Le ministre veut des crèches bilingues
Le ministre veut des crèches bilingues
Par Maurice Fick
Actuellement "on fait tout faux", constate Claude Meisch. Et le ministre de l'Education nationale, de l'Enfance et de la Jeunesse -qui a fait le point mardi sur les réformes à venir- s'explique aussitôt: "Beaucoup d'enfants luxembourgeois fréquentent une crèche où l'on parle le luxembourgeois. Tandis que les enfants d'origine portugaise, française ou encore serbo-croate, très souvent, fréquentent une crèche privée où le personnel parle le français".
Pour le ministre, "c'est le monde à l'envers"! D'autant que le multilinguisme spécifique à la société luxembourgeoise et à son système scolaire demeure une des explications de l'échec scolaire pour nombre d'enfants issus de l'immigration, tout comme l'apprentissage du français demeure le point faible de nombre d'enfants luxembourgeois. "On le sait depuis des décennies", appuie Claude Meisch.
Le ministre propose de "changer le système" pour que les enfants se familiarisent avec la langue qui n'est pas parlée à la maison. Pour cela, l'idée du ministre est de "transformer le paysage des crèches" et de proposer aux familles "des crèches bilingues avec un intervenant qui parle français et un autre qui parle luxembourgeois". Histoire de coller davantage à la réalité du multilinguisme dès le plus jeune âge.
La gratuité... mais pas pour demain
"Toutes les crèches devront faire une offre concrète bilingue à l'avenir", explique le ministre Claude Meisch, persuadé que les crèches font "un travail essentiel" à la préparation aux écoles. Fait est qu'aux yeux du ministre "une crèche ou une maison-relais ne doit pas être une garderie". Le temps donné doit permettre de faire avancer l'enfant, en matière de bilinguisme mais aussi d'expériences personnelles.
Pour donner "les mêmes chances à tous les enfants, que leurs parents travaillent ou pas", la coalition gouvernementale DP-LSAP-Les Verts compte bien rendre gratuites les structures d'accueil pour les enfants jusqu'à 3 ans.
C'est prévu dans le programme gouvernemental mais pour l'instant cette gratuité n'est pas le sujet prioritaire. Claude Meisch s'est d'ailleurs bien gardé de donner une date. Au préalable, il y a encore du pain sur la planche. "Le personnel doit être embauché et des questions juridiques doivent encore être réglées", a-t-il souligné.
Une "vingtaine" de contrôleurs de crèches
Afin de favoriser la restructuration du système d'accueil des jeunes enfants et garantir à l'avenir le multilinguisme dans les crèches, "le chèque-service pourra être un instrument de premier plan", projette le ministre DP. Contrairement à ce qui était prévu dans le programme de la coalition gouvernementale, Claude Meisch ne pense pas à gommer le chèque-service. Au contraire. "Le chèque-service jouera encore un rôle à l'avenir mais il doit être adapté", assure-t-il.
L'idée de coupler davantage à l'avenir le chèque-service avec des critères de qualité reste de mise. Initié par le gouvernement précédent, le projet de loi 6410 vise à fixer des normes de qualité pour la prise en charges des enfants mais aussi à créer un "système de contrôle des crèches doté d'une bonne vingtaine de postes", résume le ministre. Des contrôleurs qui se rendront aussi bien dans les structures publiques que les crèches privées dont l'ambition est plutôt commerciale qu'éducative.
