Les rivières malades par abus de médicaments
Les rivières malades par abus de médicaments
Où trouver dicoflenac, estone ou antibiotiques? Pas seulement en pharmacie. En effet, de plus en plus d'analyses indiquent la présence cet anti-inflammatoire, de cette hormone ou de ces autres médicaments dans... les rivières du pays. Notamment la Sûre et l'Alzette. Pour l'heure, le ministère de la Santé entend «relativiser» le problème. En effet, il n'existe pas de normes de qualité environnementales réglementées sur le sujet.
Mais une chose est sûre : pas la peine de pointer du doigt les établissements de santé pour les accuser de favoriser ces concentrations de résidus pharmaceutiques. Car, comme l'a rappelé le ministre de la Santé, Etienne Schneider (LSAP) dans une réponse parlementaire, l'influence des hôpitaux, maisons de soins et centres intégrés pour personnes âgées est bien moindre que l'impact des familles. Un impact qualifié de «primordial» dans la diffusion de ces micro-polluants.
A cela une explication : «Les ménages contribuent, d'une part, à cette charge par l'utilisation et l'excrétion des substances médicamenteuses et, d'autre part, par une élimination non conforme des surplus via éviers et toilettes».
Les stations d'épuration n'étant pas suffisamment à la pointe pour éliminer ce type de composants, une partie se retrouvent dans les rivières après le rejet des eaux traitées. Conséquences? «Augmentation des taux de mortalité, déclin des espèces, altération de l’ADN, déséquilibre hormonal chez certains organismes voire même féminisation des organismes mâles», liste avec inquiétude Marc Hansen.
Un réseau double flux
Pour parer à des concentrations trop massives, le Luxembourg a déjà adopté différentes mesures. Par exemple : l'installation d'un double réseau d'eaux usées en amont des futurs établissements de santé, avec une séparation des fluides avant le réseau urbain. «Ceci permettra d'acheminer séparément ces eaux usées très chargées vers un traitement ciblé des résidus pharmaceutiques», relate Etienne Schneider sans toutefois avancer une date de mise en service obligatoire.
De même, chaque établissement de soins pourrait à l'avenir être doté de son propre système de traitement des eaux. A cette fin, les permis de construire désormais délivrés obligent le constructeur à réserver une surface adéquate sur le terrain à bâtir permettant de raccorder et de traiter les liquides collectés en amont.
L'approche préventive concerne également les exploitations agricoles. Les bêtes soignées par les vétérinaires rejetant elles aussi des composants pas forcément désirables pour les rivières. Aussi, afin d'éviter tout lessivage des déjections animales vers les eaux de surface, le ministère de l'Agriculture a listé une série d'obligations à suivre.
Diagnostic en cours
Voici quelques semaines, la ministre de l'Environnement Carole Dieschbourg (Déi Gréng) avait également annoncé un bilan généralisé du fonctionnement de l'ensemble des stations d'épuration du pays. Occasion de voir leur degré d'efficacité notamment dans le traitement de ces substances chimiques. En 2013, la Cour européenne avait condamné le Luxembourg à 2 millions d'euros d'amende pour des stations d'épuration non conformes.
Concernant la protection de la ressource en eau du pays, un vaste plan de vigilance a lui aussi été lancé par le ministère de l'Environnement. Au lendemain des incidents qui, cet été, ont impacté tour à tour la Chiers, l'Alzette, puis la Sûre, la mesure est loin d'être négligeable.
