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Les crèches prestataires du chèque-service seront plurilingues
Luxembourg 4 min. 21.03.2017 Cet article est archivé

Les crèches prestataires du chèque-service seront plurilingues

Les premiers échos des 8 crèches pilotes sont très encourageants

Les crèches prestataires du chèque-service seront plurilingues

Les premiers échos des 8 crèches pilotes sont très encourageants
Shutterstock
Luxembourg 4 min. 21.03.2017 Cet article est archivé

Les crèches prestataires du chèque-service seront plurilingues

Christelle BRUCKER
Christelle BRUCKER
Le gouvernement entend introduire dès octobre prochain un programme plurilingue pour les enfants de 1 à 4 ans dans toutes les crèches prestataires du chèque-service accueil.

"On fait tout faux", lançait le ministre de l'Education nationale, de l'Enfance et de la Jeunesse, Claude Meisch, en 2014, à propos des langues utilisées dans les crèches, estimant qu'il était indispensable que les enfants se familiarisent dès le plus jeune âge avec la langue qui n'est pas parlée à la maison.

Trois ans plus tard, le projet se concrétise: le gouvernement entend introduire dès octobre prochain un programme plurilingue pour les enfants de 1 à 4 ans dans toutes les crèches prestataires du chèque-service accueil.

Une phase pilote, débutée en avril 2016 dans 8 crèches volontaires donne des résultats très encourageants.

"Ce projet est celui qui aura l’impact le plus durable sur le système éducatif", a annoncé le ministre face à la presse lundi. "Le concept est clair, il s’agit de faire entendre aux enfants aujourd’hui les langues qu’ils parleront demain".

Coup de pouce pour les parents et le personnel

Chaque crèche prestataire du chèque-service accueil doit développer un concept pour assurer un accueil plurilingue avec:

  • familiarisation des jeunes enfants avec le luxembourgeois comme langue d’intégration et langue qui prépare à l’alphabétisation en allemand,
  • mise en contact naturelle avec le français qui fait partie de la réalité linguistique et scolaire du pays,
  • valorisation des langues parlées en famille en associant les parents,
  • et intégration de chaque crèche dans le tissu culturel, social et éducatif local.

20 heures d’accueil gratuit par semaine seront offertes pour permettre à chaque enfant de 1 à 4 ans de bénéficier de ce programme et garantir ainsi l'égalité des chances.

Afin de soutenir la mise en œuvre du programme, le ministère accordera des ressources supplémentaires à hauteur de 10% de l’ensemble des heures prestées par le personnel actuel.  À noter que chaque structure doit disposer de personnel compétent en français et en luxembourgeois, les langues cibles du programme.

Une grande conférence retransmise en direct

Le ministre a insisté sur l’application progressive de la loi, en privilégiant une transposition efficace et durable.

Le 30 mars 2017, une grande conférence "L’éducation plurilingue dans l’accueil de la petite enfance au Luxembourg" réunira 350 personnes autour d’exposés d’experts et permettra un échange sur les expériences collectées lors de la phase pilote.

La manifestation sera filmée et publiée en ligne sur le site plurilingue.enfancejeunesse.lu qui reprend les exemples de bonnes pratiques collectés au fil de la phase pilote.

Quels résultats dans les crèches pilotes?

Le concept plurilingue a avant tout apporté une prise de conscience, témoigne Cindy Martins, de la crèche Am Pescher à Strassen. Le premier pas a été un état de lieux des pratiques quotidiennes, en présence d’enfants majoritairement francophones et avec l’utilisation du luxembourgeois comme langue véhiculaire, tout en valorisant les langues parlées en famille.

Parmi les mesures appliquées, le cercle du matin et la lecture des histoires se font désormais systématiquement dans les deux langues. De plus, un intervenant parle uniquement français aux enfants.

Les enfants se montrent très ouverts et compétents et n’hésitent pas à aller vers la langue qui n’est pas la leur.

"Le retour est très bon, tant des parents que des enfants"  

La crèche Coccinella à Esch-sur-Alzette se caractérise par son public multiculturel. Pour créer un moment de communication privilégié, un cours de yoga en luxembourgeois a été introduit. Les autres activités de la journée sont organisées dans la langue de l’éducateur en charge.

Les enfants n’hésitent pas à s’entraider quand un camarade ne comprend pas un mot. "Le retour est très bon, tant des parents que des enfants", se réjouit Aurore Nave. 

À la frontière allemande, à Born, la question s’est posée différemment. Il s’agissait d’introduire le français dans un contexte plutôt luxembourgo-germanophone.

"Nous avons choisi le moment des repas, comme situation quotidienne où les enfants, réunis en petits groupes, se sentent à l’aise, calmes, prêts à accueillir une information", explique Angélique Hebert.

Une petite chanson est alors chantée en luxembourgeois et en français. Au début, les demandes – à boire, du pain, etc. – ont  été répétées en deux langues, accompagnées de gestes, pour ensuite être formulées seulement en français.

Le personnel privilégie toujours une approche détendue et les enfants se montrent enthousiastes. Ils n’hésitent plus à utiliser l’un ou l’autre mot entendu au quotidien.  


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