Les éboueurs face aux incivilités
Les éboueurs face aux incivilités
(BaL avec Jean-Philippe SCHMIT) Ils ont été applaudis, ils déplorent désormais d'être ignorés. Pendant leurs heures de travail, les éboueurs sont confrontés à de nombreuses situations dangereuses. Le retour des conditions météorologiques hivernales doublées d'une impatience grandissante du côté des automobilistes attisent un sentiment d'insécurité chez ces travailleurs.
«Pendant le confinement, nous étions des héros. Aujourd'hui, nous sommes redevenus de simples éboueurs, des obstacles à la circulation qu'il faut rapidement franchir», constate Frédéric Hanisch, directeur d'exploitation de l'entreprise de gestion des déchets PreZero Lamesch. Parmi les dangers que rencontrent les ramasseurs de déchets au quotidien, se trouvent en effet les automobilistes. En cas d'accident, ces derniers ne sont que rarement préoccupés par l'état de santé des salariés.
L'entreprise de collecte des déchets a notamment été victime d'un vendredi noir. Le 13 août dernier, trois accidents ont été rapportés. «Une voiture a roulé sur le pied d'un de nos employés», se souvient Isabelle Hernalsteen, responsable des ressources humaines. Depuis, l'éboueur n'est pas retourné à son poste de travail, tandis que l'automobiliste est toujours recherché. «La sécurité est la responsabilité de chacun d'entre nous», insiste la responsable, qui aimerait que les usagers de la route s'intéressent davantage à la sûreté des éboueurs.
De tels incidents sont surtout attribués à l'attitude des automobilistes, qui sont nombreux à considérer les ramasseurs de déchets comme une perte de temps, indiquent les responsables de PreZero Lamesch. Pourtant, la collecte de déchets doit se plier à de nombreuses contraintes. Impossible, par exemple, d'organiser la tournée la nuit, lorsque la circulation est moins intense. «Si la tournée était déplacée la nuit, cela ferait beaucoup de bruit», estime Frédéric Hanisch.
Les contrats qui lient les sociétés aux communes exigent par ailleurs que la collecte démarre à 7h. Ainsi, les 60 camions qui effectuent le ramassage ne se mettent en route qu'après 6h, et rentrent lorsque la dernière poubelle a été vidée. Parmi les consignes auxquelles les éboueurs doivent se plier, se trouve également l'interdiction d'emprunter les routes à proximité des établissements scolaires aux heures où les parents déposent ou récupèrent leurs enfants. «Pendant les heures de pointe, nous devons éviter les grands axes routiers», explique également le chef d'exploitation.
Pour éviter les accidents, les employés se limitent au côté droit de la chaussée, lors de collecte sur les routes principales. Le ramassage de toutes les poubelles en un seul passage s'effectue uniquement sur les routes secondaires. «Nous essayons de perturber le moins possible la circulation», affirme Frédéric Hanisch.
Les éboueurs sont également confrontés à d'autres risques, comme la manipulation de substances toxiques qui sont jetées, à tort dans les poubelles, ou les incendies. «Récemment, un reste de braise provenant d'un four à pizza a atterri tout au fond d'une poubelle métallique et a provoqué un début d'incendie dans un camion de collecte», explique Frédéric Hanisch. Une situation qui nécessite une intervention rapide des éboueurs pour sécuriser le périmètre.
Si elle pourrait faire diminuer le sentiment d'insécurité des éboueurs, l'automatisation de la collecte n'est pas envisagée comme une solution. Elle serait notamment difficile à mettre en œuvre dans les villes. «Les poubelles doivent toutes être placées sur le bord du trottoir et aucune voiture ne doit être garée devant», explique Frédéric Hanisch. Sans compter que cette organisation viendrait impacter les besoins en ressources humaines de l'entreprise. «Nous avons écarté cette solution.» Ces travailleurs continueront donc de battre le pavé, en espérant une plus grande attention de la part des automobilistes.
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