Les syndicats réclament une nouvelle tripartite
Les syndicats réclament une nouvelle tripartite
Juillet 2020. Voilà à quand remonte la dernière réunion d'une tripartite. Pourtant, voilà six mois, Xavier Bettel avait promis de réunir sans tarder syndicats, patronat et ministres pour évaluer la situation du pays et s'entendre sur les mesures à prendre. Sauf que le rendez-vous n'a pas eu lieu, regrettent d'une même voix, OGBL, LCGB et CGFP dans une lettre adressée au Premier ministre. Le trio s'impatientant pour qu'à nouveau chacun se retrouve pour faire le point sur une situation économique et sociale toujours fragilisée.
Deux semaines que le courrier a été envoyé, deux semaines de silence du côté de l'exécutif. «C'est d'autant plus regrettable que la crise rend les échanges de points de vue indispensables, souligne Nora Back, présidente de l'OGBL. Pourtant l'été dernier, chacun semblait d'accord pour dire qu'un deuxième round était indispensable.»
Et puis, le semestre dernier a vu la reprise des infections, de nouvelles restrictions posées, levées, reprises, des aides publiques réajustées, de nouvelles inquiétudes poindre. «Il est donc temps de reprendre un dialogue social dont l'ensemble des partenaires sociaux, UEL incluse, a salué l'efficacité.»
A plusieurs reprises, Xavier Bettel aura repoussé la tenue de cette tripartite nationale. D'abord à l'automne dernier, arguant que les différents chantiers de réflexions qui avaient été listés n'avaient pas encore été menés à bien.
Il était alors trop tôt pour disposer des conclusions demandées au Comité permanent du travail et de l'emploi; pas plus de document définitif sur lequel s'appuyer pour le groupe planchant sur la formation continue ou la transition écologique; guère d'avancée non plus sur les orientations à donner aux investissements publics et privés pour assurer la reprise de l'économie.
Dans le même temps, les partenaires ont dû aussi se focaliser sur les négociations menées autour du devenir de l'aviation et de l'activité sidérurgique. Deux tripartites certes, mais sectorielles seulement. Enfin, au terme de 2020, la situation sanitaire n'a plus permis de rassembler autour d'une même table les trois représentations syndicales à représentation nationale, l'UEL et les ministres impliqués dans la gestion et sortie de crise.
Nouveau patron, même position
Maintenant, LCGB, OGBL et CGFP entendent réveiller le dialogue social. «Que ce soit pour le secteur privé, les indépendants ou les fonctionnaires, on voit bien que les situations ont changé et qu'il faut adapter la réponse du pays à une nouvelle réalité», note un représentant de la Confédération générale de la fonction publique. Mais reste donc à en convaincre le gouvernement, mais aussi l'UEL.
En effet, l'Union des entreprises luxembourgeoises ne jugeait pas ce rendez-vous opportun en novembre encore. Depuis, le patronat s'est trouvé un nouveau président (en la personne de Michel Reckinger) mais n'a pas changé de point de vue. «Nous avions convenu que si tripartite il devait à nouveau y avoir, celle-ci se tiendrait sitôt que l'on pourrait avoir une meilleure visibilité sur la relance possible. Là, nous sortons tout juste d'un semi-reconfinement, et se retrouver nous semble encore un peu prématuré», estime ainsi Jean-Paul Olinger, directeur de l'UEL.
Pour autant, le patronat «répondra favorablement à toute invitation» pour une tripartite, si elle émane du gouvernement. «A l'heure actuelle Xavier Bettel et ses ministres déploient encore leur stratégie. Des échanges sectoriels ou au sein des entreprises permettent aux partenaires sociaux de réagir au cas par cas, et cela fonctionne bien ainsi».
Et si d'autres questions venaient à être soulevées, chacun - syndicats comme patronat - a toute liberté de s'exprimer. «Nous le faisons haut et fort sur le traitement indigne de la situation des indépendants frappés par la crise; je n'entends pas beaucoup les organisations syndicales sur le sujet. Si c'est opportun, pourquoi ne pas aussi alors discuter des sujets pertinents suivants : rémunération de l’activité vs inactivité lors de la crise, convention collective du secteur hospitalier ou encore du mécanisme de revalorisation du salaire social minimum?», note Jean-Paul Olinger.
Sans oublier que les partenaires sociaux ont assez souvent l'occasion de se croiser et débattre sur le terrain, soit via les institutions de la Sécurité sociale (p.ex. CNS), soit via le Comité de conjoncture pour le chômage partiel, qui se retrouvent régulièrement, conclut l'UEL.
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