Les trains sont «toujours aussi pleins le matin que le soir»
Les trains sont «toujours aussi pleins le matin que le soir»
Par Maurice FICK
Le contrôle renforcé permanent instauré à la frontière franco-luxembourgeoise sur l'A31 après les attentats de Paris, a conduit la SNCF et les CFL à augmenter la capacité dans les trains entre Metz et Luxembourg. A la gare de Thionville, wort.lu a tendu le micro aux frontaliers, ce lundi matin, pour savoir s'ils perçoivent un changement. Ecoutez leurs réactions:
Après de nombreuses années à faire la navette vers le Luxembourg, Laurent -qui prend occasionnellement le train- l'a pris la première fois ce lundi matin pour son rendre sur son lieu de travail au Luxembourg «vu les conditions sur l'autoroute. Je le prends parce que je n'ai plus envie de passer du temps dans la voiture. C'est plus efficace de prendre le train que de passer 1 h 30 dans la voiture, le matin», estime-t-il.
Et il précise, juste avant de monter dans l'une des cinq rames du TER qui fonce vers Luxembourg-Gare entre 6 h 30 et 7 h 30 qu'«il «n'était pas là, la semaine dernière...» Voilà qui change tout... Ou rien, si on en croit certains habitués des quais de la gare de Thionville où -malgré un -2°C affiché au mercure ce lundi matin- des esprits étaient déjà bien échauffés en voyant les retards se cumuler sur le tableau d'affichage.
«Ça a compliqué les conditions qui n'étaient déjà pas très bonnes»
Margaux, prend le train tous les jours, et n'a «pas du tout remarqué de changement». Celui qu'auraient pu occasionner les 2.500 places supplémentaires mises sur les rails par la SNCF, depuis jeudi 19 novembre et jusqu'à ce mercredi 25 novembre inclus, pour l'heure de pointe matinale.
Et pour cause, «on était déjà tellement nombreux et entassés dans les trains, qu'au final, les rames ajoutées ont permis que les gens s'assoient mais, il n'y pas vraiment eu de différence. Avec les frontaliers, qui se sont rajoutés et qui prenaient d'habitude la voiture, on ne voit pas vraiment de différence. C'est toujours pareil, toujours aussi plein le matin que le soir, donc ça ne change pas!» Margaux préfère, malgré tout, prendre le train le matin car «au moins, je suis plus tranquille»... que dans les bouchons sur l'A31.
«C'est vrai qu'en ce moment le train est archiblindé. Vendredi, je l'ai pris plus tôt, et je n'ai pas vu la différence, on verra bien cette semaine...», explique Camélia. Elle pense qu'il y a un lien de cause à effet, immédiat. Le train était «archiblindé» parce que «les gens ne voulaient plus prendre leur voiture pour aller au Luxembourg à cause des contrôles aux frontières, du coup on était vraiment, vraiment beaucoup.»
Etudiante à Luxembourg, Sophia confirme ce sentiment et raconte les conditions de voyage actuellement dans les TER Metz-Thionville: elle «ne sont vraiment pas bonnes. On est tous les uns sur les autres». Selon elle, les contrôles renforcés aux frontières sur l'autoroute ont «compliqué les conditions qui n'étaient déjà pas très bonnes. Là, c'est un peu de pire en pire. Les rames, on nous a dit qu'il y en avait de plus en plus. Mais moi je ne les ai pas vraiment vues.»
«C'est un stress énorme pour aller travailler»
Repérant notre caméra sur le quai, Alicia, demande à pouvoir s'exprimer sur un sujet qu'elle connaît bien pour prendre le train depuis vingt-et-un ans! De façon générale, elle vit le train, «très mal. Tout est en retard, tout est blindé! On n'arrive pas à monter. C'est une catastrophe, c'est terrible», lance-t-elle, sans se fâcher tout rouge pour autant.
Elle explique pourquoi ces conditions de voyage lui pèsent tant: «C'est un stress énorme pour aller travailler. Le matin, le soir». Alicia assure que «ça dure depuis beaucoup plus longtemps» que depuis la seule mise en place des contrôles systématiques sur l'A31, il y a dix jours. «C'est une continuité! Mardi soir je suis arrivée à 20 h 50 chez moi en ayant quitté à 18 heures. On n'arrive plus à être dans le rythme».
On est mal au travail quand on arrive en retard.
Myriam, qui prend le train tous les jours depuis huit ans, témoigne dans le même sens: «Depuis juin, je dirais, c'est continuel. Que ce soit le soir ou le matin».
«Dans le train il y a de plus en plus de monde et puis la voiture, ce n'est pas possible de la prendre. J'ai pris la voiture mardi soir parce que les trains étaient supprimés -enfin on nous annonçait qu'ils avaient une durée indéterminée de retard- et on a mis trois heures pour rentrer! Je suis rentrée chez moi à 21 h 30». Elle note que «les retards le matin sont de plus en plus importants. Et on est mal au travail quand on arrive en retard».
«Une baisse des trains depuis les attentats»
Paul travaille depuis peu dans le domaine de l'audit au Luxembourg et a «fait le choix» de prendre le train à «cause des loyers trops chers au Luxembourg».
Lui, «n'a pas du tout remarqué qu'il y avait plus de places dans les trains. Depuis les attentats de Paris, il a remarqué «une baisse des trains, car beaucoup ont été annulés, voire retardés et donc ça a été extrêmement contraignant. Par exemple, un soir j'ai terminé à 18 h 30 et je n'ai pas pu prendre le train avant 20 h 30 parce que des trains ont été annulés et parce que tout le monde s'est rué à l'intérieur pour arriver à Thionville».
Pour l'instant, le jeune homme, «ne le vit pas comme une contrainte». Mais il imagine que voyager plusieurs années dans ces conditions «peut lasser».
Et pour couronner le tout, une grosse panne d'alimentation électrique -qui s'est produite au niveau des catenaires non loin de la gare de Luxembourg en direction de la France- a considérablement perturbé le trafic ferroviaire ce lundi matin dès 6 heures, côté luxembourgeois.
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