Le marché du logement figé par le coronavirus
Le marché du logement figé par le coronavirus
(MF avec Michèle Gantenbein) – Si François Bausch, le ministre de la Sécurité intérieure (Déi Gréng) veut la voir «comme une leçon», la crise du coronavirus continue de charrier son lot d'inquiétudes organisationnelles mais le «plan Marshall» de 8,8 milliards du gouvernement pour soutenir les entreprises, satisfait les entrepreneurs et les banquiers. Reste que la crise sanitaire a complètement immobilisé le marché de l'immobilier au Luxembourg, comme l'explique le ministre du Logement (Déi Gréng), Henri Kox, dans une interview accordée au Luxemburger Wort.
Henri Kox, comment la crise du coronavirus se fait-elle sentir sur le marché immobilier ?
«Le frein à main est tiré sur le marché de l'immobilier car beaucoup de choses sont au point mort : les chantiers ont été fermés, les visites et les transactions ont été stoppées. Il était important pour le gouvernement de protéger les travailleurs via le chômage partiel et de maintenir les entreprises à flot. Le filet de sécurité est tissé de façon très serrée. Pour autant que l'on puisse en juger, personne ne s'est retrouvé dans une situation d'urgence en matière de logement.
Le gouvernement a pris des dispositions pour que les locataires ne puissent pas être expulsés pendant la crise. Comment les propriétaires sont-ils protégés ?
L'Allemagne a introduit une loi qui interdit aux propriétaires d'expulser leurs locataires s'ils ne peuvent pas payer leur loyer en raison de la crise de la coronavirus. Nous avons choisi une voie différente. Nous veillons à ce que les locataires puissent continuer à payer leur loyer afin d'éviter que le problème ne soit transféré du locataire au propriétaire.
Mais nous devons examiner les cas individuellement. Le Fonds du logement, par exemple, loue des locaux commerciaux. Le cas échéant, le loyer est suspendu pendant un mois ou deux. Notre loi sur les loyers protège les locataires et les propriétaires. Il n'est pas nécessaire de créer d'autres instruments, les deux parties devant faire preuve de compréhension mutuelle et entrer en contact l'une avec l'autre.
Comment la crise affectera-t-elle la construction de logements financés par les pouvoirs publics ?
Le gouvernement a fait tous les efforts possibles pour maintenir le pouvoir d'achat et doit maintenir les investissements à un niveau élevé. Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons adopté une motion sur les grands projets d'infrastructure et lancé un fonds spécial pour accélérer la construction de logements financés par les pouvoirs publics et constituer des réserves foncières.
Les grands projets tels que Elmen, Wiltz, Dudelange et Echternach sont dans les starting-blocks. Nous travaillons intensivement sur le Pacte logement 2.0 et nous avons convenu de nouvelles conventions avec les promoteurs privés. Tous ces projets sont actuellement en attente. Il est clair, pour moi, que la construction de logements abordables restera une priorité majeure même après la crise et que l'État doit assumer ses responsabilités.
Même si la construction reprend, le «bouchon» ne sera-t-il pas encore plus long si les entreprises doivent rattraper le temps perdu, si certaines font faillite et si des contrats doivent être attribués ?
L'économie a été fortement secouée. Il est clair que la reprise de l'activité ne se fera pas du jour au lendemain et que l'économie ne retrouvera pas immédiatement sa marche de croisière. Cela se fera par étapes et prendra du temps. Nous devons accompagner la reprise du mieux que nous pouvons. Les employés des usines devront se conformer aux directives, après tout le virus est toujours là. Les entreprises se préparent à la reprise de l'activité. Après tout, elles sont chargées de veiller à ce que les employés ne s'infectent pas mutuellement et doivent empêcher que la moitié de la main-d'œuvre ne prenne des congés de maladie.
Ne pensez-vous pas que la demande de logements à prix abordables va augmenter après la crise et que le marché financé par les pouvoirs publics va également augmenter ?
C'est possible, et cela signifie que nous devons pousser notre politique encore plus loin. Pour y parvenir, nous avons également besoin des communes. Nous ne pouvons pas faire de miracles, mais nous pouvons retrousser nos manches et prendre la pelle. J'espère que nous ne finirons pas comme l'Allemagne ou l'Autriche, où le chômage a explosé, ou pire encore les États-Unis. Je suppose qu'il y aura un léger changement, mais pas un chômage massif comme dans d'autres pays».
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter de 17h.
