Les jeunes apprennent à lutter contre les fake news
Les jeunes apprennent à lutter contre les fake news
Effets indésirables liés aux vaccins, restrictions drastiques imposées aux non-vaccinés, apparition d'un nouveau variant... La pandémie, c'est aussi autant de nouvelles qui jouent et influent sur les émotions. Partagées sur les réseaux sociaux, ces informations se trouvent parfois être totalement erronées, ce qui ne les empêche pas de circuler. L'apparition du covid sur la planète s'est bel et bien accompagnée de la propagation d'un second virus, celui de la désinformation.
«Des fausses informations, il y en a toujours eu. Mais maintenant, avec les réseaux sociaux, elles sont beaucoup plus visibles, même si elles ne sont pas forcément plus nombreuses», déplore Karin Weyer, directrice de Respect.lu. Un constat qui a poussé le centre de lutte contre la radicalisation à ouvrir une nouvelle formation à destination du personnel des écoles et des éducateurs en septembre 2021. Son thème : les théories du complot. «L'idée est d'apprendre aux participants ce qu'est le complotisme, comment il fonctionne et quel est son rôle dans la radicalisation.»
Une fois formés, les professionnels du monde de l'éducation peuvent plus facilement engager la conversation avec leurs élèves, afin de les aider à développer un esprit critique face aux informations qui circulent. «C'est très important d'en parler, de travailler avec les jeunes sur ce qu'est la désinformation et sur ce que l'on peut dire ou pas sur les réseaux sociaux, puisqu'ils en sont des utilisateurs quotidiens», appuie Karin Weyer.
Si cette sensibilisation peut s'effectuer tout au long de l'année dans les différentes matières qui composent le cursus des écoliers, elle trouve particulièrement sa place dans un nouveau cours initié à la rentrée 2021. Les «sciences numériques» ont fait leur apparition au programme dans 18 classes de septième du pays. «Le fait qu'il y ait autant de lycées pilotes, alors que nous pensions avoir seulement trois ou quatre demandes, démontre bien qu'il y a un fort besoin sur le terrain», se réjouit Claire Flammang, coordinatrice de ce nouvel enseignement pour le Service de coordination de la recherche et de l'innovation pédagogiques et technologiques (Script).
Aux côtés de la robotique, de l'intelligence artificielle ou encore de l'échange des données, le thème de l'information - et de la désinformation - est donc abordé avec les élèves. Une manière de sensibiliser les lycéens sur leur utilisation des outils numériques. «C'est une branche qui leur permet de découvrir les coulisses des médias, et ainsi de mieux comprendre le contenu qui est proposé à la consommation. Ils peuvent ensuite développer un esprit critique grâce à leur base de connaissances», poursuit la professeure.
De la surinformation à la non-information
La vérification des informations est donc une thématique qui a redoublé d'importance avec la pandémie. Si les jeunes Luxembourgeois ne semblent pas être plus perméables qu'auparavant face aux fausses informations qui circulent, ils y sont davantage exposés, estime Veronica Rocha. «Les jeunes se sont beaucoup informés au début de la pandémie, puis cette surinformation s’est estompée avec le temps. Maintenant, ils sont dans une démarche plus passive», indique la responsable communication du Centre psycho-social et d’accompagnement scolaires.
Un constat partagé par Carmen Michels de BEE SECURE. «Nous remarquons via notre helpline, qui permet de signaler les contenus haineux, et lors de nos formations sur le terrain, que la propagation des théories du complot a particulièrement été renforcée», indique la chargée des projets de formation.
L'organisme, qui vise à promouvoir une utilisation plus sûre des technologies, intervient à la demande des enseignants dans les classes luxembourgeoises. «Le nombre de modules concernant la désinformation est resté stable avec la pandémie. Sur l'année 2020-2021, nous en avons réalisé 150», détaille Carmen Michels.
Intitulé «check your facts» cette formation de deux heures s'est refait une beauté, incluant spécifiquement des exemples de fake news liés à la pandémie de covid. «Au cours de cette intervention, nous expliquons aux élèves comment questionner les informations en analysant des exemples récents. Le but est de créer une distance entre l'adolescent et l'information pour qu'il puisse éviter de réagir à chaud.»
Grâce à ces différents modules, les jeunes Luxembourgeois semblent pour la plupart disposer de toutes les clés en main pour débusquer les fausses nouvelles. «Les jeunes sont habitués à multiplier leurs sources d’information pour se forger leur propre opinion», estime Veronica Rocha.
Un constat qui ne s'applique cependant pas à leurs parents, dont l'implication est pourtant primordiale pour éviter aux adolescents de tomber dans une spirale de désinformation. «Pour les adultes, il faudrait des formations, mais également des campagnes de sensibilisation sur ce qu’on n’a pas le droit de dire, et sur le fait que la liberté d’expression a des limites», avance Karin Weyer. «Facebook n’est pas le café du coin, il y a une preuve de tout propos erroné, et il peut y avoir des conséquences.»
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