Les cinq écueils des vélotafeurs au Luxembourg
Les cinq écueils des vélotafeurs au Luxembourg
Le choix de vélotafer, c'est-à-dire de faire le trajet domicile-travail à vélo, nécessite de l'engagement mais aussi un certain courage. Et cela même si le phénomène n'en est qu'à ses prémices dans le cadre de la mobilité douce au Luxembourg.
Voici, en résumé, ce que les vélotafeurs redoutent le plus quand ils s'élancent de bon matin matin:
Les infractions routières
La plus grande crainte du vélotafeur et de son entourage, c'est l'accident. Comme tous les autres salariés, ils sont en route aux heures de pointe. Les cyclistes se retrouvent donc nécessairement plus exposés au sein du trafic.
Comme les piétons, les vélotafeurs font partie des usagers de la route les plus vulnérables. La situation n'a jamais été aussi mauvaise qu'en 2018 pour les cyclistes sur les routes du Grand-Duché. Selon les chiffres de la Sécurité Routière, il y a eu trois morts et quatorze blessés graves.
Même si c'est moitié moins que les piétons, les cyclistes, en 2018, représentaient 6% des victimes de la route au Luxembourg:
Les infrastructures manquantes
Le projet de loi déposé en octobre 2018 qui prévoit d'accroître le réseau national de pistes cyclables de 630 km à 1.100 km - avec 300 km de nouveaux tracés - représente une belle perspective pour le tourisme à vélo et les vélotafeurs.
Mais pour l'usager du réseau de pistes cyclables en Ville, la perspective d'un vélo «intégré dans toutes les chaînes de mobilité planifiées par l'Etat, y inclus dans les bâtiments publics» semble encore loin.
«Il y a de grands projets pour les pistes cyclables lancés à Luxembourg mais il manque toujours les 5 à 10% restants au réseau, qui font que c'est compliqué. Notamment dans le quartier gare et aux abords de la place de Paris», explique Axel, 50 ans. Lui se déplace à vélo en ville «quasiment tous les jours, depuis presque 20 ans».
Il manque encore des pièces au grand puzzle que formera demain le réseau de pistes cyclables. Un sentiment largement partagé par les vélotafeurs.
Les incivilités
Ouvertures intempestives de portière, refus de priorité, voitures garées sur la piste cyclable... les exemples de comportements égoïstes et périlleux des automobilistes à l'égard des cyclistes ne manquent pas.
Pour dénoncer ces incivilités, les vélotafeurs utilisent largement les réseaux sociaux. Photos à l'appui, ils fustigent des comportements apparemment anodins mais réellement sources de dangers.
Il arrive parfois que des vélotafeurs pressés se muent aussi en vrais dangers. Cette vidéo twittée dernièrement le montre bien:
Le vol de vélos
C'est la grande crainte du vélotafeur: le vol de son précieux engin. Sébastien Tasch, qui se rend tous les jours de Gasperich au Film Fund Luxembourg au guidon d'un vélo électrique, en a fait l'amère expérience l'an passé.
«Mon vélo était accroché dans la cour et, pendant le temps de midi, le cadenas a été sectionné. C'est en voulant repartir que j'ai remarqué que le vélo avait disparu.» Comme il était bien assuré, Sébastien a pu se racheter un Pédelec identique.
Les bicyclettes devenant toujours plus sophistiquées et plus chères, elles sont convoitées par les délinquants. A commencer par les vélos à assistance électrique qui peuvent coûter plusieurs milliers d'euros. Cela explique en partie l'explosion de vols de vélos dans le pays:
Selon le bilan annuel de la police grand-ducale, 468 vols de bicyclettes ont été signalés dans les commissariats en 2018. Ce qui représente 214 plaintes de plus que l'année précédente et trois fois plus qu'il y a dix ans. C'est le taux le plus élevé jamais enregistré au cours de la décennie.
L'hygiène personnelle
Arriver au travail couvert de sueur est «LA» grande crainte quotidienne des cyclistes. Partagée par tous les vélotafeurs et vélotafeuses, la hantise de l'auréole sous les bras «est le plus grand inconvénient parce que je travaille toujours en chemise», résume Jose Maria Iñesta Peña, salarié dans un service financier à la Banque Européenne d'Investissement au Kirchberg.
Elle a trouvé la parade, elle fait son trajet (7 km) à vélo électrique. Moins d'efforts, moins de risques de transpiration.
Christophe Dhaeze, qui habite Arlon et pédale jusqu'à Strassen, ne tenterait pas l'aventure sans l'assurance de pouvoir se doucher et se changer en arrivant sur son lieu de travail. «C'est primordial!»
