«Le projet Google est mort»
«Le projet Google est mort»
(tb avec Yannick LAMBERT) «État d'avancement du projet de Google à Bissen.» Voilà, ce qui était inscrit à l'ordre du jour d'une commission parlementaire jeudi matin. Le CSV avait demandé au ministre de l'Économie, Franz Fayot (LSAP), de faire un point sur la situation concernant ce dossier.
Pour rappel, l'installation d'un datacenter dans la commune de Bissen est dans les cartons depuis 2017. Le projet de Google de construire un énorme centre de données au Luxembourg est en suspens, a déclaré le ministre aux députés. Il a expliqué que le géant américain de la technologie n'a pas encore terminé l'évaluation environnementale ni demandé les permis nécessaires pour poursuivre le projet. Il a également rappelé que le processus judiciaire lancé par le Mouvement écologique a pris près de 3 ans et «quelque peu brisé l'élan du projet».
Une réunion entre le gouvernement et Google «qui a eu lieu il y a trois semaines a montré que Google n'a toujours pas pris de décision finale sur l'orientation stratégique et la nature du projet à Bissen», a déclaré un porte-parole du ministère dans un communiqué envoyé par mail.
Le projet Google est mort, mais le gouvernement n'est pas encore prêt à publier la notice nécrologique pour des raisons politiques compréhensibles.
Laurent Mosar, député CSV
«À ce jour, aucun rapport [sur l'impact environnemental du projet] n'a été soumis par Google à l'autorité compétente, à savoir le ministère de l'Environnement, du Climat et du Développement durable», a ajouté le porte-parole. «Google doit [également] accomplir par la suite d'autres procédures administratives, notamment l'obtention d'un permis d'exploitation et, à terme, d'un permis de construire.»
Sollicité par nos confrères de Luxtimes, le député Laurent Mosar (CSV) a déclaré que pour lui «le projet Google est mort». «Mais le gouvernement n'est pas encore prêt à publier la notice nécrologique pour des raisons politiques compréhensibles», a-t-il ajouté. Ce dernier fait partie de la commission Économie et a interpellé à plusieurs reprises Franz Fayot à la Chambre ou en lui adressant des questions parlementaires à ce sujet ces derniers mois. Google n'a pas répondu aux sollicitations de Luxembourg Times.
Le temps presse
Compte tenu du temps que prennent généralement les procédures requises, il est peu probable que le projet soit terminé en 2024, a déclaré M. Mosar. Cette date est importante, car c'est cette année-là que le gouvernement luxembourgeois a un droit de priorité pour racheter les terrains à Google, selon les détails de l'accord entre l'entreprise et l'État.
La décision d'autres entreprises, telles que Knauf Insulation et le fabricant de yaourts Fage, de renoncer à leurs projets d'investissement au Luxembourg et de se tourner vers les pays voisins soulève de sérieuses questions quant à la crédibilité économique du pays et à la bureaucratie gouvernementale, a déclaré M. Mosar.
Knauf a finalement ouvert une usine juste de l'autre côté de la frontière, en France, près de Thionville, tandis que Fage doit en ouvrir une aux Pays-Bas, au lieu du Grand-Duché, d'ici 2024. Le bourgmestre de Bissen, David Viaggi, a refusé de confirmer si le projet était en attente, se contentant de dire que le conseil municipal a «fait ce qu'il fallait» pour traiter les plans, faisant référence à l'approbation des plans de zonage et aux consultations menées avec les résidents de la zone. «Nous attendons Google», a-t-il ajouté, lors d'un entretien téléphonique avec Luxtimes.
M. Viaggi a par ailleurs déclaré qu'il était «injuste» de blâmer son conseil municipal pour les retards, compte tenu de la paperasserie exigée par le ministère de l'Environnement, ajoutant que l'agence gouvernementale de construction routière n'avait toujours pas construit l'infrastructure routière nécessaire autour du centre de données prévu.
Contestation judiciaire
L'été dernier, le Mouvement écologique a perdu des procès visant à ralentir ou à arrêter le vaste entrepôt de serveurs informatiques du projet Google, qui, selon lui, pourrait nécessiter 8 à 10% des réserves d'eau limitées du pays. Google a refusé de divulguer ses besoins exacts en matière de refroidissement des serveurs, arguant au tribunal que cela permettrait à ses rivaux de découvrir des détails importants de ses plans d'affaires.
L'organisation environnementale n'a pas non plus réussi à convaincre les juges de publier un document décrivant les promesses faites par les fonctionnaires du gouvernement luxembourgeois pour attirer Google. Le Mouvement écologique a déclaré qu'il avait cherché à révéler la quantité d'eau et d'électricité promise à Google sur le site luxembourgeois.
Le gouvernement du Premier ministre Xavier Bettel (DP) a cédé à la pression juridique du Parlement et a accepté l'année dernière de permettre à certains législateurs d'examiner l'accord secret avec Google. Les députés de la commission de l'économie ont dû garder secrets les détails de ce document ainsi que ce qu'ils ont appris lors d'une session à huis clos avec des représentants du gouvernement.
Depuis 2007, Google a construit cinq centres de données dans la région belge voisine de Wallonie, investissant près de 3 milliards d'euros. L'expansion vigoureuse de l'entreprise à travers l'Europe au cours de l'année 2021 comprenait l'achat de plus de 50 hectares en Wallonie, qui pourraient être utilisés pour y poursuivre la croissance, ont rapporté les médias locaux à la fin de l'année dernière.
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