Le Luxembourg quasi épargné par le virus de la grippe
Le Luxembourg quasi épargné par le virus de la grippe
(tb avec Jean-Philippe SCHMIT) La saison grippale 2021/22 n'est pas encore en vue. Une période encore «très calme» confirmée par le Dr Jean-Paul Schwartz dans un entretien avec le Luxemburger Wort. D'autant plus calme qu'avec l'apparition du covid au Luxembourg le virus de la grippe a pratiquement disparu.
«Depuis deux ans, il n'y a plus eu de décès imputables à la grippe», assure le médecin. Raison pour laquelle, le docteur ne craint pas une forte épidémie de grippe cette saison. Mais le virus de la grippe n'est pour autant pas éradiqué. L'OMS a pu détecter le virus en Russie et dans les pays scandinaves, mais il n'y a pratiquement pas de cas de grippe dans l'ouest de l'Europe.
«Dans mon cabinet, il n'y a eu jusqu'à présent qu'un seul patient dont le test de dépistage de la grippe a été positif», explique le médecin généraliste. Cette personne est venue d'Europe de l'Est et portait non seulement le virus de la grippe, mais aussi le coronavirus. «La personne normalement en bonne santé ne présentait pas de symptômes graves», rassure le médecin. Le cas s'était déroulé sans gravité.
Entre le 27 décembre et le 7 janvier, le Laboratoire National de Santé a recensé quatre cas positifs à la grippe. Mais il reste encore des échantillons à séquencer, dont les résultats seront communiqués dans les prochains jours. Selon le virologue Trung Nguyen, le virus circule un peu plus ces trois dernières semaines, mais il reste encore à un «niveau assez bas». Trung Nguyen souligne également que les cas de symptômes grippaux élevés en novembre ne sont pas à confondre avec des cas positifs à la grippe, rappelant que des personnes atteintes par le covid peuvent ressentir de tels symptômes. Selon lui, ce sont donc surtout les cas positifs au coronavirus qui sont à l'origine de la hausse des symptômes grippaux recensés les deux derniers mois.
La quasi-absence de grippe s'expliquerait par deux raisons, à commencer par la météo selon Jean-Paul Schwartz. Cet hiver, les températures ont parfois dépassé les 15 degrés. Or, le virus de l'influenza aime les températures nettement plus basses. «Lorsque les températures descendent en dessous de zéro, la muqueuse nasale est moins bien irriguée et offre moins de résistance au virus de la grippe», explique le médecin. Avec les conditions météorologiques actuelles, le virus aurait moins de chance de se propager.
Les températures douces n'expliquent toutefois pas entièrement l'absence de grippe : «Les gestes de barrière contre le coronavirus sont particulièrement efficaces contre les virus grippaux», explique le Dr Schwartz. Les masques, en particulier, empêcheraient très efficacement la propagation de la grippe. «Celle-ci se transmet par les gouttelettes, le covid par les aérosols», explique Jean-Paul Schwartz. Comme les premiers sont nettement plus gros, ils sont plus faciles à filtrer dans l'air respiré. «De plus, les gouttelettes tombent plus rapidement au sol et restent moins longtemps en suspension dans l'air».
Des médicaments contre la grippe
Contrairement au covid, la grippe se traite désormais bien. Trois médicaments seraient déjà autorisés, dont l'ozeltamivir (Tamiflu). Ceux-ci, s'ils sont utilisés à temps, auraient une évolution positive sur la maladie.
Mais ces médicaments pourraient également être utilisés pour briser les chaînes d'infection. «Lorsque la grippe s'est déclarée dans une maison de retraite et que tous les résidents ont été traités avec le médicament antiviral, l'épidémie a pris fin instantanément», se souvient le Dr Schwartz des saisons grippales passées. Selon lui, si le vaccin contre la grippe saisonnière n'est pas aussi efficace qu'espéré, il est bon de pouvoir recourir à de tels médicaments.
La grippe aviaire au Luxembourg
«Le virus de la grippe possède deux protéines de surface différentes, l'hémagglutinine et la neuraminidase, H et N», explique le Dr Schwartz. Ces protéines peuvent donner naissance à 144 combinaisons différentes qui jouent un rôle pour l'homme. Il existe ainsi la grippe aviaire H5N1 ou la grippe porcine H1N1.
En septembre, un éleveur de volailles luxembourgeois a trouvé un animal infecté par une grippe aviaire. Jean-Paul Schwartz estime que le risque de transmission du virus de l'animal à l'homme est très faible. Mais selon lui, il faut toujours prendre la grippe aviaire au sérieux et freiner le danger. En Asie, les conditions de vie sont souvent telles que les hommes cohabitent avec les porcs et les volailles. «Le porc est une sorte de laboratoire pour les nouveaux virus de la grippe», estime le médecin. Les oiseaux apportent le virus au porc et plus tard, il est transmis à l'homme sous une nouvelle forme mutante.
«C'est ainsi que de nouvelles souches de grippe apparaissent sans cesse», explique le Dr Schwartz. La pandémie de grippe aviaire H5N1 en 2004 serait également née de cette manière. «Sur 100 personnes infectées, 60 à 65 étaient alors décédées», se souvient le docteur.
Différentes combinaisons
Il existe depuis des décennies des vaccins bien tolérés contre la grippe saisonnière. Chaque automne, il est possible de se faire vacciner pour la saison grippale à venir, car l'hiver est la saison de la grippe.
Cela vaut aussi bien pour l'hémisphère nord que pour l'hémisphère sud. La saison de la grippe au nord commence quand celle du sud se termine. «Les voyageurs et les oiseaux migrateurs apportent la grippe dans le nord», explique le médecin. «C'est pourquoi nous connaissons la souche de la grippe bien avant le début de la saison grippale et pouvons adapter le vaccin en conséquence», ajoute-t-il. Cette saison, l'hémisphère sud a en outre été épargné par la grippe, ce qui rend le médecin confiant quant à son évolution dans le nord.
Se faire vacciner contre la grippe
Lorsque le virus saisonnier est connu en avril/mai, la production prend six mois avant que les doses de vaccin n'arrivent dans les pharmacies. Après une seule piqûre, on est alors protégé contre quatre souches différentes de la grippe. «Cette année, il y a suffisamment de vaccins», dit le médecin.
Il est également encore temps de se faire vacciner contre la grippe, ajoute-t-il. Le Dr Schwartz conseille aux personnes de plus de 65 ans, aux patients à risque et aux femmes enceintes de se faire vacciner. En effet, une «simple grippe» peut également entraîner des complications.
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