Les défis d’Esch 2022
Les défis d’Esch 2022
Le monstre est en branle, la machine est lancée à toute vapeur. Depuis samedi soir, Esch-sur-Alzette et 18 autres communes luxembourgeoises et françaises peuvent se targuer de porter le titre tant convoité de «Capitale européenne de la culture». Un moment fort qui devrait entonner de longues semaines festives. Devrait? Oui, car le parcours d’Esch 2022 a été, est et sera tout sauf un long fleuve tranquille. La crise sanitaire a entravé les préparatifs, désormais c’est la guerre en Ukraine qui est dans tous les esprits. Était-il opportun de lancer samedi soir une fusée, certes virtuelle, dans le ciel de Belval, alors qu’à Kiev, des fusées, bien réelles, s’abattent sur des civils?
L’ASBL Esch 2022 a réagi timidement et s’est expliquée à ce sujet. Se pose la question: fallait-il faire la fête samedi soir à Esch? Oui! Car, la culture, sous toutes ses formes, ne peut être réduite au silence face au bruit des bottes. Elle doit avoir la force de crier, d’alerter, de dénoncer. Au-delà de cette nouvelle donne de dernière minute, Esch 2022 a dû dans le passé faire face à d’autres crises et défis. Et non des moindres. Voulant se distancier des deux précédentes Capitales européennes de la culture en 1995 et 2007, l’édition 2022 se devait d’ouvrir de nouvelles perspectives. Deux facteurs ont dû être pris en compte.
Une symbiose forte
D’abord les attentes de la Commission européenne pour obtenir ce fameux label ont évolué avec le temps. Ensuite – et c’est une première – la Capitale ne devait plus avoir lieu dans la seule capitale du pays. Esch-sur-Alzette fut retenue. Rapidement, la Métropole du Fer a voulu une symbiose forte avec des communes partenaires du Minett, tant luxembourgeoises que françaises. Fallait-il faire la fête samedi soir à Esch? Oui! Aujourd’hui, après un manque d’enthousiasme notoire de quelques élus sur la ligne de départ, ces passerelles transfrontalières existent, les attentes sont énormes, surtout après l’échec cuisant de 2007.
La gestation d’Esch 2022 a vu surgir, outre des querelles de clocher et de personnes, moult critiques d’artistes, qui ont vu leurs projets refusés. La gestion plus managériale que culturelle de Nancy Braun, la directrice d’Esch 2022, n’a pas été au goût de tous. Bousculer les attentes ou les habitudes a dérangé. Surtout, lorsque la chose culturelle risquait d’être reléguée au second plan. Esch 2022 a jonglé comme un funambule, tentant de ne pas perdre l’équilibre... et la face. Et affichant toujours ce même optimisme: «Ça va aller!», le mantra a été répété à souhait.
Un leitmotiv fédérateur
Tous les espoirs reposent sur le thème «Remix Culture». Relier le passé sidérurgique de la région à son avenir postindustriel, parler aujourd’hui d’hier en regardant vers demain: le chantier est vaste. Ce leitmotiv fédérateur, décliné à toutes les sauces, est risqué: à force de tout vouloir malaxer à outrance, le broyage final ne doit pas devenir insipide, inodore et incolore. Dernier défi: le volet participatif. Le public doit avoir son mot à dire, son appropriation du programme est primordiale. Reste à voir, si la population cosmopolite des territoires sudistes répondra présent. Un engouement populaire pour un rendez-vous populaire ne s’acquiert pas en un jour. Esch 2022 ne se fait pas en une seule nuit de fêtes.
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