Les Etats européens inégaux face aux effets du covid
Les Etats européens inégaux face aux effets du covid
(pj avec Annette Welsch) Au cours des dix premiers mois de l'année, les taux d'infection covid mesurés ont été les plus élevés en Belgique, République tchèque, Espagne et... Luxembourg. C'est ce que souligne un récent rapport de l'OCDE sur la santé en Europe portant sur 31 pays. Le Grand-Duché fait ainsi partie des Etats comptant plus de 25.000 infections au coronavirus confirmées par million d'habitants.
Ainsi le virus, découvert en Chine voilà tout juste un an, a non seulement infecté différemment les populations en fonction de leur pays de résidence, mais aussi différemment impacté la mortalité engendrée en fonction des mesures sanitaires prises ou non. Reste le bilan relevé fin octobre par l'Organisation de coopération et de développement économiques : sur 528 millions d'habitants, plus de sept millions étaient infectés; 220 000 en étaient morts. Aujourd'hui, les données officielles du ministère de la Santé luxembourgeois déplore 321 victimes en lien avec l'infection pulmonaire et plus de 35.000 cas positifs dépistés depuis le printemps.
Côté mortalité en lien avec le Sars-Cov2, le Grand-Duché a réussi à maîtriser la situation mieux que d'autres. Figurant sur ce critère au milieu des statistiques relevées. Ainsi, sur les 31 pays étudiés, les estimations du taux de mortalité varient entre 0,17 et 1,7%. Au 31 octobre, le Royaume-Uni enregistrait le plus grand nombre de décès en chiffres absolus avec plus de 46.000 victimes du covid, suivi par l'Italie, la France et l'Espagne (avec plus de 35.000 morts chacun).
Mais rapporté à la taille de la population, la Belgique arrive malheureusement en tête de ce sinistre palmarès européen, avec plus de 1.000 décès par million d'habitants. Le royaume étant suivi par l'Espagne, le Royaume-Uni, l'Italie, la Suède et la France - tous avec plus de 500 décès par million d'habitants.
Cependant, l'OCDE souligne que les taux de mortalité plus ou moins élevés du covid ne sont pas nécessairement dus aux choix des politiques gouvernementales. La proportion de personnes âgées parmi la population d'un Etat, la prévalence de certains facteurs de risque (comme obésité et diabète), l'intensité du tourisme et des voyages internationaux à destination et en provenance du pays, ainsi que la densité de la population étant susceptibles d'avoir influencé la mortalité en lien avec le coronavirus.
Fatal aux seniors d'abord
Ainsi, indique l'OCDE, en général, les seniors et les personnes souffrant de pathologies préexistantes ont été touchés de manière disproportionnée. «Dans presque tous les pays, 90% des décès dus au covid-19 avaient plus de 60 ans, et dans de nombreux pays, la moitié des personnes décédées étaient des résidents de maisons de retraite et de maisons de soins.»
Pour mémoire, au Luxembourg, le premier cas de covid 19 a été confirmé le 29 février, et le 13 mars il était recommandé aux maisons de retraite de ne plus accepter de visiteurs. Cependant, des directives n'ont pas été émises pour tous les foyers et il a été laissé au libre choix des directions d'agir pour protéger au mieux leurs résidents.
Dans son étude, l'OCDE a aussi pris le pouls de la santé économique des Etats européens. Et de noter qu'au deuxième trimestre 2020, le produit intérieur brut (PIB) avait chuté de 13,9 % en moyenne dans les pays de l'UE par rapport au deuxième trimestre 2019. Grâce à la généralisation du chômage partiel dans la majeure partie du continent, le taux d'emploi a cependant été relativement peu affecté, avec une baisse de 2,9%.
Selon les analystes, les pays les mieux préparés et qui ont réagi rapidement en renforçant les stratégies de dépistage et de traçage étaient plus susceptibles d'éviter les mesures et restrictions de confinement les plus strictes et les plus coûteuses. Cela a été le cas du Luxembourg qui, d'emblée a investi dans un dépistage massif de la population (plus de 1,37 million de tests réalisés à l'heure actuelle).
Mais l'Organisation a pu constater que la majorité des pays européens ont pris des mesures de lockdown et des restrictions similaires afin d'éviter une croissance virale incontrôlable et préserver leur système de santé. Trois catégories de mesures ont été utilisées : la distanciation sociale (avec le télétravail, la fermeture des zones non essentielles et des écoles) ; l'application de règles d'hygiène strictes et des mesures de protection (port du masque par exemple) ; le dépistage et la recherche des contacts des personnes infectées avec isolement.
Et à ce titre, l'OCDE note que le Luxembourg est l'un des pays qui a enregistré le plus faible «taux de bannissement» de citoyens, d'élèves et d'étudiants, et le plus faible taux de fermeture de magasins, de restaurants et de bars (en tout cas pour cette étude menée avant les dernières annonces concernant l'HORESCA). D'autre part, indique l'étude, le marasme économique a jusqu'à présent été limité, bien que les taux d'infection aient été parmi les plus élevés faut-il tout de même rappeler.
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