Les inégalités frappent de plus en plus le Luxembourg
Les inégalités frappent de plus en plus le Luxembourg
Dans la foulée du discours sur l'état de la Nation et des réactions politiques regrettant l'absence de mesures pour réduire les inégalités sociales et juste avant la journée internationale pour l'élimination de la pauvreté ce 17 octobre, le Statec fait le constat: «Les inégalités augmentent mais pas la pauvreté». Comme le résume ce mardi le directeur du Statec, Serge Allegrezza, en présentant le 15e rapport «Travail et cohésion sociale» à Luxembourg-Kirchberg.
Au cours des dix dernières années la pauvreté est tendanciellement en augmentation d'une année à l'autre mais «c'est la première fois qu'on remarque une stagnation avec un taux de pauvreté de 18,3% en 2018. Nous étions à 18,7% en 2017», explique Jérôme Hury, responsable de la Division des statistiques sociales au Statec.
En considérant une population totale de 613.894 habitants au 1er janvier 2019, le Statec a calculé que 105.620 personnes vivent sous le seuil de pauvreté au Luxembourg. C'est-à-dire qu'elles se débrouillent avec moins de 2013 euros par mois.
Moins de 979 euros par mois
En moyenne, le revenu disponible pour un adulte est de 3.990 euros par mois au Grand-Duché. Mais «dix pour cent de la population touche moins de 979 euros par mois. C'est dix fois moins que les dix pour cent de la population les plus aisés qui gagnent 9.882 euros par mois», souligne Jérôme Hury.
Son meilleur indicateur d'inégalités, le «coefficient de Gini» est en hausse. C'est mauvais signe. Il n'a même jamais été aussi élevé depuis 2003. Le coefficient est de 0,33 en 2018. Sachant qu'un coefficient de 0 signifie qu'il n'y a aucune inégalité.
Niveau de vie décent
Le Statec a calculé que pour avoir un niveau de vie décent au Luxembourg en 2019, une famille avec deux enfants devait disposer d'un minimum de 4.215 euros par mois. Sans surprise, 63% de ce budget familial permet de payer son logement (39%) et de s'alimenter (24%). Il faut y rajouter les 10% consacrés au transport.
Les dépenses incompressibles, c'est-à-dire celles auxquelles le ménage ne peut échapper parce qu'il a signé des contrats (loyer, charges, remboursements de prêts, assurances, cantine, abonnements) représentent 36% de son budget mensuel, en moyenne à l'échelle du pays. Des dépenses qui augmentent le risque de pauvreté des ménages puisque pour les foyers les plus exposés, cette part incompressible grimpe à 42% du budget.
L'emploi n'est pas un rempart contre la pauvreté
Avoir un travail n'immunise pas totalement contre la pauvreté. Le rapport révèle que l'an passé, 13,4% des salariés étaient exposés au risque de pauvreté parce que le revenu du ménage n'est pas suffisant pour couvrir toutes les dépenses mensuelles.
«C'est souvent le cas de ménages monoparentaux qui sont extrêmement plus exposés à la pauvreté (40,7%) et des familles avec plus de deux enfants (27,8%) que le taux moyen de 18,3%. Le risque est quatre fois plus élevé pour un chômeur que pour une personne qui travaille», résume Jérôme Hury.
Sans coup de pouce de l'Etat via les transferts sociaux (indemnités chômage, allocations familiales, etc.) «le taux de risque de pauvreté serait encore bien plus grand au Luxembourg et culminerait à 27,5% au lieu de 18,3%», souligne le responsable des statistiques sociales au Statec. L'Institut national de la statistique et des études économiques estime que sans les chèques-services accueil, ce taux grimperait encore d'un point de pourcentage.
