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Les enjeux des élections sociales
Luxembourg 1 4 min. 12.03.2019 Cet article est archivé

Les enjeux des élections sociales

Les enjeux des élections sociales

Photo: Shutterstock
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Les enjeux des élections sociales

Sophie WIESSLER
Sophie WIESSLER
Ce 12 mars marque une double élection au Luxembourg. Plus de 520.000 salariés et retraités sont appelés à élire leurs représentants en entreprises, mais aussi à la Chambre des salariés. Explications.

Moins médiatisées que les élections législatives du 14 octobre 2018, les élections sociales relèvent pourtant d'un enjeu sociétal. Quelque 526.476 salariés et retraités sont appelés à élire leurs représentants directs. De ce fait, ces élections sociales constituent le suffrage le plus démocratique du pays. Pourtant, avec un peu plus d'un tiers de votants (35,6% en 2013 et 36% en 2008), ces élections ne suscitent guère l'enthousiasme.

Que ce soit pour élire les soixante membres de la Chambre des salariés (CSL) ou les délégués syndicaux nommés dans les entreprises. Pour rappel, la loi prévoit que les entreprises de 15 à 25 salariés élisent un délégué et un suppléant, alors qu'ils doivent être 25 dans les sociétés ayant 5.100 à 5.500 salariés. Tous ont pour mission d'être l'intermédiaire entre salariés et direction.

La CSL a elle, une vocation nationale. Jean-Claude Reding, actuel président de la Chambre, la qualifie même de «Parlement du travail», lors de notre entretien publié en février dernier.

Point sur la situation actuelle

Cette année 2019 marque un engouement particulier pour les élections sociales. En effet, le nombre de candidats en lice dans chaque syndicat a augmenté par rapport à l'année 2013. L'OGBL revendique ainsi un «nouveau record» avec 5.120 candidats pour 710 entreprises actives dans tous les secteurs d'activité.

De son côté, le LCGB aura réussi à mobiliser 500 candidats de plus qu'en 2013, avec 3.750 candidats en lice dans 456 entreprises. Quant à l’Aleba, il présente 954 candidats dans 164 établissements bancaires, le syndicat étant uniquement actif au sein des acteurs de la Place.

Depuis 2013, l'OGBL est le syndicat dominant dans les neufs secteurs qui composent la Chambre. Avec 38 sièges sur 60 obtenus à l'issue du scrutin, le syndicat avait largement dominé ses adversaires lors des précédentes élections. Le LCGB à l'époque, avait perdu un siège par rapport à 2008 en raflant 15 sièges.


Enjeux pour le secteur financier

Si l'équilibre des forces ne sera pas fortement bouleversé pour ces élections 2019, un secteur attire toutefois particulièrement l'attention: le groupe 4, axé sur la finance. En effet, le syndicat représentatif de ce secteur, l'Aleba, avait été affaibli lors des précédentes élections: bien qu'il soit sorti en tête avec 4 sièges, l'OGBL faisait figure d'outsider en raflant trois sièges.

Déjà vacillant aux dernières élections, l'Aleba risque gros ce mardi 12 mars; c'est tout l'avenir du syndicat qui se joue ici. D'autant qu'il a dû faire face à la démission de son président, Roberto Scolati, en janvier dernier et à deux licenciements qui font grand bruit dans la presse.

A contrario, la majorité absolue de l'OGBL sera-t-elle assurée encore une fois dans tous les secteurs pour ces élections 2019? Cela reste à voir.

La digitalisation au cœur des programmes

Une fois n'est pas coutume, les principaux syndicats du pays ont axé leurs campagnes sur les effets de la numérisation sur les emplois. Si tous s'accordent sur les bienfaits du numérique, ils soulignent toutefois des problèmes importants, liés notamment aux «effets négatifs sur les relations et les conditions de travail».

L'OGBL revendique ainsi le «renforcement de la protection du salarié pendant toute sa carrière professionnelle» tandis que le LCGB souhaite préparer «aujourd'hui les conditions de travail de demain en veillant à un développement d'une digitalisation dans l'intérêt du salarié».

Qui pour succéder à Jean-Claude Reding?

A la tête de la Chambre des salariés depuis plus d'une décennie, Jean-Claude Reding va-t-il à nouveau s'ouvrir une voie royale pour un troisième mandat? Face à lui, André Roeltgen, président actuel de l'OGBL, avait été élu in extremis en finissant neuvième sur la liste de son groupe socio-professionnel en 2013. Fera-t-il mieux cette année?

Ou la surprise viendra-t-elle plutôt du côté de Nora Back? À 38 ans, celle qui était membre du bureau exécutif du syndicat depuis 2014, a été élue en juillet 2018 numéro deux du parti. Si l'OGBL poursuit sa lancée lors de ces élections sociales, verra-t-on une femme à la tête du premier syndicat du pays en 2024?

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