Le traçage, ce dispositif «sanitairement utile»
Le traçage, ce dispositif «sanitairement utile»
Défendu par la Commission européenne pour lutter contre la pandémie de covid-19 et mis en place en Allemagne, en Belgique et en France, le traçage informatique pourrait devenir réalité au Luxembourg. Ou du moins être envisagé sérieusement malgré les réticences politiques, après le feu vert officiel du comité national d'éthique (CNE). Dans un avis publié lundi, l'entité indépendante chargée d'étudier les questions éthiques, sociales, scientifiques ou médicales en lien avec les sciences de la vie et la santé affirme avoir conseillé au gouvernement «d'envisager positivement le traçage informatique et de faire l'analyse détaillée des moyens techniques et juridiques nécessaires à cet effet».
Une décision basée notamment sur le fait que «le fléau du covid-19 constitue un danger immédiat et exceptionnel qui justifie des mesures elles aussi exceptionnelles.» Si les 15 membres du CNE assurent toutefois que cette solution «ne constitue pas la panacée», ils s'accordent à dire que le dispositif «serait sanitairement utile» pour faire face à la pandémie de covid-19 et ses conséquences. Notamment en ce qui concerne les restrictions de libertés imposées par l'état de crise. Pour le CNE, écarter cette option «par commodité politique ou par surévaluation des principes de la protection des données personnelles serait inacceptable».
Considérant que «du point de vue de la lutte sanitaire, le traçage doit être considéré comme utile, voire nécessaire» et qu'«un traçage informatique tel que celui envisagé actuellement serait moins invasif pour la vie privée que le traçage analogue», les membres du CNE s'appuient notamment sur les décisions prises en Allemagne, en Belgique et en France. Les trois pays voisins possédant tous de telles applications.
Si l'option d'une solution européenne avait leur préférence, surtout «pour un pays qui accueille des centaines de milliers de frontaliers et dont les habitants franchissent la frontière à chaque déplacement de plus de 50 kilomètres», cette dernière est considérée à l'heure actuelle comme irréaliste. Ce qui pousse le CNE à recommander «un système à architecture entière ouverte, décentralisée et volontaire». Ou, le cas échéant, à «s’attacher à un des pays qui l’entourent».
Fin avril, Xavier Bettel (DP) se disait favorable au traçage informatique, mais pas sous la forme d'une application. Le Premier ministre assurait que sa préférence allait à un suivi via des méthodes plus classiques, comme le recours à des appels téléphoniques destinés notamment à «maintenir le contact et informer les citoyens». Une approche qui n'avait alors pas convaincu tous les députés, certains s'opposant catégoriquement à tout traçage informatique «quelles que soient les modalités de stockage ou d’anonymisation des données». Notamment par crainte que cette technologie ne soit utilisée pour mettre en place une surveillance généralisée de la population.
Dans une réponse parlementaire publiée ce lundi, Xavier Bettel, Paulette Lenert (LSAP), ministre de la Santé, et Sam Tanson (Déi Gréng), ministre de la Justice, indiquent que le Luxembourg «n'utilise actuellement pas d'application de traçage et mise sur un renforcement des ressources disponibles pour assurer un traçage manuel de qualité.» Reconnaissant qu'une veille technologique est menée, les membres du gouvernement indiquent qu'en cas de changement d'approche, le gouvernement veillera «aux garanties d'efficacité d'une telle action» et à la mise en oeuvre «d'une protection élevée de la vie privée et des données personnelles».
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