratoire sérieuse reste. Le vaccin Pfizer, par exemple, offrait une protection de 94 à 95% contre le développement de tout symptôme par rapport aux variantes circulantes originales. Cette protection passe à 85% face au variant Delta, c'est plus qu’acceptable. Vacciner, vacciner, vacciner reste donc à l'ordre du jour.»
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