Le parc automobile «branché» comme jamais
Le parc automobile «branché» comme jamais
2018 restera au Luxembourg comme l'année de l'inversion. Pour la première fois les voitures essence se sont mieux vendues que les voitures neuves carburant au diesel. Même si les proportions ne sont pas comparables, tout indique que 2019 sera l'année des prémices de l'ère électrique.
Fin septembre, trois trimestres après l'introduction de la nouvelle prime d'incitation de l'Etat pour booster l'électromobilité, les voitures électriques représentaient 1,81 % de l'ensemble des nouvelles immatriculations indique la Société nationale de circulation automobile (SNCA). Contre 0,8% pour toute l'année 2018.
Les chiffres absolus parlent davantage: 778 voitures électriques ont été immatriculées jusqu'ici en 2019. Les concessionnaires n'en avaient vendu que 311 sur la même période l'an passé. Sans oublier les 2.171 voitures hybrides (1.625) et hybrides plug-in (546) déjà enregistrées à la SNCA cette année. C'est bien plus que les 1.360 immatriculées l'an passé.
«Celui qui a acheté une voiture électrique à l'Autofestival n'en prend que livraison maintenant. Il y a un décalage».
Philippe Mersch, président FEDAMO
Le Luxembourg pousse à la roue pour dispatcher 800 bornes de recharge sur son territoire à l'horizon 2020 même si pour l'instant l'électrique et l'hybride sont encore en sous-régime. Fait est que le marché de l'électrique doit répondre à une demande de plus en plus forte. «C'est la première année de plusieurs années de succès qui s'annoncent», ose Philippe Mersch.
Trop tôt pour mesurer l'impact de la prime
Le président de la Fédération des Distributeurs Automobiles et de la Mobilité (FEDAMO) est d'avis que «tous les éléments se mettent lentement mais sûrement en place» pour faire sortir l'électrique de son marché de niche au Luxembourg. Il pense avant tout au coup de pouce ministériel de 5.000 euros pour les voitures neuves 100% électriques et de 2.500 euros pour les voitures plug-in hybride dont les émissions de CO2 sont inférieures ou égales à 50 g/km: «C'est clair que la prime aide».
Un constat du patron de la FEDAMO qui ne peut être chiffré pour l'heure de manière officielle. Le ministère du Développement durable, qui distribue la prime, prie d'attendre la toute fin de l'année. Tout simplement parce que c'est trop tôt. «Un propriétaire n'est éligible pour la prime que sept mois après l'achat», rappelle Manuel Ruggiu, le directeur des opérations de la SNCA.
«En fin d'année, il y aura sûrement l'effet Autofestival», parie-t-il. Même pas sûr. Il faudra sans doute encore patienter un peu plus. Car «celui qui a acheté une voiture électrique à l'Autofestival n'en prend que livraison maintenant. Il y a un décalage», glisse Philippe Mersch. Les délais de livraison sont repoussés «parfois d'un an», à cause «des capacités de production des batteries qui freinent la fabrication. Ça risque d'être un frein», sous-entendu pour les ventes en général, analyse le président de la FEDAMO.
Le zéro pollution dans l'air du temps
La prime n'est qu'une réponse. Si les Luxembourgeois sont davantage demandeurs de voitures équipées d'un moteur électrique c'est sans nul doute aussi lié à l'air du temps. Celui de la nécessaire réduction des émissions de CO2 en cette année de conscientisation de l'urgence climatique, dont le Premier ministre a fait «la» priorité lors de son récent discours sur l'état de la Nation que nous avons passé au crible. «Tout le monde est conscient qu'il doit contribuer à polluer moins et l'électrique reste un véhicule à zéro pollution», résume bien Manuel Ruggiu.
Une autre réponse est évidemment l'offre beaucoup plus étoffée en voitures électriques dans les vitrines des Toyota, Kia, Nissan, Hyundai, Citroën et autres Tesla dont «le modèle 3 pousse les statistiques vers le haut au Luxembourg. Ce sont des voitures qui sont aujourd'hui livrables», note Philippe Mersch.
Il y a beaucoup plus de modèles disponibles et l'offre va aller en grandissant d'autant que «les constructeurs sont obligés de produire des véhicules à zéro émission pour atteindre les valeurs que leur demande l'Europe», résume Manuel Ruggiu. «De sorte que la moyenne de la flotte produite par constructeur ne pourra dépasser 95 g de CO2/km en 2020, valeur qui descendra davantage encore par la suite», résume le ministre de la Mobilité (Déi Gréng) François Bausch dans sa réponse à la question parlementaire du député (Piraten, Marc Goergen, datée de ce 17 octobre.
Le ministre rappelant que dans «le Plan climat et énergie, le gouvernement est en train de plancher sur de nouveaux objectifs et mesures pour l'électromobilité. Afin qu'à l'horizon 2030 près de la moitié du parc automobile luxembourgeois soit des voitures électriques.
