«Les sangliers se reproduisent de manière explosive»
«Les sangliers se reproduisent de manière explosive»
Au cours des dernières décennies, le Luxembourg a vu la population de ses sangliers croître de manière exponentielle. Entre les années 1980 et 2020, le nombre de bêtes abattues a augmenté de 800%.
«Le sanglier est une espèce qui peut se reproduire de manière explosive grâce à un taux de reproduction élevé», explique Marianne Jacobs, responsable de la chasse à l'administration de la nature et des forêts (ANF). «La tendance ne se limite pas au Luxembourg, elle s'observe dans toute l'Europe.» Le taux de reproduction des sangliers est d'environ 250%», écrit la fédération allemande de la chasse. Là où vivent aujourd'hui 100 sangliers, il y aurait 350 animaux l'année suivante si la chasse n'était pas pratiquée.
Les sangliers font partie des gagnants du changement climatique
Les raisons de l'augmentation des populations sont multiples et sont favorisées par le changement climatique. Le climat plus chaud assure d'une part que «la nourriture est disponible en permanence» et d'autre part que la mortalité diminue en raison des hivers plus doux.
La nature souffre de l'appétit de ces biongulés. «D'une part, la biodiversité animale peut être menacée», estime Marianne Jacobs. Les nids des oiseaux nichant au sol pourraient par exemple être détruits en plus grand nombre, avec les œufs. La diversité végétale en souffrirait également. Une harde de sangliers peut détruire des biotopes importants ou «déterrer de manière sélective des plantes rares comme les orchidées».
Les sangliers constituent un autre problème pour la régénération naturelle. Les porcs mangent les arbres qui repoussent, la forêt ne peut pas se renouveler et devient de plus en plus vieille. C'est un problème majeur, surtout dans le contexte du changement climatique.
Les agriculteurs font partie des victimes
«Les sangliers causent surtout des dégâts financiers aux cultures agricoles», explique Marianne Jacobs. Selon elle, c'est le locataire de la chasse qui prend en charge ces dommages. Si les dégâts se produisent dans des jardins privés, ce n'est pas le cas. Le propriétaire doit les assumer lui-même. Les dégâts dus au fouissement dans les jardins privés sont relativement rares, mais «ces dernières années, nous avons reçu de plus en plus de cas de ce type».
La solution est simple : il faut éviter que les animaux sauvages trouvent de la nourriture. La protectrice de la nature ne pense pas seulement à la nourriture pour chats ou au potager, mais aussi au tas de compost ou à la poubelle qui attirent de nombreux animaux.
Une simple clôture suffit
«Dans la plupart des cas, un jardin clôturé empêche les sangliers de pénétrer», rassure Marianne Jacobs. Il n'y a pas eu d'accident entre les sangliers et les promeneurs «jusqu'à présent au Luxembourg». À l'avenir, le problème des sangliers risque néanmoins d'augmenter. La croissance est loin d'avoir atteint ses limites.
Pour enrayer cette évolution, le ministère de l'Environnement a mis en place un groupe de travail, le «Groupe de pilotage sanglier». «Sa mission est d'élaborer un plan national de gestion du sanglier». La situation sera analysée et des solutions seront proposées.
Des solutions non létales recherchées
«Des études montrent qu'il faut prélever au moins 67% d'une population de sangliers pour la stabiliser», explique Marianne Jacobs. Cette stabilisation n'est envisagée que comme une deuxième étape, avant cela, «il faut une réduction significative». Les solutions non létales, comme la stérilisation, ne sont pas une solution viable, estime l'experte. Néanmoins, «d'autres méthodes conduisant à une augmentation des prélèvements de sangliers sont étudiées dans le plan de gestion du sanglier».
Les sangliers font partie du régime alimentaire des loups
Le soutien pour endiguer la menace d'une invasion de sangliers pourrait venir d'un autre animal sauvage. «Des études menées à l'étranger montrent que le sanglier fait clairement partie du spectre alimentaire du loup : jusqu'à un tiers de la nourriture du loup est composée de sangliers».
Mais jusqu'à présent, il n'y a pas eu de preuve au Luxembourg qu'un loup ait tué un sanglier, selon Marianne Jacobs. Une chose est sûre : le nombre de tirs doit être augmenté si l'on ne veut pas que le nombre de sangliers augmente encore. Pour cela, il est nécessaire de mieux planifier les chasses et d'essayer d'autres méthodes de chasse.
Une meilleure commercialisation de la viande de sanglier
«Il semble que même si les chasseurs sont très disposés à s'attaquer au problème, les méthodes de chasse actuelles échouent à réguler les populations», admet Marianne Jacobs. Actuellement, seuls l'affût, la chasse à l'approche et la chasse en mouvement sont autorisés.
D'autres pourraient être ajoutées à l'avenir. Il faut en outre éduquer les chasseurs. «Il faut essayer d'apaiser la peur des chasseurs de tuer trop de sangliers», explique Marianne Jacobs. En outre, une meilleure commercialisation de la viande de gibier doit également contribuer à augmenter la volonté des chasseurs de conclure des contrats.
Cet article a été publié pour la première fois sur le site www.wort.lu/de
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
