Les syndicats parlent, Bettel écoute et... à mardi
Les syndicats parlent, Bettel écoute et... à mardi
Xavier Bettel doit souffler. En une invitation, adressée précipitamment et sous pression, il aura réussi à faire chuter la tension entre syndicats et gouvernement de plusieurs crans. LCGB, OGBL et CGFP voulaient un rendez-vous avec le Premier ministre, ils l'ont eu ce jeudi. Mieux ils ont pu faire entendre leurs voix à six membres du gouvernement : Dan Kesrch (LSAP - Travail), Pierre Gramegna (DP - Finances), François Bausch (Déi Gréng- Travaux publics), Lex Delles (DP - Classes moyennes) et Franz Fayot (LSAP - Economie) et Corinne Cahen (DP -Famille).
Un effort salué par la présidente de l'OGBL. Nora Back voyant dans la liste des hôtes «un signal fort, comme quoi ce rendez-vous comptait». Sauf qu'au bout du compte, la rencontre de ce 14 mai laisse un goût d'inachevé . «Au moins, on a pu dérouler chacun notre catalogue de revendications. Mais au-delà, rien», souffle ainsi Steve Heiliger, secrétaire général de la Confédération générale de la fonction publique.
Oui Bettel et ses ministres auront sagement pris note de ce qu'avait à demander la CGFP. Ils auront poliment écouté l'OGBL insister pour que le régime spécial du chômage partiel soit prolongé au-delà de l'état de crise; pour que l'Etat veille à maintenir les emplois autant que possible; que les aides étatiques soient délivrées avec comme contrepartie qu'il ne soit procédé à aucun licenciement dans la société bénéficiaire du soutien. Patiemment encore, le Premier et son équipe auront tendu l'oreille à Patrick Dury.
90% du revenu mensuel
«Pour notre syndicat, confiait le président du LCGB au sortir de la réunion, j'ai réclamé que l'on réfléchisse à la mise en place d'alternative au chômage (comme des chantiers d'insertion ou des travaux d'utilité collective); que l'on puisse organiser une mobilité temporaire de salariés d'une entreprise à l'autre (à l'image du dispositif Jobswitch) en difficulté que l'on donne plus de moyens à l'assurance sociale, et surtout que le montant du chômage partiel soit revalorisé.»
Ainsi, le 2e syndicat du pays veut-il voir le taux reversé passer de 80% à 90% du revenu, et le plafond passer de 2,5 à 5 fois le revenu social minimum. «Pour certaines catégories de la société, le passage au chômage partiel a constitué une perte de revenus énorme, et qui met certaines familles en péril, vraiment.»
Et après? Le gouvernement n'a dit rien repousser, pas plus qu'il n'a validé des propositions. Mais, parole de Premier, on reparlera de tout cela le... 10 juin au cours d'une prochaine réunion. Même pas certain que ce sera d'ailleurs sous la forme de la tripartite, avec l'UEL comme représentant du patronat. «Bettel a dit qu'il verrait en fonction de l'état avancé ou non de la crise sociale si cela mérite une tripartite», relate un peu abasourdie Nora Back.
Plus étonnés encore ont été les syndicats de ne pas recevoir de renseignements concernant le fameux avant-projet de loi covid-19. Le texte marquera les dispositifs pris pour la sortie de l'état de crise, et les trois syndicats ne voudraient pas que le gouvernement ne produise un texte où les mesures exceptionnelles prises au cœur des difficultés ne perdurent au-delà du 24 juin.
«Il y a eu des coups de canif en matière d'organisation du travail, il est temps de retrouver le fonctionnement normal de ce qui se passe dans les entreprises, dans les administrations», suggère Patrick Dury. Sera-t-il entendu? Réponse mardi 19 mai. Cette fois, Xavier Bettel (entouré de ses ministres de la Justice et de la Santé) présentera plus en détails le fond de cette loi «qui ne devra pas être dans la continuité des restrictions actuelles» sous peine de sérieux mouvements sociaux, préviennent déjà les syndicats. A bon entendeur.
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