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Le rapport Waringo sans concession avec la Cour
Luxembourg 4 min. 31.01.2020 Cet article est archivé

Le rapport Waringo sans concession avec la Cour

Jeannot Waringo ne cache pas avoir ressenti «des sentiments de désarroi» en découvrant le fonctionnement du Palais.

Le rapport Waringo sans concession avec la Cour

Jeannot Waringo ne cache pas avoir ressenti «des sentiments de désarroi» en découvrant le fonctionnement du Palais.
Photo : Gerry Huberty
Luxembourg 4 min. 31.01.2020 Cet article est archivé

Le rapport Waringo sans concession avec la Cour

Patrick JACQUEMOT
Patrick JACQUEMOT
Le rapport sur le fonctionnement de la Cour grand-ducale pointe très clairement certains dysfonctionnements. A commencer par la gestion des personnels.

Le document de 44 pages était attendu, il est tombé ce vendredi matin. Et ce fameux "rapport Waringo" épingle incontestablement le Palais. L'ancien haut fonctionnaire, Jeannot Waringo, dépêché par le Premier ministre Xavier Bettel (DP) cet été pour constater le mode de fonctionnement des services autour de la famille grand-ducale ne prend pas de gants. «La gestion des ressources humaines soulève de nombreuses interrogations», peut-on notamment lire.

Et l'émissaire spécial de détailler, par exemple, qu'entre 2014 et 2019 les mouvements de personnels n'ont pas manqué. Seize démissions, onze licenciements, huit résiliations de contrat pendant la période d'essai: visiblement servir leurs altesses royales ne convient pas à tout le monde. A commencer par le Grand-Duc et son épouse d'abord. Ayant eu connaissance au préalable du rapport, le Grand-Duc Henri avait d'ailleurs pris les devants en début de semaine pour défendre celle qui est sa femme depuis 39 ans, et faisait déjà l'objet de critiques.

Au fil des pages, Jeannot Waringo constate ainsi certains désordres, comme «l'absence de processus de recrutement défini», «une communication interne quasiment inexistante», «un quotidien rythmé par des non-dits et des rumeurs», etc. De rencontres en entretiens, le rapporteur a saisi non seulement un mal-être mais aussi «constaté une certaine anxiété auprès des collaborateurs».

Et l'ombre de Maria Teresa plane en filigrane dans le texte présenté ce vendredi en Conseil de gouvernement et, la semaine prochaine, discuté devant la Chambre des députés. Jeannot Waringo l'exprime, cette fois, avec diplomatie: «Je voudrais dire très honnêtement, et au risque d'être mal compris, que dans la chaîne décisionnelle du Palais, surtout dans le domaine de la gestion du personnel, le rôle de la Grande-Duchesse (qui exerce une fonction purement représentative) ne devrait pas être un sujet de discussion». Autrement dit, le véritable patron de la Maison grand-ducale qui compte 89 agents ne devrait être nul autre qu'Henri. 

Comme demandé lors de sa nomination, Jeannot Waringo propose de nombreuses mesures visant à améliorer cette gestion des ressources humaines. Que 51 personnes - hors départs en retraite - aient quitté leur poste auprès de la Cour grand-ducale en cinq ans seulement ne relevant pas du hasard ou des opportunités de carrières.


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