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Les frontaliers, phénomène «vital» pour le pays
Luxembourg 3 min. 13.02.2020 Cet article est archivé

Les frontaliers, phénomène «vital» pour le pays

La question démographique de la Grande Région est intimement liée à la réussite économique du Luxembourg.

Les frontaliers, phénomène «vital» pour le pays

La question démographique de la Grande Région est intimement liée à la réussite économique du Luxembourg.
Photo: Guy Wolff
Luxembourg 3 min. 13.02.2020 Cet article est archivé

Les frontaliers, phénomène «vital» pour le pays

Olivier TASCH
Olivier TASCH
Les 200.000 personnes qui franchissent quotidiennement la frontière pour travailler au Grand-Duché représentent 45% de la population active. D'ici 2035, elles pourraient être 80.000 de plus, note le Conseil économique et social (CES) dans un avis présenté jeudi.

Sans travailleurs frontaliers, pas de réussite économique pour le Luxembourg. Aujourd'hui, ils représentent près de 45% de la population active, soit quelque 200.000 personnes. D'après l'avis du CES présenté ce jeudi, ils seront entre 50.000 et 80.000 de plus d'ici 2035. Un véritable défi en termes de démographie, de mobilité, de formation ou encore de logement. Mais aussi une mise à l'épreuve pour la cohésion sociale du pays et de la Grande Région dans son ensemble.

Si le pays entend conserver son rythme de croissance, cette augmentation des frontaliers apparaît comme inéluctable, dit en substance le président du CES Jean-Jacques Rommes. D'après lui, «il y a énormément d'intérêt pour ce qui se trame dans les couloirs du palais, beaucoup moins pour les questions qui touchent au travail frontalier». Au point que «beaucoup de Luxembourgeois n'ont pas conscience du caractère vital» du phénomène, trop souvent résumé aux problèmes de trafic.

Décroissance démographique

Le vivier dans lequel pêche le Luxembourg, majoritairement dans un rayon de 30 kilomètres autour des frontières, se réduit à peau de chagrin. Il y a d'ailleurs déjà plusieurs plusieurs dizaines de salariés au Luxembourg qui résident officiellement à plus de 200 km du pays, à Charleroi ou Wavre par exemple. 

Selon le CES, l'avenir du pays dépendra donc de territoires situés bien au-delà de la Grande Région. C'est là qu'il pourrait trouver le personnel qualifié dont il a besoin pour maintenir sa compétitivité.  En 2035, le Luxembourg comptera entre 110.000 et 178.000 nouveaux emplois, dont seuls 56.200 pourront être comblés par la hausse envisagée de sa population active résidente.  

L'enjeu principal pour le Grand-Duché demeure d'attirer de plus en plus de main-d'œuvre pour assurer son niveau de vie élevé. Mais les prévisions démographiques pour la Grande Région ne sont pas réjouissantes et viennent même «mettre en péril l'équilibre du marché du travail», estime le CES. 

Entre 2014 et 2035, le réservoir de travailleurs, les personnes entre 15-64 ans, afficherait ainsi 666.100 unités de moins. Ce potentiel de population active en déclin se prépare dans toutes les régions frontalières. Seul le Grand-Duché tire son épingle du jeu et suit une pente ascendante pour atteindre 528.000 actifs en 2050.   

Face à ces défis, la question de la coopération avec les pays voisins semble d'autant plus marquée. Le CES relève que sur toutes les thématiques qui touchent la Grande Région, le Luxembourg peut décider seul puisqu'il est le seul Etat souverain. «Ce n'est pas le cas des régions frontalières avec qui nous sommes censés régler les problèmes, les centres de décisions de nos voisins sont éloignés», note Jean-Jacques Rommes. Il cite plus particulièrement le cas de la Lorraine dont le centre de gravité s'est fondu dans un ensemble plus vaste, à savoir le Grand Est. Pour le fonctionnement de la Grande Région, «cela complique encore un peu plus les choses».


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