Le solaire offshore prêt à se jeter à l'eau
Le solaire offshore prêt à se jeter à l'eau
Non, le lac de la Haute-Sûre ne sera pas le premier site à accueillir des panneaux photovoltaïques flottants. Le ministre de l'Énergie Claude Turmes (Déi Gréng) a d'autres visées pour ce mode de production d'électricité. Pourtant, selon la suggestion du député Max Hahn (DP), le lac du nord du pays aurait pu se prêter à pareille installation.
C'était oublier que le plan d'eau de 48 hectares reste considéré comme « zone rapprochée à vulnérabilité très élevée» aux yeux du règlement grand-ducal de décembre 2011. De fait, ce périmètre est frappé d'une interdiction pour «toute installation pouvant perturber les eaux du lac».
Dans la réponse à la question parlementaire posée à ce sujet, Claude Turmes ajoute un autre inconvénient. Les éventuels panneaux posés à la surface de l'eau pourraient créer une zone d'ombre et risqueraient de perturber l'écosystème en dessous.
N'empêche, l'idée que le Luxembourg puisse adopter cette nouvelle méthode de production d'énergie propre ne demande qu'à se concrétiser. Où? Le ministère de l'Énergie ne souhaite pas encore se prononcer. «Le gouvernement favorise d'autres plans d'eau artificiels» se contente de répondre Claude Turmes.
Mais à interroger le ministère, la stratégie se précise. Ainsi, il ne serait pas question d'implanter ce type de panneaux sur des sites permettant l'alimentation en eau potable, par exemple. «Ce qui signifie que cela peut se concevoir sur des bassins de rétention ou des lacs à vocation industrielle», avance Olaf Munichsdorfer, premier conseiller de gouvernement auprès du ministre.
Pas de volontaires privés
Oublié donc Remerschen mais, qui sait, le Grand-Duché pourrait prendre exemple sur Londres qui a choisi de poser ses panneaux, notamment, sur un réservoir d'eau. Les 23.000 panneaux produisent l'équivalent de la consommation électrique de 1.800 foyers. En France, cet été, pareille implantation a été inaugurée là encore sur une réserve d'eau artificielle. Soit 17.000 panneaux fournissant 17.000 mégawatts.
Pour l'heure, nul acteur privé n'a fait savoir son intention d'être à l'initiative de l'installation de panneaux offshore, mais un acteur public pourrait prendre le projet à son compte.
Usines, commerces, écoles
Cela pourrait participer à la volonté du Grand-Duché d'atteindre les 11% de ses besoins en énergie renouvelable d'ici 2020. «Les derniers chiffres officiels d'Eurostat évoquent 6,38% déjà issus de l'éolien ou du solaire. Disons que nous sommes sur la voie, certainement proche des 8% aujourd'hui», note le premier conseiller.
D'ailleurs, à l'automne, le ministère de l'Energie et de l'Aménagement du territoire devrait lancer un appel d'offres. Ceci afin d'accentuer encore un peu le déploiement du photovoltaïque dans le pays. «Actuellement, 20% de l'énergie produite au Luxembourg provient du solaire, mais nous pouvons mieux faire en quantité et en proportion.»
Après le renforcement des incitations financières proposées aux particuliers, l'idée est de cibler l'industrie et les grandes surfaces pour qu'elles réservent des espaces à l'installation de panneaux. Les toits des usines ou les parkings des magasins pourraient ainsi servir de points de production de centaines de kilowatts verts.
Sachant que l'Administration des bâtiments publics réfléchit aussi à la mise à disposition des toits des écoles ou des lycées dans ce même but.
