Les ventes d'occasions ne compensent pas les pertes
Les ventes d'occasions ne compensent pas les pertes
Les carnets de commandes des concessionnaires luxembourgeois ne sont certes pas au mieux, mais pas vides. Pourtant, le secteur automobile ne réussit pas à quitter le marasme qui lui colle à la carrosserie depuis début 2020. Après les fermetures des concessions liées à l'épidémie, voilà la pénurie de composants électroniques qui freine (voire stoppe) tout espoir de reprise. Du coup, les garages accusent des délais de livraison toujours plus longs. «Tout ce qui va être vendu aujourd'hui va être livré. Mais pour la très grande majorité des modèles, cela se fera d'ici plusieurs mois. Certains véhicules affichent des délais de livraison d'un an. Cela varie terriblement d'une marque à une autre», explique Philippe Mersch, président de la Fédération des distributeurs automobiles et de la mobilité (Fedamo).
Conséquence directe de ces problèmes d'approvisionnement, l'immatriculation de véhicules continue de chuter au Luxembourg. Avec 2.952 nouvelles immatriculations, octobre 2021 enregistre ainsi une baisse de 25% par rapport à l'an dernier. «Si on regarde en 2019, qui était une année plus représentative, on est même à 40% de baisse des immatriculations sur cette même période. Ce chiffre permet de voir dans quelle situation dramatique se trouve la profession aujourd'hui.»
Ce net ralentissement de l'activité ne reste pas sans effet sur les quelque 5.000 salariés de la branche. S'ils peuvent pour l'instant prétendre au chômage partiel, la situation des vendeurs, préparateurs, mécaniciens et autres personnels chargés de l'administration reste imprévisible pour 2022. Signé en février 2021, un plan de maintien dans l'emploi sectoriel (d'abord mis en place jusque juin) a été prolongé jusqu'au 31 décembre. «Pour ce qui est de l'an prochain, les démarches se préparent au niveau du gouvernement pour le rendre attentif sur notre situation», indique le président de la Fedamo.
Mais Philippe Mersch ne se fait guère d'illusion : le secteur automobile ne connaîtra aucune amélioration avant mi-2022, a minima.
Et il ne faut pas compter sur le marché de l'occasion pour espérer remonter la pente. «Si nous ne livrons pas de voitures neuves, nous ne reprenons pas les véhicules précédents non plus.» Du coup, dans cette gamme-là aussi, les professionnels de l'auto voient leur offre fondre. Cela alors que les véhicules proposés par les particuliers eux s'échangent plus vite, mais aussi à des niveaux de transaction plus élevés.
A défaut de trouver des modèles avec déjà quelques kilomètres au compteur à négocier localement, certains concessionnaires luxembourgeois n'ont pas tardé à se tourner vers le marché étranger. Mais de l'autre côté des frontières, les "bonnes occasions'' ne courent pas les rues. Du coup, ce marché des voitures de seconde main voit ses prix partir à la hausse. Plus de demandes que d'offres.
Le Luxembourg reste tout de même le moins à plaindre de ses voisins. En Allemagne, Belgique ou en France, la chute des immatriculations au mois d'octobre 2021 a été plus vertigineuse encore : -35% par rapport à octobre 2020. Et dans son ensemble, le marché européen du neuf accuse une baisse de 30%. «Il s'agit du nombre d'immatriculations le plus bas, au niveau européen, depuis que l'on a ces statistiques. C'est quand même assez impressionnant...» Préoccupant serait le juste terme même.
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