Le projet «5G-Planet» contre les embouteillages fantômes
Le projet «5G-Planet» contre les embouteillages fantômes
Les automobilistes qui empruntent chaque jour les autoroutes luxembourgeoises s'y sont habitués depuis longtemps. Mais c'est quand même énervant. Surtout parce qu'en tant qu'usager de la route, il n'est pas rare de se demander: quelle était la raison de cet embouteillage? D'abord, la circulation devient difficile, puis tout est à l'arrêt. Jusqu'à ce que le bouchon se résorbe soudainement. Il disparaît comme il était venu. Pas d'accident, pas de chantier et pas d'autre obstacle non plus.
Ce phénomène inutile dans la circulation routière est appelé embouteillage fantôme. Et il se produit généralement de manière assez simple: le conducteur du premier véhicule lève soudainement le pied de l'accélérateur, le conducteur derrière doit alors légèrement freiner parce qu'il est arrivé trop près et que le temps de réaction a encore réduit la distance entre les deux véhicules. Le suivant dans la file doit finalement appuyer un peu plus fort sur la pédale de frein, celui qui se trouve derrière encore plus.... et cela se poursuit jusqu'à ce que tout soit à l'arrêt.
Parmi les nombreuses attentes liées à la nouvelle norme de téléphonie mobile 5G figure celle d'éviter à l'avenir l'apparition de bouchons fantômes. Le projet «5G-Planet», développé par le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) avec le soutien financier du département des médias, de la connectivité et de l'agenda numérique du ministère d'État, montre comment cela peut fonctionner. Le cœur de ce projet est une plateforme numérique, accessible à tous sur le web, qui traite des questions relatives à la 5G. Et parmi celles-ci, on trouve surtout des questions liées à la mobilité.
Grâce à la 5G, les véhicules sont en mesure de communiquer entre eux avec une latence extrêmement faible, explique Sébastien Faye, chef du projet au LIST. Les données relatives à l'accélération, à la vitesse et à la distance peuvent être transmises d'un véhicule à l'autre en temps quasi réel grâce à l'utilisation de la 5G, ce qui est également important pour la conduite autonome.
La peur des radiations
La question des embouteillages fantômes pourrait ainsi être réglée. Et le nombre d'accidents pourrait également être réduit de manière drastique. Notamment parce que le facteur humain - la capacité de réaction - est éliminé de l'équation. En revanche, une autre caractéristique humaine accompagne l'introduction de la norme 5G. Il s'agit de la peur du rayonnement électromagnétique qui accompagne toute application de communication sans fil. En effet, même si la nouvelle technologie peut utiliser dans une certaine mesure l'infrastructure de réseau 4G déjà existante, l'installation d'antennes supplémentaires est inévitable.
Si une nouvelle antenne est installée, tout doit être clarifié au préalable et l'étendue du rayonnement électromagnétique doit être révélée. C'était déjà très complexe avec la 4G, mais avec la 5G, cela prend une autre dimension, car la technologie est également différente. Les antennes des générations précédentes, comme la 3G ou la 4G, sont passives, ce qui signifie qu'elles émettent un faisceau uniforme qui couvre tout ce qui se trouve à portée. Le rayonnement se fait donc selon le principe de l'arrosoir.
Avec la 5G en revanche, on dispose de très nombreux faisceaux différents et également précis, avec lesquels on peut atteindre les appareils de manière ciblée - une technique appelée Massive Mimo. «Ce nouveau système est dynamique et s'adapte aux applications des utilisateurs», explique Faye. Cela permet aussi d'atteindre des vitesses de transmission beaucoup plus élevées que les générations précédentes de téléphonie mobile, poursuit le chercheur.
La plate-forme doit d'une part aider les décideurs à planifier les réseaux 5G pour les applications de mobilité, mais aussi renforcer l'intérêt du public pour cette nouvelle technologie. Pour ce faire, 5G-Planet utilise un «jumeau numérique» qui reproduit numériquement l'infrastructure 5G du pays.
Contourner immédiatement les zones d'accident
«Un environnement virtuel peut aider les chercheurs à améliorer la sécurité routière et l'efficacité du trafic», explique à ce sujet (sur la plateforme) la chercheuse du LIST Niloofar Asadi. Et si un accident se produit, la mobilité connectée peut au moins aider à en atténuer les conséquences sur la circulation, comme l'illustre le collègue d'Asadi, Ion Turcanu, en prenant l'exemple d'un accident de voiture.
«Dans une situation de circulation normale, cela créerait un embouteillage et il faudrait un certain temps pour que les systèmes de gestion du trafic détectent l'embouteillage et en informent les autres usagers de la route à proximité», explique Turcano. «Mais si, au contraire, nous partons du principe que les véhicules communiquent immédiatement entre eux en utilisant la technologie 5G, il ne faudrait que quelques millisecondes, voire quelques secondes, pour que la première voiture informe toutes les autres de l'accident». En combinaison avec la technique de la conduite autonome, ces voitures seraient alors en mesure de choisir immédiatement un itinéraire alternatif.
En ce qui concerne les applications de mobilité, et plus particulièrement la mobilité en réseau sur laquelle porte la recherche au LIST, celle-ci ne se limite pas à la communication entre les véhicules. Elle comprend également l'échange de données entre les véhicules et l'infrastructure ou encore les piétons. Et la technologie qui sous-tend ces applications n'est en fin de compte qu'un pont vers la suivante - comme le révèle déjà le domaine d'activité dont Sébastien Faye est responsable au LIST. Selon sa carte de visite, le responsable du projet est en effet le 6G Technology & Innovation Line Manager, et s'occupe donc depuis longtemps de la prochaine génération.
Cet article a été publié pour la première fois sur www.wort.lu/de
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