«Le virus ne disparaîtra jamais complètement»
«Le virus ne disparaîtra jamais complètement»
(MKa avec Jean-Christophe Schmitt) - D’après les dernières données datant du mardi 15 février 2022, 979 personnes sont mortes des suites du covid ou en étant en tout cas positives à la maladie. Actuellement, onze patients covid + sont hospitalisés en soins intensifs, dont huit qui ne sont pas vaccinés.
D'autres décès ont également été enregistrés ces derniers jours. Depuis Omicron, le nombre d'hospitalisations a toutefois diminué. Le directeur de la Santé, le Dr Jean-Claude Schmit, ne s'attend pas à une forte augmentation du nombre de décès dans les semaines à venir. «C'est le moment où l'on peut penser à des assouplissements», estime-t-il dans une interview accordée au Luxemburger Wort. Cela pourrait être le cas en mars ou en avril.
Dr Jean-Claude Schmit, quelle a été la pire semaine pour vous et quels souvenirs en gardez-vous?
«Au début de la pandémie, la situation était relativement grave. Nous étions confrontés à quelque chose dont nous ne pouvions réellement mesurer la violence et l’ampleur. Le mois de mars de l'année 2020 était en ce sens une période difficile à vivre. A l'époque, l'isolement était très strict, on ne connaissait rien du virus. Beaucoup avaient en tête la dangerosité d'Ebola. Ce n'est que petit à petit que l'on s'est rendu compte que ce n'était pas le cas.
Peut-on dire après deux ans si plus de personnes sont mortes des suites du covid ou avec le covid?
«Nous partons du principe qu'il y a plus de personnes qui sont mortes du covid. Il est très difficile de quantifier exactement la proportion. Il y a eu des autopsies systématiques. Il ressort de celles-ci qu'environ 80 pour cent sont décédées du virus et 20 pour cent avec le virus. La plupart des personnes décédées avaient des maladies préexistantes comme le diabète ou l'obésité.
Entre le 31 janvier et le 6 février de cette année, douze personnes sont mortes du covid. Vous attendez-vous à une nouvelle augmentation du nombre de décès?
«Depuis Omicron, moins de personnes doivent être hospitalisées, nous ne prévoyons donc pas d'augmentation du nombre de décès. Ces dernières semaines, quelques personnes sont néanmoins décédées à cause du covid-19. L'âge moyen des victimes était de plus de 80 ans. Mais il y a également eu un certain nombre de décès chez des personnes plus jeunes, c'est-à-dire à partir de 60 ans. Dans cette catégorie d'âge, on ne compte quasiment pas de décès sans antécédents médicaux. Chez les jeunes, la situation est très claire: personne n'est décédé sans maladie préalable.
Comment meurt-on du covid?
«Le point principal est les poumons. D'autres organes souffrent également en cas de covid, mais le problème principal reste la fonction pulmonaire. Une détérioration de la maladie peut survenir assez rapidement, la respiration devient alors de plus en plus difficile. C'est très désagréable pour les patients.
Entre les premiers symptômes et les premières complications, il s'écoule en général une semaine à dix jours. C'est la période pendant laquelle la situation peut devenir dangereuse. Une petite partie des patients covid doit être hospitalisée à ce moment-là. Parmi ceux-ci, une petite partie est alors placée en soins intensifs et doit être ventilée. Malheureusement, il est arrivé que certains patients ne veuillent pas aller chez le médecin et restent trop longtemps à la maison.
Que perçoit-on lorsqu'on est aux soins intensifs? Que racontent les personnes lorsqu'elles se sentent mieux?
«Les patients en réanimation, c'est-à-dire ceux qui sont reliés aux respirateurs, ne sont pas conscients de ce qui se passe autour d'eux. Ils sont sous l'influence de médicaments. Sinon, l'expérience serait trop pénible à vivre. Ce qu'ils perçoivent exactement, personne ne peut le dire. La plupart d'entre eux ne se souviennent pas de leur séjour aux soins intensifs lorsqu'ils se réveillent.
Y a-t-il eu des morts qui auraient pu être évitées? Par exemple avec un meilleur équipement ou plus de personnel?
«Nous ne nous sommes jamais retrouvés dans une situation où l'équipement faisait défaut. Cela n'a jamais été aussi grave que dans le nord de l'Italie au début de la pandémie. Au Luxembourg, il y a toujours eu des lits disponibles, aucun patient n'a dû être refusé. Mais il y avait des patients qui avaient minimisé leur maladie et qui avaient demandé un avis médical trop tard. Certains décès auraient peut-être pu être évités si ces personnes avaient cherché de l'aide plus rapidement.
Par ailleurs, je suis toujours étonné de voir des décès chez des personnes qui devraient être vaccinées. Des personnes de plus de 70 ans peuvent mourir du covid si elles ne sont pas vaccinées. La vaccination aurait pu sauver leur vie. Je ne comprends pas pourquoi on ne veut pas se faire vacciner à cet âge. Pour un jeune de 20 ans en bonne santé qui ne veut pas se faire vacciner, je peux comprendre les raisons. Même si je ne les trouve pas bonnes.
Quel scénario devrait se produire pour que le nombre de décès augmente à nouveau? Quel est le degré de réalisme d'un tel scénario?
«Il est certain que de nouvelles mutations apparaîtront. Le virus évolue constamment. Si le virus mutant se transmettait aussi facilement qu'Omicron et rendait aussi malade que Delta, les hospitalisations et le nombre de personnes décédées augmenteraient à nouveau. Il faut être conscient que le virus continuera à circuler, il ne disparaîtra jamais complètement. Mais pour l'instant, les signes d'accalmie sont très clairs. Le variant Delta était plus agressif que le virus Omicron. De plus, les médecins ont fait de grands progrès en matière de traitement.
Que va-t-il se passer maintenant? Quand le dernier patient sera-t-il mort du covid?
«La vague Omicron est en train de reculer. C'est le moment où l'on peut penser à des assouplissements. Mais le système de santé ne doit pas être surchargé. Si toutes les mesures étaient supprimées à ce moment-là, cela prolongerait la vague Omicron. Ce n'est que lorsque nous serons certains que le pire est derrière nous que les mesures pourront être réduites.
Les pays qui ont été plus radicaux sur ce point, comme le Danemark par exemple, ont constaté que les chiffres d'incidence augmentent à nouveau lorsque des assouplissements sont mis en place. Je pense que ce sera le cas d'ici un à deux mois et que tout pourra à nouveau être rouvert. Mais à l'avenir, nous serons toujours confrontés à des situations où des personnes mourront du covid. Comme cela a été le cas jusqu'à présent avec la grippe.»
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