Les enfants sous la menace du surpoids
Les enfants sous la menace du surpoids
Déjà avant la crise, quatre résidents luxembourgeois sur dix ne pratiquaient pas une activité physique suffisante. Si le phénomène n'est pas nouveau, la pandémie de covid-19 aurait néanmoins indéniablement accentué la tendance à en croire les professionnels de santé du pays. Une tendance qui serait de plus en plus visible chez les enfants et adolescents.
Si aucune donnée précise n'existe pour l'heure sur les conséquences des restrictions sanitaires, le premier constat des professionnels de santé est sans appel. Pour le docteur Serge Allard, président de la Société luxembourgeoise de la pédiatrie, comme pour ses confrères, la situation serait en effet «catastrophique». Depuis le début de la pandémie il y a près d'un an, certains enfants ont pris «entre cinq et dix kilos contre une moyenne de un à deux kilos habituellement», souligne ainsi le pédiatre.
En cause selon lui, le manque d'activité physique. Les établissements scolaires étant fermés, les écoliers - comme les collégiens et lycéens - bougent moins, voire beaucoup moins, jusqu'à troquer les cours de récré contre leur canapé. «Certains ne font presque plus d'activités à l'extérieur», constate le médecin.
Un phénomène auquel vient parfois s'ajouter une «augmentation des apports énergétiques», souligne de son côté le nutritionniste Pascal Nottinger, faisant notamment référence au grignotage. Un cocktail détonnant qui peut entraîner «une importante prise de poids» précise celui qui constate «une recrudescence des patients de tout âge qui souhaitent maigrir» dans son cabinet.
Temporaire pour certains, durable pour d'autres
Reste que les enfants et adolescents ne sont pas tous exposés au même risque. Outre ceux qui sont prédisposés à prendre du poids, le facteur de la classe sociale jouerait également un rôle. Et ce, que ce soit parce qu'ils sont parfois «davantage livrés à eux-mêmes», qu'ils «s'ennuient à la maison» ou plus simplement pour des questions de budgets, privilégiant les produits les moins chers souvent trop gras, trop sucrés et trop salés. Pour ces jeunes, la cantine offre au moins, en temps normal, un «accès quotidiennement à des plats équilibrés», souligne le nutritionniste.
Mais face à ce sombre tableau, les spécialistes se veulent optimistes. Des solutions existent en effet, que ce soit une «simple reprise du sport» ou des «bonnes habitudes alimentaires», rappelle le docteur Laurent Malisoux, à la tête du département activité physique, sport et santé du LIH. Le risque que certains enfants et adolescents ne retrouvent pas une courbe de poids normale existe néanmoins. Une partie d'entre eux pourrait en effet «vriller de manière irrécupérable», prévient Pascal Nottinger. En d'autres termes, glisser durablement vers le surpoids ou l'obésité.
Face à ce problème de société, le ministre de l'Education Claude Meisch (DP) s'est dit conscient, en début de semaine, que la crise a «aggravé les problèmes». Le ministère des Sports assure toutefois avoir pris les devants, notamment par la publication d'un guide de 320 pages visant à «mieux intégrer l’activité physique et sportive dans les modes de vie et temps sociaux». Pour rappel, en 2019, 16% de la population luxembourgeoise est considérée comme obèse, soit un peu plus que la moyenne de l'Union européenne (15%).
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