Le rail lorrain bénéficiera de 110 millions du Luxembourg
Le rail lorrain bénéficiera de 110 millions du Luxembourg
Belote et rebelote. En 2018, le Luxembourg avait déjà proposé 120 millions d'euros de soutiens à des projets de mobilité côté français. Extension de quais de gare pour accueillir des rames plus longues, participation au renforcement de la capacité électrique du réseau, coup de pouce au P+R de Metzange ou de Longwy avaient ainsi vu la manne grand-ducale faciliter les mises en chantier. Dans un esprit gagnant-gagnant, ce premier protocole participait à l'ambition des deux Etats voisins d'augmenter de 50% le flux de passagers transportés entre Lorraine et Grand-Duché à l'horizon 2024.
Trois ans plus tard, les investissements listés étant pour la plupart réalisés ou en cours, le ministre de la Mobilité luxembourgeois et son homologue français ont donc trouvé de nouveaux dossiers de cofinancement. Ils en avaient discuté il y a peu à Paris, ils l'ont refait mardi à Esch à l'occasion de la 6e commission intergouvernementale. «La première fois, les efforts s'étaient concentrés sur l'axe jusqu'à Thionville et environs. Maintenant, on ajuste des éléments jusqu'à Metz», peut donc résumer François Bausch (Déi Gréng).
Ainsi, sur les 110 millions d'euros convenus cette fois, 50 partiront pour la construction d'un centre de maintenance des matériels roulants. Celui-ci s'établira aux abords de Metz et sera principalement dédié aux rames en circulation sur le sillon lorrain (de Nancy à la gare centrale de Luxembourg donc).
L'équipement s'avère indispensable pour diverses raisons. Déjà mieux entretenir les rames et wagons destinés au transport des frontaliers. Trop de pannes pénalisent encore le quotidien de celles et ceux qui, depuis la Moselle, délaissent leur voiture pour rejoindre leur travail en train. Ensuite, parce que la région Grand Est comptant recevoir des rames supplémentaires, il convient d'être en mesure d'en assurer les révisions et réparations avec un équipement à plus forte capacité.
Mais le Luxembourg mise autant surtout pour que, côté français, l'opérateur ferré accélère la mise en place des équipements internes et externes de conduite semi-automatiques pour ces navettes effectuant des trajets pendulaires entre les deux pays. «Cela passera pas des adaptations le long des voies et aussi dans les machines», indique le ministre de la Mobilité. Et d'ajouter : «Côté CFL, nos rames seront prêtes à circuler ainsi.»
L'idée est d'avoir sur cette voie ferrée un véritable RER, cadencé, à horaires fixes et... fiable
Jean-Baptiste Djebbari
Un François Bausch qui, diplomatie oblige, a d'ailleurs eu la courtoisie de ne pas rappeler le chaos qu'avait engendré (en 2019-20) la mise en place du système de freinage ERTMS pour les rames circulant à destination du Luxembourg. Des mois de retard, des trains remplacés par des bus à défaut d'être aux normes exigées, des pannes à répétition...
La gratuité gagne du terrain
Mais plutôt que ce (mauvais) souvenir du passé, mieux vaut viser le (bel) espoir de l'avenir : «L'idée est d'avoir sur cette voie ferrée -qui est l'une des plus empruntée de tout l'Hexagone- un véritable RER, cadencé, à horaires fixes et fiable» fait rêver Jean-Baptiste Djebbari.
Et quid des 60 millions restant dans l'enveloppe? Là, le ''saupoudrage'' n'est pas encore définitivement établi. Une petite part devrait revenir à la mise en place de pistes cyclables transfrontalières. Un plus gros morceau pouvant être dédié à la réalisation d'une troisième voie ferrée entre les deux pays. Pareil investissement permettrait d'augmenter la capacité de circulation et, surtout, éviter les engorgements provoqués par le développement des liaisons fret et passagers.
En réflexion aussi : l'extension de la gratuité des transports publics luxembourgeois (en place depuis mars 2020) sur un territoire étendu 5 km après la frontière. De quoi faire baisser le coût des voyages en bus ou train, et donc renforcer l'attractivité de ces modes de déplacement.
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