Les patrouilles privées restent sujet de discorde
Les patrouilles privées restent sujet de discorde
L'entreprise de gardiennage choisie par la Ville de Luxembourg depuis décembre pour sillonner le quartier Gare notamment doit-elle s'arrêter ? Certainement pas pour la bourgmestre de la capitale et le conseil échevinal. «Immédiatement» à entendre les conseillers Déi Lénk, Déi Gréng et LSAP. Mais lundi, la motion déposée par les trois partis d'opposition communale n'a rien pu changer à la situation.
Pourtant, la critique est sévère. «Poudre aux yeux», «populisme», clament les uns. «Les entreprises de gardiennage n’ont pas dans leurs attributions habituelles la surveillance des voies publiques à caractère préventif. Cette mission est uniquement dévolue par le législateur à la force publique», estime Guy Foetz par exemple. Et l'élu Déi lénk dénonce «la présence de deux forces de l’ordre ou de sécurité, l’une publique et l’autre privée, entraînant un mélange de coopération et de concurrence qui mine le monopole d’État sur la force publique et la confiance du public envers la police».
Point de tout cela pour la bourgmestre qui, depuis des semaines, tente d'en finir avec cette polémique. Droite dans ses bottes, l'élue DP assume ses choix. D'autant que maintenant elle s'appuie sur le résultat d'une enquête menée auprès de 511 habitants du quartier. Pour 58% des personnes interrogées courant février, il existe bien un sentiment d'insécurité qui mine leur quotidien. Mieux encore pour la députée-maire : 68% des sondés reconnaissent que les patrouilles effectuées par une entreprise privée participent à les rassurer.
Nous ne pouvons pas attendre deux ans
Lydie Polfer, au sujet des renforts de police annoncés
Aussi, Lydie Polfer ne fait-elle que répondre avec ses moyens à l'«appel au secours» de ses concitoyens. En conseil communal, la bourgmestre a aussi rappelé qu'elle avait bien entendu le ministre de la Sécurité intérieure assurer des effectifs de police renforcés sur cette zone à problème de la capitale. «Mais nous ne pouvons pas attendre deux ans», rétorque-t-elle à Henri Kox. «Nous ne remettons pas en cause le statut de la police en tant que pouvoir public. Tout comme, nous ne voulons pas dire que la police ne fait pas son travail», a insisté Lydie Polfer justifiant une prolongation de deux mois du contrat pour ses patrouilles privées assurées par GDL Security.
Un contrat toujours qualifié d'«illégal» par l'opposition. Mais un contrat que la Ville envisage bien d'étendre au quartier voisin de Bonnevoie. Les discussions restent engagées sur le sujet, mais la bourgmestre y tient. Tout comme elle entend y faire jouer plus avant encore le rôle de médiateur aux équipes de l'asbl A vos côtés déjà en fonction autour de la gare centrale. Et cela même si ses opposants lui rappellent que ce choix «n'est pas la solution au problème».
Jeudi 4 mars, Lydie Polfer a rendez-vous avec la ministre de la Santé. Il sera question de ces deux quartiers dans cette entrevue avec Paulette Lenert (LSAP) et notamment de la prise en compte de la gestion des toxicomanes sur ce secteur. Où sont par exemple les structures d'accueil promises par l'ancien ministre Etienne Schneider? Qu'en est-il de l'ouverture d'une autre ''salle de shoot'' ailleurs dans la capitale?
Autant de questions qui feront écho à l'intervention récente à la Chambre du député François Benoy. Le conseiller communal Déi Gréng s'était déjà ému du manque de structures de prise en charge du public toxicomane.
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