«Les propositions de l'OGBL reflètent les intérêts des salariés»
«Les propositions de l'OGBL reflètent les intérêts des salariés»
(JV) - «Il vous faudra tenir compte des propositions de l'OGBL, car elles reflètent les intérêts des salariés, qui constituent une grande partie de la population». C'est ainsi qu'André Roeltgen, président de l'OGBL, résume le message livré par son syndicat, ce lundi 28 mai, aux partis politiques qui prendront place sur les sièges de la Chambre en octobre 2018.
«Pour un syndicat, la négociation des salaires est un élément essentiel», entame André Roeltgen. Pour son syndicat, cette lutte se joue en grande partie sur le principe de l'indexation, qui ajuste les salaires à l'inflation afin de préserver un niveau de vie stable en dépit des fluctuations de l'économie. «Les partis politiques doivent s'engager à respecter cette indexation», exige le président de l'OGBL, inquiet car «cela n'a pas toujours été le cas par le passé».
Une augmentation de 10% du salaire minimum
Le syndicat suggère également une augmentation de 10% du salaire minimum (SSM), dont le montant actuel ne permettrait pas de subvenir à tous les besoins vitaux d'un individu. «Ce n'est pas normal: aujourd'hui au Luxembourg, un salarié qui travaille 40 heures par semaine ne gagne pas assez pour vivre décemment», explique André Roeltgen.
Le 16 avril dernier, le président de la Chambre des salariés (CSL), Jean-Claude Reding, parvenait à la même conclusion, précisant que «le salaire minimum brut n'est que 13.7% au-dessus du seuil de risque de pauvreté».
L'OGBL tient également à mettre en garde les futurs dirigeants contre les dérives potentielles dues au numérique et à internet dans le monde du travail. Il s'agirait donc de mettre en place une meilleure réglementation du télétravail, à même d'éviter que les frontières entre sphère professionnelle et privée ne se brouillent davantage, au détriment des travailleurs.
«Le CDI doit rester la norme»
C'est dans ce même objectif que le syndicat milite pour l'instauration d'un droit à la déconnexion, qui permettrait à chacun de fixer des limites claires à ces deux sphères, à l'heure où un salarié sur deux annonce devoir demeurer joignable par son employeur en dehors des heures de travail.
Le syndicat revendique également un point phare en matière de sécurité sociale: la modification de la loi stipulant la résiliation des contrats de travail en cas de maladie durant plus de 52 semaines sur 104. Si un accord sur ce point a déjà été trouvé entre l'OGBL et le gouvernement, et que l'allongement de cette durée à 78 semaines a été approuvé, André Roeltgen et ses collègues attendent désormais son application concrète au sein de la loi.
Enfin, l'OGBL fustige les contrats de travail dits «atypiques», comme l'intérim, qui nécessiteraient un encadrement plus strict afin de limiter la précarisation de l'emploi. Dans cette même intention, le syndicat stipule que, face au CDD, «le contrat à durée indéterminée doit rester la norme».
«Il faut que l'Europe sociale prenne le pas sur l'Europe économique»
Concernant la politique européenne, l'OGBL rappelle que «la crise économique a déclenché une crise politique et sociale». Une situation qui aurait contribué «au renforcement des idéologies xénophobes et nationalistes en Europe». Plusieurs événements récents en témoignent: le Brexit tout d'abord, qui par l'invocation de l'article 50 du Traité sur l'Union Européenne devrait faire sortir le Royaume-Uni de l'UE le 29 mars 2019.
S'ensuit la reconduction de Viktor Orbán et de son parti nationaliste, le Fidesz, à la tête de la Hongrie le 8 avril 2018. Enfin, en Italie, la coalition entre La Ligue et le MS5, deux partis antisystème et eurosceptiques, débat encore à propos du futur premier ministre, suite au renoncement récent de Giuseppe Conte.
Quel est le point de vue du syndicat sur cette dynamique nationaliste et ses conséquences potentielles sur l'Europe, le Luxembourg et ses travailleurs ? «C'est un danger absolu pour l'Europe, d'un point de vue économique, social et politique», assène André Roeltgen. «C'est une catastrophe rétrograde et réactionnaire, pour tous les pays européens. Mais on peut y répondre positivement, en adoptant une autre politique européenne».
«L'Europe s'est attaquée aux assurances sociales publiques et elle entame des privatisations, comme on peut le constater en France en ce moment. Le résultat de tout cela, c'est une hausse du chômage, ainsi qu'une baisse du pouvoir d'achat et de la qualité du service public. Tout cela nourrit le fonds de commerce des populistes. Pour les contrer, il faut que l'Europe sociale prenne le pas sur l'Europe économique».
Concernant le Luxembourg et ses élections d'octobre, la président de l'OGBL demeure dans la ligne du syndicat, qui se veut politiquement indépendant. «On verra bien le résultat des législatives, on ne sait pas qui constituera le nouveau gouvernement !» conclut-il. «C'est bien pour cela que l'on donne nos revendications, afin de discuter au mieux avec les politiques et le patronat».
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