Les quatre vérités de Paulette Lenert sur le masque
par Patrick JACQUEMOT/ 10.11.2020
A l'occasion d'une réponse parlementaire, la ministre de la Santé a fait le point sur le rôle de la protection buccale, son bon usage et ses limites mais aussi ses risques.
L'objet est devenu indispensable au quotidien de chacun. Mais le masque de protection face au covid reste l'objet de bien des interrogations. Face à une série de demandes du député Jeff Engelen (Adr), Paulette Lenert a tenu à mettre les choses au point. Une ministre de la Santé rappelant d'abord qu'au Luxembourg, le gouvernement n'imposait pas une obligation générale de masque. L'obligation de «masque sélectif» (foulard, buff, protection couvrant nez et bouche) ne valant que lorsque la distanciation de 2 mètres ne peut être maintenue entre deux individus. Cela étant particulièrement valable dans les magasins ou dans les transports publics.
Tissus, papier, synthétique : que choisir ?
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Quelle qualité de masque adopter? Là encore, le gouvernement joue la carte de la tolérance. Accessoire sanitaire, mais aussi de mode, le masque peut prendre bien des formes et des aspects. Mais, indique Paulette Lenert, «les simples masques en coton sont moins efficaces que les ''masques chirurgicaux'' professionnels». Cependant, une protection tissu, faite maison ou achetée dans le commerce, s'avèrera toujours «nettement meilleure que pas de masque du tout».
Dans le cas des masques papier, la ministre rappelle que leur usage n'est recommandé que pour quatre heures maximum. Devenue humide, la paroi est nettement moins imperméable au virus (covid mais autres infections également).
"Je ne respire plus..."
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Un masque normal réduirait la teneur en oxygène inspirée... «Cela n'a absolument aucune justification ou preuve médicale», tranche Paulette Lenert. D'ailleurs, si en salle d'opération chirurgicale, humidité et température de l'air sont contrôlées, il n'en est rien de la teneur en oxygène dans l'atmosphère respirée.
Concernant la teneur en C02 (dioxine de carbone), la situation est un peu différente. Ainsi, les autorités sanitaires reconnaissent que les personnes atteintes d'une maladie pulmonaire grave peuvent augmenter leur taux de C02 dans le sang en portant un masque. «Ceci est rare avec les masques normaux et plus marqué avec les masques FFP2 qui sont beaucoup plus denses», ajuste la ministre. Mais le Luxembourg a su adapter sa loi à ce désagrément. Ainsi, au pays, chaque personne atteinte d'une maladie où le port du masque n'est pas recommandé ou possible a le droit d'en être dispensée. Sans risque de pénalité.
Par ailleurs, il n'existe à ce jour, «aucune preuve scientifique claire que le masque provoque des problèmes avec des bactéries ou des champignons». Un autre a priori colporté par certains. Par contre, le port du masque chez certaines personnes peut causer des problèmes dermatologiques (irritations ou réactions allergiques). C'est plus particulièrement le cas avec les masques FFP2.
Qui doit porter le masque?
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Les seules exceptions au port du masque concernent les enfants en bas âge et les personnes dont l'usage de cette protection pourrait entraîner une détérioration de l'état de santé (voir ci-dessus). Pour le restant de la population, selon les règles sanitaires, le masque s'impose. Aussi bien pour le serveur de café en plein service, que l'ouvrier sur un chantier ou l'employé administratif dans un bureau quand la fameuse distanciation sociale ne peut être respectée entre collègues.
En crèche, école ou maison relais, les moins de 6 ans sont totalement dispensés du port du masque. L'usage pouvant être perturbant pour les plus jeunes. Pour le reste des catégories d'âge, les chefs d'établissement peuvent aviser au cas par cas. Certains syndicats enseignants ont toutefois demandé à ce que la mesure soit généralisée dans l'ensemble des groupes scolaires. Le ministre, Claude Meisch, n'a pas donné suite.
Cela va durer longtemps ?
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Que l'on se rassure : «Il n'est pas prévu de maintenir un devoir de masque à long terme», indique la ministre de la Santé. Mais dans la mesure où le virus circule largement, au Grand-Duché (9.118 infections actives) comme dans les pays voisins, la protection reste en usage. Et Paulette Lenert de s'étonner tout de même que l'intrusion du masque dans nos vies, privées comme professionnelles, se déroule aussi laborieusement.
Ainsi, l'ancienne avocate plaide : «Il est étonnant que depuis plus de cent ans, les masques soient utilisés dans le secteur de la santé, et que jamais auparavant il n'y ait eu de problème avec ces personnels qui, pourtant, portent souvent des masques, pendant des heures et font un travail physique dur. Et maintenant, tout à coup, il devrait y avoir un problème dans l'éducation, la gastronomie ou la construction, et donc les dispositions du droit du travail».
Un propos tempéré toutefois par la reconnaissance que «l'acceptation sociale du masque dépend de la culture» de chacun. Ainsi, alors qu'en Asie cette habitude est prise depuis plusieurs années, «chez nous ce n'est historiquement pas le cas».
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