Le rapport LUXEOsys paré au décollage
Le rapport LUXEOsys paré au décollage
Une semaine. Une semaine pour faire la lumière sur un dossier qui a vu le jour en... . A l'époque, le ministre de l'Economie Etienne Schneider (LSAP) annonçait la possibilité pour le pays de se doter d'un satellite d'observation de la Terre, LUXEOSys. A 170 millions d'euros l'engin, l'affaire semblait opportune. Depuis, le socialiste a quitté le gouvernement, et son bébé a presque doublé en poids. Ainsi, désormais, la facture approcherait les 309 millions estime l'actuel ministre de la Défense.
Un François Bausch (Déi Gréng) qui se retrouve avec ce dossier bien embarrassant sur son bureau. Un dossier à régler au plus vite d'ailleurs. Début novembre est l'échéance fixée aux députés pour dire s'ils donnent leur go à ce satellite. En cas de vote négatif, le ministre a déjà prévenu: il faudra faire une croix sur 145 millions d'euros déjà engagés ou validés. Si les suffrages sont favorables, alors les parlementaires devront accorder la rallonge budgétaire nécessaire. Dans les deux cas, ça sent le soufre.
Le sujet est à ce point hors de contrôle que, la semaine passée, ni la Commission de la Défense ni celle du Contrôle budgétaire n'ont pu se prononcer sur l'opportunité d'un tel investissement. D'où l'appel en urgence à Diane Adehm (CSV) et Guy Arendt à réaliser avant leurs prochaines réunions un «rapport préliminaire» pour tenter d'éclairer au mieux les esprits sur la galaxie de questions planant autour du devenir LUXEOSys.
Mission que les deux députés et leurs assistants ont réussi à mener «en compilant l'ensemble des compte-rendus des commissions, des auditions, des tableaux chiffrés...» Une galaxie qui fait maintenant un seul ouvrage.
Au fil des chapitres, la saga reprend forme. Et les interrogations, les suspicions, les doutes de décoller à la lecture de chaque page. Pourquoi a-t-on dit que l'armée grand-ducale prendrait le contrôle du suivi du satellite alors que le chef d'état-major assure qu'elle n'a pas les effectifs compétents en interne, faute d'avoir été missionnée? Pourquoi le ministre Schneider, interrogé à la demande pressante de la Chambre, affirme que Govsat avait les commandes du dossier alors que le directeur de l'agence luxembourgeoise prétend qu'elle devait juste l'accompagner.
Pourquoi aussi cette budgétisation qui semble fantaisiste? On parle de 170 millions au départ, contre 350 il y a peu, puis 309 millions après que les services du ministère eurent jeté un œil sur le plan de financement. Pas sérieux tout cela pour un dossier qu'Etienne Schneider certifiait comme «sans mauvaise surprise»...
Le choix du bureau italien OHB-I pose lui aussi question. Qui l'a retenu, sur quels critères, après quel appel d'offres? Comment se fait-il que cette seule société se soit retrouvée à l'origine du Luxembourg Earth Observation System » (études), de son développement (cahier des charges) puis de l'élaboration du marché? Trop de flou, là encore.
Triste constat
Autant d'ingrédients qui font de LUXEOSys un bon sujet de polar, s'amuseront les uns. Les autres pouvant réclamer que le dossier ne fasse l'objet de plus d'investigations. Pourquoi nul ne demande l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire? Pourquoi aucun élu ne demande à ce que le rapport compilé par Diane Adehm et Guy Arendt et les différents éléments soient étudiés par la Cour des comptes? Un député préfère sourire en avançant sa propre piste : «Parce que si l'on s'engage dans l'une ou l'autre voie, le satellite sera déjà en orbite que nous n'aurons toujours pas reçu leurs conclusions.» Ciel, quel triste constat!
Prochain épisode: mardi 27 octobre, 16h, où le «rapport» sera d'abord étudié par la Commission du contrôle de l'exécution budgétaire.
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