«Le virus devrait impacter nos vies jusqu'à l'hiver»
«Le virus devrait impacter nos vies jusqu'à l'hiver»
La nouvelle version de la loi covid prévoit notamment de rendre les tests PCR payants. Une idée contestée notamment par la CCDH. Que répondez-vous à ces critiques?
Dr Thomas Dentzer, coordinateur de la stratégie de test - «Le large scale testing s'arrête effectivement, mais il faut rappeler que les tests, quand vous êtes malades, restent gratuits car remboursés par la CNS. Nous disposons de capacités suffisantes pour répondre à la demande de personnes qui présenteraient des symptômes.
Si tester à grande échelle reste toujours une bonne chose, la situation actuelle et l'évolution observée ces derniers mois font que la poursuite de ce dispositif ne se justifie plus. Avec près de 75% de la population résidente ayant reçu deux doses, le risque sanitaire est moins élevé. La seule chose qui peut vraiment mettre fin à la pandémie reste la vaccination.
Vous partagez donc l'avis du Premier ministre qui ne souhaitait pas que «la majorité continue de payer pour une minorité non vaccinée»?
«En tant que virologue, je ne peux que recommander de se faire vacciner, car cela réduit fortement le nombre de nouvelles infections. Ce que l'on observe au Luxembourg et ailleurs, c'est que les hôpitaux enregistrent pratiquement que la présence de personnes non vaccinées. Et s'il s'agit d'une personne vaccinée, le profil est celui d'une personne relativement âgée, voire très âgée, avec de multiples autres maladies. Ce qui démontre que le vaccin fonctionne. Sans compter effectivement le coût conséquent d'un dispositif de test à grande échelle, dont l'impact se révèle désormais moins important.
Depuis le début de la pandémie, le gouvernement a toujours affirmé que le Luxembourg y mettrait le prix, «quoi qu'il en coûte». Ce n'est désormais plus le cas?
«Nous n'avons pas de pression en ce qui concerne le coût des mesures sanitaires, mais nous veillons tout de même à l'utilisation des deniers des contribuables. Nous prenons donc en compte le ratio coût/bénéfice toujours avec le même objectif: appliquer les mesures qui font le plus de sens pour maintenir la population dans une situation la plus saine possible. Je dois dire que nous avons eu la chance que le gouvernement a donné son feu vert pour réaliser bien plus de choses que dans d'autres pays.
Pourtant, ces moyens n'empêchent pas qu'à l'heure actuelle un quart de la population résidente n'a toujours pas reçu une seule dose de vaccin...
«Effectivement. Quelle que soit la campagne de vaccination, il y a toujours un pourcentage de la population qui s'y oppose fermement et qu'il sera impossible de convaincre. Généralement, entre 2 et 4%. Une statistique connue à laquelle il faut ajouter les personnes qui ne peuvent se faire vacciner pour raison médicale. Pour le reste, nous constatons que ce n'est pas tant une question de ne pas être convaincu ou d'avoir peur, qu'une question logistique.
Le fait de prendre rendez-vous, etc. pousse certains à ne pas voir la nécessité de se faire vacciner. Si l'opportunité leur est offerte, ils le font, sinon ils ne vont pas faire d'effort particulier. Raison pour laquelle nous mettons désormais l'accent sur la vaccination de proximité.
Dans ce contexte, quel serait le niveau imaginé pour permettre de réduire drastiquement les infections au Luxembourg, dans l'hypothèse de l'absence de nouveau(x) variant(s)?
«Si, à terme, nous arrivons à dépasser le seuil de 85% de personnes vaccinées, ce sera très très bien, notamment pour atteindre cette fameuse immunité collective. Les 15% restants étant très difficiles à atteindre et nécessiteraient beaucoup d'énergie. Il faut aussi être conscient que le virus ne va pas s'arrêter de circuler du jour au lendemain. Nos vies devraient encore être impactées par le virus pendant quelques mois encore, jusqu'à l'hiver a priori.
Donc le covid-19 devrait faire partie du passé au printemps prochain...
«Je pense que si nous continuons à vacciner, au Luxembourg, mais aussi sur le reste de la planète, via notamment une troisième dose pour certaines personnes, on peut bien gérer la situation au niveau global. Dans l'hypothèse où il n'y a effectivement pas de variant plus contagieux et que la production de vaccins suit pour tous les pays. Le virus sera toujours présent, mais le nombre de personnes qui tomberont malades sera bien plus faible et avec un impact sur la santé publique bien plus réduit. Dans un an, le covid devrait rester dans l'actualité, mais ne devrait plus faire la une de la presse à travers le monde.»
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