Les étoiles du «Royal» pâlissent face au covid
Les étoiles du «Royal» pâlissent face au covid
A l'image de tous les hébergements payants du Luxembourg, «Le Royal» est victime de la pandémie du covid-19 qui dure et du tourisme en berne. Même si les bons d'hébergement lui apportent une petite bouffée d'espoir. Philippe Scheffer, qui dirige depuis plus de 30 ans l'hôtel sur le boulevard éponyme de la capitale, décrit la situation de l'intérieur et comment il voit l'avenir à court terme.
Voilà près de six mois que la situation dure. Vous pensez avoir les reins suffisamment solides pour tenir combien de temps ?
Philippe Scheffer : «On fait des calculs jusqu'à la fin de l'année. S'il n'y a pas de reprise d'ici là, nous serons vraiment en difficulté. Je pense que nous pourrons tenir jusqu'au courant de l'année prochaine. Mais si on cesse par exemple le chômage partiel, ce sera très difficile. Il va falloir que les autorités continuent de soutenir le secteur de l'hôtellerie.
Comment voyez-vous les choses évoluer ?
«Les entreprises qui font des efforts pour assurer leur trésorerie, empruntent. Mais ça va les empêcher, à moyen terme, d'investir parce qu'il ne s'agit que d'emprunt pour disposer de trésorerie. Cela signifie que ces ressources vont manquer à beaucoup de commerces et pas seulement à l'hôtellerie-restauration. Heureusement nous avions fait des gros travaux en 2015-2016 pour plus d'une vingtaine de millions d'euros et cela nous soutient aujourd'hui.
Avez-vous réduit la voilure au niveau de votre personnel ?
«Notre établissement compte autour de 190 employés. Mais oui, nous avons réduit le personnel en ne remplaçant pas les départs. Mais heureusement que nous avons eu recours au chômage partiel car pour l'activité hébergement, nous avons réduit par quatre le remplissage de l'hôtel sur le mois de juillet.
Mais l'établissement est toujours resté ouvert...
«Nous avions gardé l'hôtel ouvert dans l'esprit de répondre à l'accueil de personnel sanitaire. L'hôtel Royal a un rôle qui dépasse le tourisme pour accueillir des personnes alitées ou, en cas de besoin, des personnes venant de l'extérieur. Mais pendant tout le confinement on a tourné avec moins de dix chambres occupées par jour. Sur un total de 210 chambres.
En mars-avril, nous avions alors une moyenne de 20 employés au quotidien dans l'hôtel. Les autres étaient en chômage partiel ou en télétravail pour ceux qui le pouvaient. Actuellement, comme pour tout le mois d'août, j'ai environ une soixantaine d'équivalent temps plein qui travaillent dans l'établissement.
Voulez-vous dire que vous sentez les balbutiements d'une reprise ?
«Non, on voit qu'il y a une activité différente que celle que nous avons connue avec un petit peu plus de tourisme le week-end. Des locaux ou des gens qui viennent de la Grande Région pour visiter le pays. On n'a pas beaucoup de gens qui viennent de très loin.
Certains sont de passage, phénomène que l'on connaît chaque été, comme les Néerlandais qui vont dans le Sud de la France et qui s'arrêtent au Luxembourg. Mais c'est très faible... Nous tournons en ce moment avec une trentaine de chambres occupées par jour, en moyenne. Habituellement, nous avons une centaine de chambres occupées au mois d'août.
Avez-vous senti l'effet du bon à 50 euros pour relancer le tourisme ?
Nous le ressentons. Il y a de l'intérêt, des gens qui veulent effectivement profiter de l'occasion pour se faire plaisir. Je ne sais pas s'il y a un sentiment civique à travers tout cela. En tout cas, il y a des consommateurs qui veulent consommer luxembourgeois ou à Luxembourg et cela se ressent. Nous avons effectivement un certain succès avec ces bons que nous allons surtout ressentir les week-ends. En fin de semaine nous pouvons arriver à une soixantaine de chambres occupées en tout».
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
