Les amis "savent se rendre visite", à deux pas de Cattenom
Les amis "savent se rendre visite", à deux pas de Cattenom
Centrale de Cattenom, Belval, fiscalité, Ukraine, présidence luxembourgeoise... sont les sujets dont François Hollande et Xavier Bettel ont discuté vendredi au château de Senningen.
"Quand on a des amis, il faut savoir aussi leur rendre visite", a gentiment répondu François Hollande, le président de la République française en visite officielle ce vendredi au Luxembourg, au Premier Ministre, Xavier Bettel, soulignant que ces retrouvailles interviennent "vingt-trois ans après la visite de François Mitterrand". François Hollande, rappelant le passé du grand-duc Jean, qui "a été de ceux qui sont venus en France pour libérer notre territoire" pour mettre en avant les liens "historiques, culturels, linguistiques qui existent entre nos deux pays".
Le président a expliqué que la France accueille "près de 2.500 étudiants luxembourgeois", avant de souligner qu'il y a, dans l'autre sens, "de nombreux frontaliers qui viennent chaque jour de la France vers le Luxembourg pour occuper des emplois de haut niveau. Cela représente 80.000 personnes et 40.000 qui y résident. Soit 120.000 Français qui sont là à certaines heures du jour".
"Cela fera très plaisir à votre voisin"
Lors de leur entrevue à l'heure du déjeuner au château de Senningen, les deux hommes ont longuement évoqué la question de Cattenom qui préoccupe particulièrement le Luxembourg. Xavier Bettel a expliqué que s'il devait y avoir "un problème à Cattenom, ce ne sera pas qu'un problème français. L'intégrité du Luxembourg risque d'en souffrir. Le Luxembourg est et restera préoccupé tant que cette centrale restera ouverte".
Un message que le président français a bien saisi lors de sa visite de douze heures au Luxembourg, d'autant que des militants de Greenpeace l'ont affiché sur la route de M.Hollande. Sans s'avancer davantage sur l'épineuse question, le président français a rappelé le plan de réduction de la part de l'énergie nucléaire qui doit être mis en place en France. Ce plan prévoit de réduire la part du nucléaire dans la production électrique de 75% à 50% à l'horizon 2025. Les choix se feront sous la tutelle de l'Autorité de sûreté nucléaire. Mais si le choix d'une fermeture devait se porter sur la centrale de Cattenom, "cela fera très plaisir à votre voisin", a sourit Xavier Bettel.
Belval et A31 bis
Concernant le dossier Belval - le développement du site, côté français, se fait attendre - Xavier Bettel a annoncé qu'"en mai", Corinne Cahen, ministre de la Grande Région, et Harlem Désir, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, "se rencontreront pour fixer un calendrier" et parler des dossiers de la Grande Région, dont Belval fait évidemment partie. Une visite du nouveau quartier en devenir sur ces anciennes friches industrielles à cheval sur la frontière franco-luxembourgeroise, était programmée dans l'après-midi.
François Hollande a clairement expliqué que l'Etat est prêt à accompagner le processus de développement de Belval côté français: "Nous avons l'ambition d'avoir des activités de l'autre côté de la frontière" et "nous avons à cœur de ne pas laisser des différences trop importantes entre les deux côtés".
Le président français a aussi dit vouloir relancer l'A31 bis, "condition nécessaire pour un trafic moins engorgé qu'aujourd'hui entre Thionville et la frontière".
Informations fiscales et rulings
Premier ministre du Luxembourg depuis fin 2013, Xavier Bettel s'est inscrit en faux contre une image réductrice du Luxembourg quant à son ouverture en matière de fiscalité. Rappelant que le Luxembourga a décidé l'échange d'informations fiscales et des rulings, le Premier ministre luxembourgeois a dit que son gouvernement "ne veut pas être le gouvernement qui est celui d'un pays où on peut faire des choses que l'on ne peut pas faire dans d'autres pays". Avant de souligner à nouveau qu'"il faut des règles communes aux 28 pays membres de l'OCDE".
François Hollande reconnaît que "des progrès considérables ont été accomplis ces derniers mois" par le Luxembourg. Avant de rappeler que l'échange automatique de données deviendra réalité en 2017.
Plusieurs "dosssiers lourds" pour la présidence
"Vous allez passer très vite de statut de novice à celui de quasiment président de l'Europe", a lancé François Hollande au Premier ministre luxembourgeois en parlant de la présidence de l'UE que le Luxembourg devra assumer dès juillet et jusqu'à la fin 2015. Une présidence durant laquelle, il héritera de "plusieurs dossiers particulièrement lourds". Comme la lutte contre le terrorisme et le dossier ukrainien.
Remercié préalablement de vive voix par Xavier Bettel pour son engagement aux côtés d'Angela Merkel dans l'accord de Minsk, le président Hollande a martelé: "Je veux qu'il s'applique intégralement et immédiatement et que nous puissions envisager des sanctions. S'il y a violation, il doit y avoir réaction".
Maurice Fick
